(Lurgentiste.com)– Au Cameroun, le constat fait état de ce que la paralysie cérébrale souffre de plusieurs maux. D’abord, un énorme déficit d’attention et de prise en charge aussi bien médicale qu’éducative et rééducative. Ensuite, les enfants infirmes moteurs cérébraux (IMC) sont permanemment victimes de rejet et d’exclusion sociale. D’ailleurs, le jeune Doudou, enfant infirme moteur cérébral en a payé les frais il y a trois semaines en voulant intégrer la classe de SIL dans une école à Yaoundé. « La maitresse a demandé 25 mille Fcfa pour l’accepter dans sa salle de classe. Nous lui avons simplement demandé de baisser les coûts. Ça s’est soldé par un rejet comme un chien de notre petit Doudou », relate Flore Kamdem Ngassa, la présidente-fondatrice de l’Association de Soutien aux Enfants Infirmes moteurs Cérébraux (Aseimc).
Elle en est encore toute remontée lorsqu’elle en parle. « On ne l’amenait pas pour que la maitresse passe toute la journée avec lui comme à l’hôpital mais pour qu’en étant avec les autres, qu’il puisse voir et améliorer son potentiel et son état de santé. Nous avons juste voulu le scolariser en vue de le socialiser et nous avons encore été face à ce problème de rejet, d’exclusion », explique-t-elle. Dépitée. Selon elle, Doudou, enfant très intelligent de l’association souffre de faiblesse musculaire et d’hypotomie axiale. Mais, sait faire les calculs et la grammaire. « Il a été très affecté psychologiquement, a fait une crise convulsive après cet incident. Nous avons essayé de trouver une solution. On souffrait en silence. En tant que maman d’un enfant infirme moteur cérébral, j’ai été blessée au plus profond de mon âme de la manière dont on a rejeté cet enfant», fait savoir Flore Kamdem Ngassa. Encore sous le choc.
C’est que, «ces enfants ont une psychologie déjà affectée de part la lésion cérébrale qui est créée par leur cerveau et rend leur système nerveux défaillant. Quand on arrive encore à le chasser, c’est pour le tuer psychologiquement », regrette celle-ci. Fort heureusement, Doudou a fini par se faire scolariser dans une école à Nkolfoulou sur la route de Soa. Et « Chaque fois qu’il rentre, il a tendance à vous raconter sa journée, ce qu’il a fait. Vous savez il y a la thérapie miroir c’est-à-dire l’enfant s’identifie à ce qu’il voit, à ce l’autre fait et il a tendance à imiter, à copier. Donc ça améliore leur capacité et leur donne un petit pourcentage de gain dans leur guérison. C’est vraiment spectaculaire. Chaque semaine on le change de rangée pour l’aider à se familiariser avec tous les enfants de la classe et le socialiser. Merci infiniment à cette belle équipe qui a finalement accepté », conclut-elle.
Education inclusive
Un happy end sommes toutes pour lui, que plusieurs de ces enfants IMC n’auront pas la chance de connaitre. Ce d’autant plus que, « Le manque de données nécessaires pour éclairer nos décisions contribue à l’exclusion de ces enfants », déplore l’Aseimc. Pourtant, « en les mettant de côté, nous les empêchons de prendre la place qui leur est due au sein de la société », se désole cette association. D’où le thème « Sensibilisation sur la promotion de l’éducation inclusive et l’épanouissement des enfants atteints de Paralysie cérébrale » sous lequel se célèbre ce jour, la 3e édition de la journée mondiale des enfants atteints de paralysie cérébrale. L’objectif est de sensibiliser sur la promotion de l’éducation inclusive et l’épanouissement des enfants atteints de la Paralysie Cérébrale
Mais c’est aussi et surtout, une occasion et une opportunité pour Flore Kamdem et ses partenaires, de mettre sur la table les problèmes auxquels font face ces catégories de personne et leurs parents au sein de la communauté ; conscientiser les familles, les communautés, ainsi que toutes les parties prenantes qui interviennent dans les chaînes du développement. Une conférence est de ce fait prévue à Yaoundé ce jour, et sera animée par une équipe pluridisciplinaire afin de soutenir l’approche globale sur la promotion de l’éducation inclusive et l’épanouissement des enfants atteints de la Paralysie Cérébrale. Six panels ont été mis sur pied à cet effet. Il s’agit notamment de ceux sur la sensibilisation, la prévention, la promotion ; du dépistage et diagnostic, de la prise en charge ; de la réadaptation, réhabilitation ; réinsertion sociale et accompagnement et des soins palliatifs.
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