Centre hospitalier régional de Bafoussam. L’affectation des médecins oppose Manaouda Malachie au gouverneur Awa Fonka

Olive Atangana
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Le ministre de la Santé publique vient d’annuler les nominations effectuées par le patron administratif de la région de l’Ouest.

Coup de théâtre au Centre hospitalier régional de Bafoussam (CHR), une formation sanitaire de 2e catégorie nouvellement construite dans le chef-lieu de la région de l’Ouest. Alors que cet hôpital attend d’être réceptionné (provisoirement le 15 juillet 2021), il vient de connaître en 14 jours, deux décisions y affectant des personnels de santé. La première date du 22 juin 2021 et porte l’estampille du gouverneur de la région, Awa Fonka Augustine. Elle ampute l’hôpital régional de Bafoussam de 22 personnels de santé dont 8 médecins spécialistes, au profit du CHR.

Sauf que hier 7 juillet, une nouvelle décision du ministre de la Santé publique (Minsanté) abroge l’acte d’affectation du gouverneur. Le texte ministériel y affecte 7 spécialistes (dont 3 issus de l’hôpital régional), 6 médecins généralistes, un pharmacien, 3 infirmiers spécialistes tous en provenance de l’HRB, 4 infirmiers (dont 3 de l’hôpital régional), 2 techniciens médico-sanitaires (1 de l’HR) et un personnel administratif. De ces affectations, 10 proviennent de l’hôpital régional de Bafoussam.

Malaise

Ce qu’il faut savoir c’est que les affectations entérinées le 22 juin par le gouverneur ont créé un malaise au sein de l’hôpital régional. Et pour cause, cette décision a privé l’hôpital régional de certains spécialistes indispensables à son bon fonctionnement. La mutation des uniques pédiatre, urologue, anesthésiste réanimateur, rhumatologue et endocrinologue dont disposait cette Fosa, a par exemple handicapé la qualité des soins. Ce d’autant plus que les services de gynécologie, de chirurgie et de cardiologie qui avaient chacun deux médecins spécialistes ont vu cet effectif diminuer de moitié. « Un hôpital de référence sans spécialiste n’en est plus un. Nous ne sommes plus différents d’un hôpital de District », commentait alors un cadre de cette Fosa. Déçu.

Sur le plan administratif, la décision de Awa Fonka a également été critiquée dans les milieux sanitaires. Certains y voient un abus : « Le gouverneur n’a pas qualité pour affecter du personnel dans un hôpital de 2e catégorie. C’est une compétence du ministre », explique par exemple un administrateur de santé publique en service à Yaoundé. D’ailleurs, « En son temps, l’ancien ministre André Mama Fouda avait saisi le Minat pour que les gouverneurs et préfets cessent de muter le personnel du Minsanté », poursuit ce fonctionnaire en service au Minsanté.

Mais ces avis sont contestés par des proches du gouverneur Awa Fonka. A sa décharge, ils évoquent entre autres, le fait que les affections ont été faites sur propositions du délégué régional de la Santé publique de l’Ouest, le Dr Chinmoun Daouda, et sur la base du décret de novembre 2008 fixant les attributions des chefs des circonscriptions administratives et des organisations et portant organisation et fonctionnement de leurs services.

Dans tous les cas, l’intervention du Minsanté ramène la sérénité au sein de l’hôpital régional de Bafoussam. D’abord parce qu’elle restitue à cet hôpital régional une partie de ses spécialistes. Ensuite, Manaouda Malachie est allé prendre les personnels autant au niveau de l’administration centrale (Direction des ressources humaines) que dans d’autres Fosa pour renflouer les effectifs du nouvel hôpital. Enfin, en lieu et place de 22 personnels de santé, l’hôpital dirigé par le Pr Georges Enow Orock ne perdra finalement que 10 médecins. « Le ministre a juste poliment fait comprendre au gouverneur qu’il ne doit pas muter son personnel », commente un responsable au sein de cette formation sanitaire publique.

D’un coût évalué à plus de 13 milliards de Fcfa, le Centre hospitalier régional de Bafoussam devrait accueillir ses premiers patients le 16 juillet prochain. Construit sur une superficie de 02 hectares, ce complexe constitué de 14 bâtiments de type R+1 est doté d’une capacité d’accueil de 150 lits. Disposant entre autres d’un service de laboratoire, de chirurgie, maternité, d’imagerie, d’une morgue, son inauguration officielle interviendra plus tard.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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