Couverture santé universelle. Les députés expriment leurs inquiétudes
(Lurgentiste.com)– Les députés autant de l’opposition que du parti au pouvoir se sont succédés au pupitre le 7 décembre dernier à l’Assemblée nationale. Tous, à l’instar de Engelbert Essomba Bengono du Rdpc, Adamou Youmo Koupit de l’UDC et Cabral Libi’i du PCRN, avaient des préoccupations sur différents aspects de la Couverture santé universelle (CSU) au Cameroun dont le démarrage de la phase pilote est annoncé en 2023, après deux ans de glissements. Du rôle des Mutuelles de santé dans le fonctionnement de cette CSU et celui des Collectivités territoriales décentralisées, au mécanisme de financement et de contrainte, en passant par le rôle de la médecine traditionnelle dans ce processus, la prise en charge des personnes âgées, le gestionnaire de cette phase pilote.
Face à Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique (Minsanté), ces élus de la nation ont au cours d’une autre séance plénière spéciale sur la CSU, aussi exprimé leurs inquiétudes sur le gestionnaire du projet, la date effective du démarrage de cette phase pilote tant annoncée, la garantie que ce sera en 2023, le panier de soins, la tranche de la population concernée. Malheureusement, ceux approchés disent n’avoir pas été convaincus par les réponses du Minsanté. « Nous n’avons pas été satisfaits. Il redit la même chose chaque année sans indiquer la moindre date, ni même le lieu où on verra que ça commence. C’est décevant», s’indigne l’un d’eux. A sa suite, Adamou Youmo Koupit ajoute : « Nous restons sceptiques. Ça risque de devenir un serpent de mer ».
Ce à quoi Manaouda Malachie a répondu : « Je reconnais votre droit le plus absolu d’être sceptiques mais le scepticisme ne va pas arrêter la progression de la CSU dans notre pays. Nous allons commencer la CSU indépendamment du calendrier politique ». En réalité, des réponses du Minsanté, il en ressort que c’est toujours le flou autour de plusieurs aspects de ce projet dont la date précise du démarrage de la phase pilote. « Nous sommes en train de travailler pour que cela puisse entrer en vigueur le plus rapidement possible. Notre souhait c’est qu’au premier trimestre 2023 nous ayons commencé. Mes collaborateurs et moi sommes déterminés à relever ce défi et à commencer cette phase pilote en 2023», a juste fait savoir Manaouda Malachie.
Garantie incertaine
Sans toutefois donner plus de précisions. Même la garantie que 2023 sera la bonne année, comme a voulu savoir le député Essomba Bengono n’a pas pu être donnée de façon claire. « Nous nous sommes dit, en attendant que l’encadrement juridique soit disponible, il faut quand même commencer quelque chose. C’est pour ça que nous commençons la phase pilote qui comme vous le savez, rassemble tout ce qui est déjà subventionné aujourd’hui», a indiqué le Minsanté. Il s’agit notamment, du projet chèque santé (avec la santé des femmes enceintes et des enfants de 0 à 42 jours) qui va s’étendre à deux autres régions (l’Est et le Sud) ; de la prise en charge du VIH à travers la présentation de la carte CSU ; de la tuberculose.
Celle des personnes vivant avec l’insuffisance rénale va également rentrer dans la phase pilote, moyennant la somme de 6000F comme le avec le chèque santé. « Nous voulons également dans cette phase la PEC gratuite de la consultation du paludisme chez les enfants de zéro à 5 ans sur l’ensemble du territoire, la subvention du traitement de l’hépatite B et C ; la vaccination des enfants de 0 à 12 mois, etc », a expliqué ce membre du gouvernement. Pour lui, « La garantie que nous avons c’est cela ». Cinq régions sont concernées par cette phase pilote.
Selon le Minsanté, la phase de développement de ce projet est en cours depuis trois ans ; des sites d’enrôlement ont déjà été déployés à travers huit régions sur 10 ; des datas center ont été construits à 80-85% et sont déjà prêts. « Mais des choses palliatives ont été mises en place au cas où ces datas center ne sont pas encore opérationnels dans les délais », a-t-il indiqué.
A noter que cette phase aura un comité pilote dont on ignore encore la composition. D’après le budget de l’exercice 2023 de ce département ministériel, les dotations des Programmes « Renforcement du système de santé » et « Gouvernance et pilotage stratégique du secteur santé » prévoient de financer ce démarrage à travers la sensibilisation, la mobilisation et l’enrôlement des populations et des acteurs majeurs du processus ; la politique de gratuité et de subvention en 2023, au profit des femmes enceintes, femmes allaitantes et des enfants de moins de cinq ans.