La présence d’autres pathologies augmente le risque de complications chez un patient atteint du nouveau coronavirus. La drépanocytose, maladie génétique très répandue qui affecte l’hémoglobine des globules rouges, en fait partie.
Les drépanocytaires sont particulièrement vulnérables au Coronavirus. Ceci, parce qu’ils ont une immunité affaiblie et un taux d’hémoglobine bas. « De plus, ils savent très bien que lorsqu’ils ont de la fièvre, celle-ci peut être un facteur qui va déclencher les autres complications de la drépanocytose, comme la crise douloureuse », a expliqué le Pr Léon Tshilolo, pédiatre, hématologue, membre de l’Académie de Médecine de France.
Syndrome thoracique aigu
Bien plus, la drépanocytose est liée à plusieurs complications dont l’une des plus graves et « certainement la plus mortelle est le syndrome thoracique aigu », indique dans les colonnes du quotidien Mutations Lydie Ze Meka, Coordonnatrice nationale de Convergence-drépanocytose. Malheureusement, ce syndrome n’est pas très connu au Cameroun, et « pas très maîtrisé non plus par les soignants », regrette cette dernière. Pourtant, les symptômes du syndrome thoracique aigu se rapprochent de ceux du COVID-19. « Surtout dans sa forme grave ».
En effet, « La personne drépanocytaire est une personne à risque dans le cadre du COVID-19. Nous avons donc voulu cette année sensibiliser sur le syndrome thoracique aigu et le COVID-19, demander aux drépanocytaires de faire plus attention que les autres parce que s’ils contractent le COVID-19, il y a un grand risque qu’on arrive au syndrome thoracique aigu qui est l’une des complications graves pour les drépanocytaires », explique la Coordonnatrice nationale de Convergence-drépanocytose.
C’est la première maladie génétique au monde. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 50 millions de personnes en sont atteintes. Au Cameroun, plus de 6 000 enfants naissent drépanocytaires par an, d’après le Groupe d’étude de la drépanocytose (Gedrepacam). En plus, un Camerounais sur quatre peut la transmettre à ses enfants. Selon un rapport conjoint des associations de lutte contre la drépanocytose (l’association française IECD et Convergence-Drépanocytose), environ 2% de nouveaux nés sont drépanocytaires et 25% de la population camerounaise est susceptible de transmettre la maladie.
Surtout que le dépistage et le diagnostic sont tardifs pour la plupart des cas. Ce qui entraîne de ce fait une prise en charge est tardive. Voilà pourquoi, 50 à 70% d’enfants drépanocytaires meurent avant l’âge de 5 ans, à défaut d’un dépistage précoce et d’une prise en charge correcte qui permettent une diminution maximale de la mortalité et de la morbidité
Posologie de protection des patients drépanocytaires
Pour les drépanocytaires, le port du masque est un élément essentiel entre autres. Il est tout aussi important de bien s’hydrater et de continuer à prendre sa pénicilline (surtout pour les enfants). « Pour ceux qui sont sous traitement, il faut continuer de prendre son médicament appelé hydroxyurée, car c’est un médicament qui va vous permettre de ne pas avoir les complications que vous connaissez, même au cours d’une infection au Covid-19 », indique Pr Léon Tshilolo, par ailleurs président du Réseau d’études de la drépanocytose en Afrique centrale.
Et ce dernier de préciser : « Ils doivent aussi continuer à prendre une vitamine qu’on appelle l’acide folique. Cette vitamine contribue à la production des globules rouges. Comme c’est une maladie virale, la vitamine C est indiquée. Il est aussi conseillé d’avoir un régime alimentation équilibré, riche en vitamine B3. C’est une vitamine qui contribue à améliorer la défense immunologique des patients lors de l’infection du Covid-19 ».
Cependant, d’après les médecins, la prévention reste la règle car est au centre de toutes les stratégies au long terme. Le gouvernement et ses partenaires eux, prônent le dépistage des nouveau-nés. Aussi, il est important de se soumettre au test de l’électrophorèse de l’hémoglobine. A noter qu’au Cameroun, le thème choisi de la journée mondiale qui s’est célébrée le 19 juin dernier était : « Drépanocytose et syndrome thoracique aigu : prévention en temps de COVID-19 ».