Cameroun. Les hépatites virales se portent bien

Olive Atangana
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Le taux de prévalence est de 12% pour l’hépatite B et 13% pour celle C et le pays est classé parmi les 17 les plus touchés au monde par cette maladie.

Une fois de plus, les hôpitaux du Cameroun sont au banc des accusés. Les charges qui pèsent contre eux cette fois, sont entre autres, le mauvais diagnostic des hépatites virales et le matériel de dépistage largement dépassé. C’est que, le Cameroun est classé parmi les 17 pays les plus touchés d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Un classement révélé à l’occasion de la journée mondiale des hépatites virales le 27 juillet dernier sous le thème : « Investir dans l’élimination des hépatites ».

750 000 personnes atteintes

Les statistiques sur la prévalence des hépatites virales dévoilées au cours de l’atelier du bureau régional sur les hépatites le 2 juillet sont préoccupantes. Au Cameroun, près de 750.000 personnes sont atteintes des formes d’hépatites virales A, B et C. Soit un taux de prévalence de près de 10% de la population totale du pays.

Le bureau régional de l’Afrique d’Epicentre, fait ainsi état d’une prévalence en hausse de près de 5% au cours des 10 dernières années. Les milieux carcéraux sont les plus touchés par cette maladie. Les hépatites virales sont la cause de près de 10 0000 décès par an, à en croire la Société Camerounaise de gastroentérologie (SCG).  L’hépatite B est la plus répandue et est responsable de deux complications à savoir la cirrhose et le cancer du foie.

Coût onéreux du traitement

La prise en charge des hépatites virales n’étant pas gratuite, le traitement coûte cher aux patients. Par exemple, il y a une vingtaine d’année, les coûts du traitement s’élevaient à 7 millions de Fcfa. Et même si désormais, la prise en charge est évaluée à 450 000 F pour l’hépatite virale C, « L’accent doit être mis sur la sensibilisation notamment à cause du coût onéreux du traitement. Tant il est vrai que personne n ’est épargné car au Cameroun, un personnel médical sur dix est atteint d’hépatite B », précise le Pr Yap Boum, chercheur et enseignant à la faculté de médecine de l’université de Yaoundé I.

Promouvoir le vaccin

L’étude de Médecin sans frontières (MSF) et Epicentre menée dans 16 hôpitaux de toutes les régions montre que seulement 23% des travailleurs de santé interrogés avaient reçu au moins une dose du vaccin contre l’hépatite B. Pourtant, l’OMS a spécifié que les travailleurs de la santé nécessitent une attention particulière pour le dépistage et la vaccination. Mais, les résultats de l’étude soulignent à regret, que ces recommandations ne sont pas encore appliquées dans les pays à faible revenu intermédiaire tels que le Cameroun.

 «Le vaccin contre l’hépatite B administré à la naissance, conjointement avec la vaccination du nourrisson, prévient 95% des nouvelles infections », soutient Phanuel Habimana, représentant de l’OMS au Cameroun. Toutefois, le personnel médical mentionne qu’il est important d’augmenter la couverture du dépistage et des traitements. Une principale lacune à combler pour atteindre les objectifs mondiaux d’élimination d’ici 2030.

« Nos résultats devraient inciter à un examen plus formel des accès aux programmes de traitement dans la région. Notre étude met en évidence un besoin important de décentraliser le traitement au Cameroun pour minimiser la morbidité importante à long terme », conclut le rapport. Epicentre est une association créée en 1986 pour conduire des projets de recherche et dispenser des formations en appui au travail de MSF.

Encadré

Extrême-Nord. 750 000 personnes sont atteintes au Cameroun et le taux de prévalence est en hausse d’environ 5%.

Près de 25% des personnels de santé touchés par les hépatites virales

La partie septentrionale du Cameroun est « favorable à la propagation du virus » des hépatites virales. La région de l’Extrême-Nord l’est encore davantage, avec près de 25 % des personnels sanitaires plus touchés que leurs collègues d’ailleurs. Soit un travailleur sur quatre, avec une prévalence qui varie aussi parmi les travailleurs de la santé. Par exemple « les brancardiers et les agents d’entretien qui manipulent le matériel des patients ont une prévalence plus élevée que les médecins qui ont moins de proximité avec les objets souillés des patients », explique le Pr Yap Boum, chercheur et enseignant à la faculté de médecine de l’université de Yaoundé I. Selon ce dernier, « Ce taux de prévalence, est très élevé surtout pour une population qui devrait être davantage protégée que la population générale ».

L’étude menée pour la première fois à l’échelle nationale par Médecins Sans Frontières (MSF) et Epicentre dans 16 hôpitaux de toutes les régions et rendue publique le 2 juillet 2019 à Yaoundé par le bureau régional de l’Afrique révèle aussi que les hommes sont plus infectés que les femmes. « L’illettrisme et les pratiques comme la scarification, plus fréquents dans cette région peuvent influencer la prévalence ; car les travailleurs avec un faible niveau d’études sont moins sensibilisés sur les mesures de protection et donc plus exposés », explique le Pr Yap Boum. A ces facteurs, le chercheur ajoute le fait que cette région est en conflit avec les agressions de Boko Haram, ce qui limite la couverture vaccinale, ainsi que l’accès aux services de santé et aux traitements.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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