Centre national de transfusion sanguine. Retour aux affaires pour Pr Tetanye Ekoe, nouveau challenge pour Maina Djoulde
(Lurgentiste.com) – Neuf ans que le Pr Bonaventure Tetanye Ekoe, 73 ans, n’a plus été à la tête d’une institution publique de santé au Cameroun. Mais depuis le 31 août 2021, l’agrégé de pédiatrie est de retour aux affaires. C’est à la faveur d’un décret du Président de la République. Lequel nomme ce membre du Comité scientifique de lutte contre le Covid-19 au Cameroun, Président du Comité de gestion du Centre national de transfusion Sanguine (CNTS). « Je mesure la lourde responsabilité que me confie le chef de l’Etat qui veut voir son peuple se plaindre moins souvent des difficultés de disposer de sang sûr et en quantité suffisante, quelle que soit la localité. Je voudrais le rassurer de toute ma disponibilité et de tout mon dévouement à faire du mieux que je peux pour que cette transfusion sanguine porte notre pays à l’honneur », a déclaré cet ancien doyen de la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’Université de Yaoundé I entre 2006 et 2012.
Ex-président de la Commission nationale de certification de la poliomyélite, le Pr Tetanye qui a contribué à faire obtenir au Cameroun le statut de pays libre de poliovirus sauvage semble conscient de l’ampleur du nouveau défi qui est le sien. « C’est une tâche énorme que le chef de l’Etat confie à ma modeste personne parce que le sang est crucial », confie l’illustre fils du département de l’Océan, au Sud du Cameroun. C’est que, « Le don du sang est un acte citoyen et humanitaire que la population doit intégrer dans sa vie. L’équipe dirigée par le DG le Pr Dora Mbanya déploie d’énormes efforts pour sensibiliser les populations sur cet acte humanitaire et citoyen », fait savoir le nouveau promu, officiant par ailleurs comme Président de la société camerounaise de pédiatrie (Socaped).
Et donc, « Pour augmenter la disponibilité de cette substance vitale en toute circonstance, il faut redoubler d’effort pour amener les populations à devenir plus humanitaires et plus civiques. La priorité sera d’abord d’écouter le DG et son équipe. Puis de s’imprégner des réalités de la problématique de la transfusion sanguine dans notre beau pays », poursuit l’ex secrétaire général de l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC).
Pour lui, il est primordial « qu’on fasse en sorte que notre pays soit un des pays model dans la sécurité du don du sang et l’approvisionnement de cette substance qui est absolument irremplaçable et vitale dans toutes les conditions de la vie. Le travail est énorme ». Il s’agira donc pour le comité présidé par le Pr Tetanye Ekoe de mobiliser les donateurs de sang, approvisionner les banques de sang du Cameroun et veiller sur la qualité de sang mis à la disposition des parents. Le challenge est d’autant plus grand que le Cameroun n’arrive pas à satisfaire les besoins annuels qui sont évalués à 400 mille poches. Au stade actuel, le pays mobilise à peine 100 mille poches. Soit un déficit de 75%. Selon les statistiques officielles, plus de 90% des dons de sang proviennent des familles ou des remplacements et à peine 10% proviennent de dons des donneurs bénévoles, volontaires et non rémunérés.
Maina Djoulde, DGA
Emmanuel Maina Djoulde a également intégré le top management du CNTS depuis hier en qualité de Directeur général adjoint de cette structure. Après les états de services « élogieux » de cet originaire du département de la Vina dans l’Adamaoua, c’est désormais auprès du Pr Dora Shey Mbanya que l’ex Inspecteur Général des Services Administratifs du ministère de la Santé publique va désormais faire prévaloir ses compétences.
Avant cette nomination présidentielle, Maina Djoulde était déjà l’un des points focaux dans le traitement des dossiers relatifs à la politique nationale de transfusion sanguine au Minsanté. « C’est lui qui pilote le projet d’organigramme du CNTS sur le plan technique. Certainement qu’il sera chargé de l’implémenter et de l’évaluer », confie une source administrative au sein de cette administration centrale. Aussi, avait-il présidé le 30 octobre 2019, la cérémonie de certification de la Banque de Sang de l’hôpital Central de Yaoundé. « C’est un technocrate qui a une parfaite maîtrise des dossiers », se convainc un cadre de santé publique. Pour preuve, la source évoque le passage « sans tâche » de cet ancien candidat aux élections régionales dans l’Adamaoua à la tête de la division de la Coopération du Minsanté, et sa maîtrise du Financement basé sur la performance (PBF).
Polémique
Mais dans les milieux de la santé, ces deux nominations présidentielles sont diversement appréciées. Pour beaucoup, ce sont de « petits strapontins pour ces deux brillants esprits », réputés indépendants patriotes et perfectionnistes. D’ailleurs, lance un haut commis de l’Etat, « Ils ont pertinemment le profil pour être ministre de la Santé dans notre pays ». Ce qui fait dire à certains observateurs que la nomination de Maina Djoulde est « un garage », au moment où d’autres soutiennent que c’est une « promotion ». D’après eux, avec ce poste, l’ex IG a « droit aux avantages que lui confèrent les textes et dont il va en bénéficier ». Il s’agit par exemple d’une résidence de fonction, d’un chauffeur, des cartons (carburant). « Des commodités que le poste d’IG ne confèrent pas », argumente notre source administrative.
Pour d’autres, c’est un faux débat qui n’a pas lieu d’être. Car, le Pr Tetanye Ekoe « était déjà à la retraite et sans poste », tandis qu’Emmanuel Maina Djoulde « devient DGA. Il ne s’agit donc pas de les avoir rabaissés », argue l’un d’eux.
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