Cameroun. Le Grand-Nord est mal loti en formations sanitaires
Tel est le diagnostic établi par le ministre de la Santé publique le 9 décembre 2020 devant la représentation nationale.
Le diagnostic de la densité des formations sanitaires dans la partie septentrionale dressé par le ministre de la Santé publique (Minsanté) est peu flatteur. Il fait état de ce que le Grand-Nord est mal loti en formations sanitaires. Et, « La région la moins lotie est celle de l’Extrême-Nord, avec 10 161 habitants/formation sanitaire », a révélé Manaouda Malachie dans son exposé sur l’état des lieux et perspectives de la politique de développement des infrastructures de santé au Cameroun. Devant la représentation nationale le 9 décembre dernier, le Minsanté a indiqué que sa région d’origine est suivie par celle du Nord qui compte 9 352 habitants par formation sanitaire.
L’Adamaoua, avec 7 118 habitants par formation sanitaire, est la moins mal lotie en termes de ratio habitant par formation sanitaire de ces trois régions de la partie septentrionale. Or, la densité des formations sanitaires s’établit au niveau national à environ 4 227 habitants par formation sanitaire tous statuts confondus, et 9 113 habitants par formation sanitaire publique. Les régions du Sud et de l’Ouest sont les mieux pourvues, avec respectivement 2 624 et 2 508 habitants par formation sanitaire.
Autre volet de cet état des lieux, l’offre des soins. Ici aussi, les régions du Grand-Nord « sont presque totalement dépendantes des formations sanitaires publiques », a fait savoir le Minsanté. En effet, le Nord et l’Extrême-Nord dépendent à 86% des 2876 formations sanitaires publiques que compte le Cameroun tandis la dépendance de l’Adamaoua est de 72%. Mais de manière générale, « Plusieurs services de santé restent mal lotis, dans des locaux exigus, vétustes et n’offrant pas les conditions nécessaires pour la délivrance des services et soins de santé de qualité », a reconnu l’autorité tutélaire de la santé.
Equipements et plateaux techniques à renforcer
Et ce dernier de poursuivre : « Ce déficit infrastructurel, au-delà des bâtiments, se pose de façon plus criarde encore, en ce qui concerne la disponibilité et l’autonomie en énergie et en eau, l’informatisation et l’interconnexion au réseau internet des formations sanitaires, la disponibilité des incinérateurs et des broyeurs pour la gestion des déchets, l’insuffisance des chaines de froid pour le stockage des vaccins et autres produits pharmaceutiques et la disponibilité des logements d’astreinte pour les personnels de santé ».
De plus, d’après le Minsanté, les « équipements, les plateaux techniques des formations sanitaires publiques notamment, restent à renforcer dans l’ensemble ». C’est que, si la quasi-totalité des régions est couverte par un scanner, seulement quatre appareils d’imagerie par résonnance magnétique (IRM) sont recensés dans le secteur public et parapublic. « L’état des lieux qui vient d’être dressé est interpellatif et renseigne sur le gap en matière de développement infrastructurel du secteur santé », a indiqué le Minsanté.
Contraintes et défis
Face à cette question du développement des infrastructures qui « est fondamentale pour la modernisation de notre système de santé », selon Manaouda Malachie, il se pose des contraintes et challenges. Tout d’abord, le Minsante pointe un doigt accusateur sur l’insuffisance de financements. « Les crédits mis à la disposition du Minsanté ne favorisent pas l’accélération du chantier de la modernisation des infrastructures sanitaires. Notons que pour l’exercice 2021, le budget alloué au Minsanté est en régression de 7,74% par rapport à l’exercice 2020 », a regretté ce dernier.
L’instabilité du réseau électrique « qui est un déterminant majeur pour le fonctionnement et la survie des équipements », la pérennisation du PBF « à travers la capacité du Trésor public à payer dans les délais les factures de formations sanitaires, afin qu’elles disposent de crédits nécessaires pour maintenir les équipements et infrastructures et amortir l’acquisition de nouveaux », ne sont pas en reste. Tout comme le décloisonnement des offres publiques et privées de soins « dans le but de rechercher une complémentarité, plutôt que la concurrence » et l’assainissement du secteur privé lucratif « où foisonne de nombreuses formations sanitaires ne remplissant pas les conditions requises pour la dispensation des soins et services de santé ».
A noter que l’exposé ministériel était structuré autour de trois axes dont le profil de l’offre de soins et services de santé, les perspectives de modernisation de la carte sanitaire et les contraintes et éléments de plaidoyer. Ce département ministériel a identifié 6 202 formations sanitaires publiques et privées en activité sur le territoire national en août 2019. Dans le détail, 2 876 d’entre elles (46%) sont du secteur public, 2 535 (41%) du secteur privé laïc à but lucratif et 791 (13%) sont du secteur privé confessionnel.