Cameroun. La dépression se porte bien

Selon l’OMS, 888273 Camerounais en souffraient en 2017.

La société camerounaise souffre de plus en plus de dépression. Elle dont la journée mondiale se célébrait le 8 octobre dernier est la maladie mentale la plus fréquente. La dépression touche selon un rapport de l’OMS en 2017, 888273 camerounais. Pourtant, « Cela est très loin de refléter la réalité. Les chiffres OMS du rapport publié en 2017 qui sont les seules disponibles étaient des données de 2015. Juste ce fait montre que la prévalence de la dépression qui est de 3,9 % », explique Didier Demassosso, psychologue-Clinicien. Pour lui, « Toutes les maladies chroniques amène avec elles les troubles dépressifs et anxieux. Cancer, diabète, hypertension, hépatite, VIH, ont des versant santé mentale ». De plus, « Il y bcp de cas qui ne sont pas diagnostiqués en médecine générale comme le suggère des études récentes. Qui montrent que les médecins ont du mal à faire un diagnostic fiable. En plus, toutes les maladies chroniques s’associent à de la dépression. Pour ne citer que le VIH/Sida qui vu les données Minsanté 2018, a une prévalence de 3,4 % montre déjà qu’il y a plus de personnes ayants la dépression. Car, il y a ceux qui ont la dépression simplement et d’autres qui ont des maladies chronique tel que le VIH mais qui ne sont pas pris en compte », poursuit le spécialiste de santé mentale.

Et ce n’est pas tout. « Il y a aussi le fait que la dépression est masquée dans le contexte africain et ne présente pas toujours les signes et symptômes conventionnelles. Si vous partez dans tous les centre d’hémodialyse, vous allez trouver des fréquences très élevées de dépression également », soutient le consultant. Et donc, « C’est tout cela qui me fait dire que les données de l’OMS ne reflètent pas la réalité. La prévalence est bien plus haute », conclut ce dernier. En effet, le taux de prévalence de la dépression varie entre 5% et 10%, souffle un autre médecin. La dépression est un trouble mental courant et constitue la première cause d’incapacité dans le monde. Selon l’OMS, plus de 300 millions de personnes sont confrontées à ce problème qui peut dans le pire des cas, conduire au suicide. Ce d’autant plus que la société camerounaise se montre intransigeante envers les dépressifs. Aussi, la surdité de notre société est un facteur aggravant de la dépression de certains individus. Dans notre contexte, tout est surmontable. Les préjugées et idées reçues créent chez ceux qui souffrent de dépression.

Pathologie honteuse et signes détecter

Cette maladie « qui se caractérise par une tristesse persistante, une perte d’intérêt pour les activités qui, normalement, procurent du plaisir ; et une incapacité à accomplir les tâches quotidiennes » reste une pathologie honteuse encadrée d’idées reçues dans le contexte camerounais. Pour certains, c’est un sujet anodin voir même risible. Raison pour laquelle plusieurs personnes autour de nous souffrent et n’osent pas en parler. Elles choisissent de se murer dans un silence destructeur qui, au meilleur des cas, les referme sur elles-mêmes et au pire des cas, les conduisent au suicide. « D’où l’importance de la grande nécessité de faire de la recherche en santé mentale et sur les maladies mentales aux Cameroun. Ou simplement l’épidémiologie des maladie mentales au Cameroun », argue le psychologue-clinicien.

Cette pathologie paralysante entraîne un « ralentissement » dans tous les registres de la vie quotidienne : vie affective, fonctionnement intellectuel, forme physique, mécanismes vitaux et corporels. Ainsi, chez un dépressif : le sommeil est souvent mauvais, moins profond, très court et peu réparateur. Dans d’autres cas, le sommeil est en excès ; on parle de « sommeil refuge ». L’appétit est le plus souvent diminué et l’estime de soi est perdue.  La tristesse est aussi l’un des symptômes de la dépression. « Toute le monde a été déjà triste. La tristesse étant une émotion primaire. Cette tristesse est normale. Donc, passagère. Mais elle est persistante et parfois sans objets. Voilà la différence. On doit s’alarmer après 2 semaines continue de cette tristesse associée à d’autres symptômes telles que la perte d’intérêt pour des activités auxquelles on éprouve du plaisir. Et l’incapacité véritable à faire des tâches quotidiennes. Il y a aussi un très fort taux de suicide lié aux personnes qui souffrent de dépression la rendant une maladie très handicapante et avec un fort taux de morbidité », informe le Didier Demassosso.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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