Cameroun. Les ménages restent la première source de financement de la santé

(Lurgentiste.com)– Au Cameroun, les dépenses directes des ménages pour accéder aux services de santé restent élevés. Pour l’exercice 2018 et 2019, elles étaient à 72% selon les comptes nationaux de la santé présentés ce 29 mars à Yaoundé. « L’OMS considère que quand le taux de dépense des ménages est au-delà de 25%, les ménages s’appauvrissent. Ils ont des difficultés à accéder aux services de santé et ça crée une espèce d’iniquité dans l’accès de ces services », a regretté le Dr Phanuel Habimana, représentant de l’OMS au Cameroun.

53% de ces dépenses des ménages en santé se sont faites pour l’achat des médicaments en dehors des formations sanitaires. Le fait que les familles restent toujours la première source de financement de la santé peut constituer « un frein à l’accès aux soins des populations les plus défavorisées et donc une source d’iniquité en santé », a relevé le Dr Phanuel Habimana. D’après ce dernier, « L’expérience tirée des autres pays permet de recommander plutôt une prépondérance du financement public dans les dépenses de santé afin de favoriser une progression plus aisée vers la CSU (Couverture santé universelle : Ndlr)».

Malheureusement, l’Etat finance toujours moins la santé, à la lumière de ces chiffres du document de 28 pages dont nous avons eu copie. Il est la troisième source de financement, après les ménages et les bailleurs multilatéraux. « Ceci indique que des efforts restent encore à faire afin d’accroitre la part du financement public dans le financement de la santé », fait savoir le Dr Phanuel Habimana.  Mais plus grave, « La part de la contribution du budget national à la santé est passée de 5,2% en 2012 à 4,3% en 2019 et est aujourd’hui dans le budget de 2023 à 3,6%. Tout ceci est en contradiction avec les ambitions du Cameroun pour s’orienter vers la Couverture sanitaire universelle », regrette le représentant de l’OMS.

Recommandations

En fait, le pays s’apprête à lancer le 7 avril prochain, la Phase 1 de la CSU. Il faut donc aux décideurs des informations nationales fiables sur les sources et l’utilisation des fonds destinés à la santé. Ces CS permettent donc de déterminer « les proportions catastrophiques de santé afin de mieux orienter la politique sanitaire en termes de financement ». Le rapport ne manque pas de faire quelques recommandations.

Notamment, le plaidoyer pour l’accroissement du financement public pour la santé afin de financer les besoins essentiels de santé des populations ; le plaidoyer pour accélérer la mise en œuvre de la CSU, dans l’optique de réduire les paiements directs des ménages à travers le pré-paiement et le plaidoyer pour améliorer le financement des produits de santé en vue de réduire la part des dépenses des populations dans l’achat des produits de santé.

A noter que les Comptes de la santé sont un outil qui décrit à l’échelle nationale et sur une période donnée, l’ensemble des activités de ce secteur. Ces derniers fournissent le montant des dépenses de soins et de biens médicaux, ainsi que leur répartition entre différentes catégories de soins. Leur présentation est la 2e du genre au Cameroun, après celle de 2011 et 2012.

 

Quelques résultats de la dépense

En 2018 :

-Dépense Courante de Santé (DCS) : 803 694 259 575 Fcfa;

-Dépense d’Investissement de Santé (DIS): 17 345 745 588 Fcfa;

-Dépense Totale de Santé (DTS) : 821 040 005 163 Fcfa.

En 2019 :

-Dépense Courante de Santé (DCS): 848 760 709 860 Fcfa;

-Dépense d’Investissement de Santé (DIS): 25 658 897 322 Fcfa;

-Dépense Totale de Santé (DTS): 874 419 607 182 Fcfa.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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