Cancer. Le Cameroun en panne d’appareils de diagnostic et de traitement
La plupart sont désuets et dépassés, causant parfois des désagréments aux malades.
Au Cameroun, l’on meurt de plus en plus de cancer et la progression des nouveaux cas est inquiétante. Sur la dernière décennie, le nombre de ces nouveaux cas de cancer a augmenté de plus de 50%. Selon les données compilées par le ministère de la Santé publique (Minsanté), le pays est passé de 10 000 nouveaux cas en 2010 à 15 769 nouveaux cas enregistrés en 2018. Bien plus. Cette maladie dont la journée mondiale s’est timidement célébrée le 4 février 2020 est devenue l’une des principales causes de décès, avec 15% de ces patients qui trouvent la mort. Malheureusement, le Cameroun est encore à la traîne des équipements technologiques dans ses volets diagnostic e traitement, au moment où les hôpitaux voient arriver de plus en plus de femmes et d’hommes souffrant de cancer soit du sein ou du col de l’utérus, soit de la prostate, du foie ou du colon.
Le diagnostic du cancer demande par exemple des équipements des radiologies, la rééducation, les équipements d’échographies, de biologie. « Tous ces éléments nous font défaut par endroit ou alors sont souvent de qualité un peu limitée », déplore le Pr Paul Ndom, secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le cancer. En effet, le Cameroun comme beaucoup de pays d’Afrique francophone, ne peut pas témoigner d’une grande avancée en matière de plateau technique. « Le problème d’équipement est lié au problème de laboratoires qui posent le diagnostic du cancer dans notre pays. La plupart des laboratoires sont situés dans les grandes villes », explique le Dr Atangana, chef de service d’anatomo-pathologie au laboratoire d’anatomie-pathologie du Centre Pasteur de Yaoundé. Selon lui, « Le diagnostic se pose déjà très bien avec ce que nous avons comme équipement ».
En réalité, l’équipement standard n’est pas toujours renouvelé quand il le faut dans nos hôpitaux. « C’est ce qui fait problème et altère parfois la qualité de notre matériel, nous causant parfois des problèmes au niveau du diagnostic. On ne peut pas parfois poser un diagnostic rapide parce que l’équipement est parfois vieillot et même parfois dépassé », indique ce dernier. Les examens d’extensions eux, demandent des IRM ou scanneur destinée aux traitements précoces, accélérateur linéaire de particules (appareils avec lequel on effectue le traitement de radiothérapie) ; stimulateur, et un laboratoire de biologie des tumeurs permet un diagnostic plus raffiné du tissu du cancer (examen immunohistochimique). « En termes d’équipement qui manque pour le diagnostic, nous avons des problèmes liés au complément diagnostic. C’est l’exemple de la biologie moléculaire qui permet également de compléter le diagnostic », fait savoir l’anatomo-pathologiste.
La radiothérapie de tous les maux
Par ailleurs, « Nous n’avons pas des automates de coloration parce que quand on a une série de lame colorée et qu’on les colore de manière manuelle, ça ralenti le délai de rendu des résultats. Donc, entre l’offre en équipement et la demande, il y a un problème parce que de plus en plus, on ne peut pas poser le diagnostic rapidement parce que l’équipement n’a pas été renouvelé. Certain de nos laboratoires ont déjà vieilli et nécessitent d’être renouvelés parce que leur capacité à travailler est lente », regrette l’anatomo-pathologiste. Le volet de traitement n’est pas en reste. « On n’a pas tous les appareils de traitement du cancer ; certains manquent cruellement. On a par exemple un appareil qu’on appelle le PréScan qui manque. Tous les appareils de synté qui manquent », confie un cancérologue.
En fonction du type de cancer et de la gravité, le médecin peut décider de faire la radiothérapie uniquement, la chimiothérapie, la radiothérapie et la chimio, ou les trois. Les machines de radiothérapie demeurent le maillon faible alors que plus de 60% de patients ont besoin de traitement de radiothérapie. Depuis 8 ans, la radiothérapie de l’hôpital général de Yaoundé n’est pas fonctionnelle. « A l’hôpital Général de Douala, ça fonctionne un jour sur deux. Les médicaments anticancéreux manquent. Je peux vous donner une ordonnance vous allez faire le tour de Yaoundé sans le trouver. Il faut importer. Quel est ce pays ? », s’indigne un autre cancérologue. Celui-ci avoue, impuissant, qu’il leur est parfois difficile de satisfaire les malades qui sont en chimiothérapie. « En dehors de tout ceci, on doit parfois vous délocaliser pour votre traitement », poursuit notre source. C’est le cas des patients par exemple de la partie septentrionale. « A notre niveau, nous référons à l’hôpital régional de Maroua. Lequel réfère à son tour à Garoua qui réfère lui aussi à Yaoundé ou Douala », explique un médecin en service dans la région de l’Extrême-Nord.
Voilà pourquoi, « Il conviendrait de renouveler les équipements qui existent déjà dans les services d’anatomo-pathologie, les améliorer et avoir des équipements qui sont up to date. Parce que dans certains de nos laboratoires, il existe des équipements qui ont déjà fait leur temps. Pourquoi ne pas améliorer le plateau technique par une subvention du gouvernement », propose le Dr Atangana. Quoi qu’il en soit, la prévention pour réduire le nombre de nouveau cas est un élément très important. « Ce n’est pas le fait d’avoir des équipements de pointe qui pourrait réduire le taux de mortalité ou de nouveaux cas de cancer. C’est la sensibilisation auprès des nouveaux cas dans la prévention précoce et la fréquentation précoce des hôpitaux lorsqu’on a une quelconque affection. Le cancer est curable s’il est soigné tôt mais le fait que le malade arrive à l’hôpital lorsqu’on ne peut plus rien faire, il faut seulement l’accompagner », dixit l’anatomo-pathologiste.
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