Cameroun. Le top 5 des régions les plus « Ndjansanguées »

Communément appelée « Ndjansang », la dépigmentation de la peau est devenue une pratique courante qui expose malheureusement aux cancers de la peau. 

Au Cameroun, le « Ndjansang » se porte bien. Et pour cause, il n’est plus surprenant de voir un homme ou une femme avec des pieds ou des mains noirs « alors que le visage est presque métissé ». C’est que la quête du teint clair fait rage autant en milieu urbain que rural. « Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, nantis et pauvres sont en mal de teint clair », regrette Cécile Zoung Kanyi Bisseck, présidente de la Société Camerounaise de dermatologie (Socaderm). Communément appelé « Ndjansang », l’opération consiste à s’appliquer «sur tout le corps plusieurs composés: laits ou crèmes à base d’hydroquinone, au-delà du seuil de 2 % ou de crèmes et gels à base de corticoïdes puissants qui comportent notamment du mercure et ses dérivés cancérigènes», explique la présidente de la Socaderm.

Classement du top 5 

D’après une étude réalité par ces dermatologues, Douala est la ville où la population pratique davantage la dépigmentation. Avec un taux de 27,8 %, la capitale économique du pays caracole en tête de ce classement des cinq régions les plus « Ndjansanguées » du pays. Juste devant les villes de Kumba dans le Sud-ouest (24,1%) ; de Yaoundé dans la région du Centre, où 19,6% de la population s’éclaircit la peau. A Kribi dans le Sud, 11,1% sont des adeptes du «Ndjansang».

La ville de Bagangté à l’Ouest est classée dernière, avec 10,3% de personnes pratiquants la dépigmentation de la peau. L’étude a été faite à partir d’un échantillon de 10.000 hommes et femmes âgés entre 15 et 50 ans. L’étude de la Socaderm démontre aussi que « les plus nantis se font des injections avec des effets instantanés, tandis que les moins riches utilisent tout ce qui leur passe sous la main ».

Dangers du « ndjansang »

La Socaderm est formelle. La dépigmentation de la peau expose aux cancers de la peau. Pourtant, la demande des produits décapants est de plus en plus croissante dans les villes camerounaises. Environ 3 femmes sur 5 utilisent ces produits de dépigmentation. Une multitude de soins et de produits sont ainsi mis à la disposition de celles qui ont choisi de changer la couleur naturelle de leur peau. Leurs prix varient entre 1500 et 120 000 Fcfa. Pourtant, le contenu et les composants de ces produits sont la plupart du temps méconnus de ces adeptes. Une injection de glutathione par exemple, coûte 250000 Fcfa par an, et généralement, il en faut 2, et donc 500 000 Fcfa à en croire des informations glanées à bonnes sources.

Banc des accusés

Certains imputent cette dépigmentation grandissante et tendant à devenir un problème de santé publique matraquage publicitaire des industries de produits cosmétiques, tandis que d’autres indexent les médecins et pharmaciens. C’est le cas du Dr Ngoro qui fait savoir que des médecins, en complicité avec des pharmaciens, prescrivent à des personnes des ordonnances contenant du «gluthatione». En réalité, c’est produit éclaircissant de la peau vendu à 250 Fcfa la boîte.

 « La glutathione à la base est un médicament qui est destiné aux maladies de générative cérébrale et en l’appliquant aux patients, l’on s’est rendu compte qu’il éclaircit la peau de manière uniforme ; on arrive très souvent à des effets très néfastes c comme des insuffisances rénales, le cancer du sang et de la peau, l’infertilité et bien d’autres », explique le Dr Ngoro, Dermatologue. Un congrès s’est tenu à Yaoundé les 20 et 21 juin dernier, pour édifier les usagers sur les dangers de cette dangereuse pratique.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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