Covid-19. Au Cameroun, 97% de la population n’est toujours pas vaccinée après 10 mois
(L’urgentiste.com)– Les camerounais demeurent réticents à la vaccination contre le Covid-19. Au 13 février 2022, seulement 2,9% d’entre eux avaient déjà consentis à se faire injecter contre le virus mortel selon les chiffres officiels du Programme élargi de vaccination (PEV). En d’autres termes, 97,1% de la population n’est toujours pas vaccinée depuis l’introduction de ce vaccin le 12 avril 2021. Soit seulement 808 229 personnes complètement vaccinées en 10 mois. La proportion de la population cible complètement vaccinée elle, est de 5,9%, contre 4,9% le 17 janvier dernier.
Selon les statistiques de ce même jour, la proportion de la population totalement vaccinée était de 2,4%. En termes de couverture vaccinale de cette population cible par région, l’Adamaoua (11,3%), le Nord (8,1%), l’Est (7,1%), le Nord-Ouest (6,6%) et l’Extrême-Nord (6,2%) occupent le peloton de tête tandis que le Sud-Ouest (3,0%) et le Littoral (4,2%) restent les deux dernières. « Les données de la CAN sont comprises dans ces chiffres », précise Jean Claude Napani, Chef section Communication pour le Développement au PEV.
Soit plus de 100 000 immunisées pendant la grand-messe du football Africain. L’analyse situationnelle faite par le PEV révèle que cette situation est due entre autre, à une faible demande de vaccins malgré les stratégies de vaccination mises en œuvre ; une forte hésitation vaccinale parmi les groupes cibles prioritaires dont le personnel de santé ; un faible engagement des personnels de santé ainsi que les agents de santé communautaire pour la vaccination et à une campagne de désinformation massive de la population à travers les réseaux sociaux.
Objectif non atteint
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces chiffres sont très en deçà de l’objectif de couvrir 20% de la population totale et 10% de celle cible fixé par les officiels de la Santé en fin décembre 2021. Si le Secrétaire permanent du PEV reconnait qu’« il est vrai que n’avons pas atteint notre objectif de couverture initialement fixé», il réfute toutefois la question de l’échec de la stratégie vaccinale. « On ne peut parler d’un échec puisqu’on a déjà parcouru un long chemin dans le déploiement. Ce qui a été parcouru est vraiment énorme et nous en sommes satisfaits. Ça aurait été catastrophique si on ne l’avait pas introduit », se félicite le Dr Tchokfe Shalom Ndoula. Pour un médecin de santé publique, « On peut parler d’échec oui mais de la communication ». En effet, « la communication a été un échec », renchérit son confrère impliqué lui, dans la riposte gouvernementale.
Par conséquent, « La Communication doit reprendre sa place et le vaccin pourrait être réorienté vers les groupes à risque », suggère notre médecin de santé publique. Pour lui, le pays a réussi le pari de mettre à la disposition des populations plusieurs vaccins. Mais, « le revers de la médaille risque d’être une perte importante pour les vaccins qui vont périmer ». Pour convaincre les populations en 2022, le cap a été mis sur une nouvelle stratégie. Les équipes du PEV comptent entre autres utiliser « des arguments solides sur les avantages de la vaccination en cette phase de riposte contre la pandémie », dit le Dr Tchokfe Shalom Ndoula. Pour ce faire, les sessions de dialogue interactif seront maintenues, « afin de répondre à toutes les observations et de rassurer ceux qui hésitent encore ». Pendant ces sessions et en réponse à ceux qui hésitent, le PEV va uniquement utiliser des données basées sur les cas factuels et probants, en lieu et place de la contrainte car, « contreproductive ».
Le cas des personnels de santé
Et ce n’est pas tout. « Nous comptons également lutter contre la désinformation dans cette gestion de la pandémie à Covid-19 ». Comment ? « Pour nous, cette gestion de la désinformation consiste premièrement à installer l’écoute sociale et deuxièmement à répondre aux préoccupations de chacun pas seulement au sujet de la vaccination Covid-19, mais aussi des autres vaccinations indispensables pour maintenir le contrôle et l’élimination des maladies mortelles comme le tétanos néonatal, la rougeole, la fièvre jaune ou l’hépatite virale B que nous avons obtenus au bout d’efforts énormes », explique le SP du PEV.
De lui, l’on apprend aussi que le bras séculier de l’Etat en matière de vaccination veut constituer un groupe d’experts, composées des personnes de divers backgrounds et désireuses de participer à l’éducation sanitaire de la population. Mais, « De façon générale les arguments pour se faire vacciner sont basées sur le risque de la maladie est le bénéfice de la vaccination », précise celui qui est par ailleurs spécialiste de santé publique. Le cas des personnels de santé, « moteurs essentiels de la riposte », n’est pas en reste. Pour cette catégorie, « En plus du focus group discussion que nous avons réalisé dans tout le pays, nous continuons avec la mobilisation des ordres professionnels et sociétés savantes en vue de la sensibilisation par les pairs. Sont aussi prévues, les conférences de sensibilisation dans toutes les régions », explique Jean Claude Napani.
Dans son avis intermédiaire sur la vaccination rendu en décembre 2022, le Conseil Scientifique des urgences de santé publique recommande justement une meilleure stratégie de communication et de sensibilisation pour le personnel de santé afin d’obtenir leur engagement et leur adhésion à se faire vacciner ; l’utilisation de tous les canaux de communication pour expliquer la pertinence et les bienfaits de la vaccination notamment dans des groupes cibles vulnérables et à risque de présenter les formes sévères de la maladie et le maintien de l’utilisation de tous les vaccins en cours au Cameroun.
2 réponses
[…] Ces campagnes de désinformation ont malheureusement trouvé un écho. Ces idées reçues sont un grand frein pour la vaccination. En effet selon un article publié sur le blog l’urgentiste […]
[…] sont un grand frein pour la vaccination comme l’atteste un article publié sur le blog l’urgentiste […]