(Lurgentiste.com) – Le rapport 2022 sur l’état de la corruption au Cameroun épingle le Billeteur du ministre de la Santé publique. D’après ce document produit par la Commission nationale anticorruption (Conac), l’intéressé s’est rendu coupable de détournement de la somme de 19 millions 580 mille FCFA. Cet argent représentait les fonds destinés aux paiements des gratifications du personnel des services centraux du ministère de la Santé publique pour les exercices 2019, 2020 et 2021. Ils étaient 167 qui devaient en bénéficier.
Mais, seuls 5 bénéficiaires ont reconnu avoir perçu du Billeteur du chef de ce département ministériel, des montants variants entre 50 et 80 000 FCFA, au lieu de 106 800 FCFA alloués à chaque personnel. Les auditions menées par la Conac révèlent aussi qu’en 2020, un seul bénéficiaire a déclaré aux enquêteurs de la Conac avoir perçu sa gratification. Ce n’est pas tout. Les états de paiement de ces primes pour les exercices 2019 et 2020 transmis par ledit Billeteur au Contrôleur Financier Spécialisé auprès du Minsanté, pour apurement, « sont truffés de faux numéros de Cartes Nationales d’Identité et de fausses signatures des bénéficiaires ».
Soit 64 noms fictifs, pour un montant de 6 millions 835 200 FCFA. Par ailleurs, de nombreuses irrégularités (doublons, personnels non éligibles et autres) ont été constatées dans la décision du 24 août 2021 autorisant le paiement d’une somme 20 millions de FCFA au titre des gratifications de l’exercice 2021 que ce Billeteur a lui-même élaboré et soumis à la signature de Manaouda Malachie.
Aveux
D’après le rapport, c’est une dénonciation anonyme qui leur est parvenue, accusant le Billeteur du ministre. « Selon la dénonciation, le mode opératoire du mis en cause consistait à émarger à la place des véritables bénéficiaires en attribuant à ces derniers de faux numéro de carte nationale d’identité dans le seul but de détourner leurs gratifications », révèle le rapport.
Entendu par les enquêteurs de la Conac, le mis en cause est passé aux aveux et a reconnu avoir détourné 8 millions 900 en 2019 et 10 millions 680 en 2020. « Ce qui porte le montant du préjudice à 19 580 000 (dix-neuf millions cinq cent quatre-vingt mille) FCFA », relève le gendarme de la Corruption au Cameroun. Le préjudice financier total subi par l’Etat dans cette affaire est de 26 millions de FCFA. L’argent a tout de même été reversé dans les caisses du Trésor public et le billeteur relevé de ses fonctions en 2020.
6% de dénonciations
Dans le cadre de la lutte contre la corruption, la Conac a reçu 3472 dénonciations issues de 12 secteurs d’activité. 6% de ces dénonciations proviennent du secteur santé. Ce qui le classe parmi les secteurs d’activité ayant le plus grand nombre de dénonciations, derrière les Domaines et Affaires Foncières, l’Administration publique, les Finances et Marchés publics.
La vente illicite des médicaments, le détournement des malades, le détournement des primes et quotes-parts sont les fléaux les plus dénoncés. À ceci, s’ajoute l’arnaque des malades, l’une des principales dénonciations faites à travers la Ligne Verte de la Conac. Précisons que le préjudice financier subi par l’Etat du Cameroun en 2022 à cause des actes de corruption et des infractions assimilées est de 4,623 milliards de FCFA.