CHU/Yaoundé. Les patients souffrant d’insuffisance rénale à nouveau en détresse

(Lurgentiste.com)-  La sérénité semblait être de mise ce jour au service de dialyse du Centre hospitalier universitaire de Yaoundé (CHUY). Pourtant, 10 générateurs seulement y sont actuellement fonctionnels pour les 160 patients souffrant d’insuffisance rénale qui dialysent au sein de cette formation sanitaire publique. Ce qui n’est pas sans conséquences pour ces malades. « Ces pannes de générateurs causent des désagréments et peuvent parfois entrainer des décès pour ces nouveaux malades », indique Isaac Njoya, Président du cercle des hémodialyses du Cameroun (CHC).

D’ailleurs, l’on en dénombre ces derniers jours, selon ce dernier. « Il y a eu environ 6 malades décédés ces trois dernières semaines. En majorité les nouveaux dont le corps ne supporte pas encore cette difficulté », confirme M. Njoya. Et ce dernier de poursuivre : « C’est ce que nous déplorons tous. Quand ça commence là, on aura des pertes de malades tout le temps ».

Contacté, la direction de cet hôpital ne confirme pas ce nombre de décès. « Ça peut arriver. Les patients souffrant d’insuffisance rénale décèdent de complications multiples y compris ceux qui sont efficacement dialysés. La morbidité et la mortalité sont élevés dans cette population. Malgré les efforts, ça reste une population très vulnérable », explique simplement le Dr Ntonè Félicien, le directeur général.

En fait, les 5 générateurs en pannes réduisent le nombre de séance de dialyse. « La semaine dernière (Celle du 26 au 30 juin : Ndlr), ils ont fait une dialyse chacun. Mais ils ont pu rattraper cette semaine (Celle du 3 au 7 juillet : Ndlr) mais avec le décalage d’un jour », informe M. Njoya. C’est que, « La perturbation fait qu’on fasse deux dialyses par semaine mais avec le retard d’un jour. C’est-à-dire si tu étais programmé pour mardi c’est finalement mercredi que tu prends tes soins. Donc il y a décalage d’un jour », précise ce dernier.

Panique

Conséquence, « L’état d’esprit des malades est naturellement à la panique de voir les autres mourir. Et surtout, le désagrément que ça cause de venir attendre parfois toute la journée. Cela rend doublement malade. Imaginez les intempéries, les moustiques et autres. La longue attente fait monter le stress, la tension et beaucoup de malaises pour les malades que nous sommes », déplore le Président de Cercle.

Selon nos informations, en esquisse de solution, le chef du service de dialyse de cette formation sanitaire publique a pu obtenir le transfert de 10 malades pour l’hôpital Général de Yaoundé. « Mais les malades ne veulent pas. Il n’y a que trois qui ont sollicités ce transfert.  Pourtant si on enlève ces 10, il y aura 150 malades et sera un peu moins lourd ».

Pour le Président du cercle des hémodialyses du Cameroun, il est plus que jamais capital « Que le Minsanté se penche sur notre problème. Surtout que le problème n’est pas que les machines ». L’absence de forage au CHU est aussi un problème majeur.  « Il y a aussi les forages qui ne sont pas fonctionnels. Le CHU n’a pas de forage », regrette-t-il. L’approvisionnement en eau n’est pas en reste. Il y a quelque temps, « Nous avons fermé la route parce que tout le temps Camwater coupe de l’eau et la séance s’arrête. Pour la dialyse on utilise beaucoup d’eau. Dès que la Camwater ne nous donne pas de l’eau, c’est la catastrophe. Nous ne comprenons pas comment l’Etat ne peut pas nous garantir cet accès à l’eau », s’indigne Isaac Njoya.

Si les patients se disent bien accompagnés par le personnel soignant, ils déplorent ces problèmes d’eau et de générateur. « Des mesures sont mises en œuvre avec la CSU (Couverture santé universelle : Ndlr) et l’augmentation du parc national des générateurs pour réduire la mortalité », renseigne le Dr Ntonè Félicien. Au Cameroun, 13% de la population adulte est atteinte d’insuffisance rénale. « 1000 personnes sont permanamment sous dialyse dont près de 10% des enfants et sept personnes ayant bénéficié d’une transplantation rénale faite au pays à partie d’un donneur vivant », informe le quotidien bilingue national Cameroon Tribune.

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
Leave a comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *