Cameroun. Croisade contre la prématurité

Pour lutter contre ce problème de santé publique responsable à 40% de la mortalité néonatale, la priorité a été mise entre autres, au recyclage et à la certification des professionnels de la santé en soin de santé.

En Afrique Subsaharienne, 90% des prématurés meurent pendant les premiers jours de la vie. Au Cameroun, une étude menée au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) et à l’hôpital Gynéco-Obstétrique et pédiatrique de Yaoundé révèle que des près de 150 000 enfants qui naissent chaque année, 26% de ceux qui naissent prématurément décèdent. La Société Camerounaise de médecine périnatale elle, se veut plus alarmiste.

Au cours de ses premières journées scientifiques tenues à Yaoundé le 22 novembre 2018, elle a révélé qu’« Au Cameroun, tous les ans, près de 90. 000 nouveau-nés naissent avec un poids inférieur à 2500g et avant le terme théorique de 37 semaines. Parmi eux, près de 10 000 décèdent pour des causes évitables et cette prématurité est la seconde cause des décès avant cinq ans ». D’après d’autres statistiques disponibles, il revient que près de la moitié des décès des enfants de moins d’un an sont imputables à la mortalité des nouveaux nés de 0 et 28 jours. Et la prématurité n’est pas étrangère à cette mortalité chez les nouveau-nés.

D’où l’importance de lutter contre la prématurité car, « On va ainsi réduire près du tier des décès des enfants d’un mois », soutient un expert en Santé de la reproduction. Pour cela, la prématurité a été portée au rang des problèmes de santé publique au Cameroun. Le mois de la prématurité qui se déroule depuis le 1er novembre 2018 sur l’étendue du territoire a ainsi vu différentes activités menées, dans le but de lutter contre ce fléau. La 8è édition de la journée mondiale de la lutte contre la Prématurité s’est ainsi déroulée sous le thème : « Travailler ensemble : un partenariat avec les familles pour la prise en charge des petits poids de naissance et nouveau-nés malades». L’occasion a été donnée de remettre au gout du jour, les freins à cette croisade engagée contre la prématurité au Cameroun.

Déficit de personnel qualifié et de couveuses

Le nombre de consultations prénatales a été revu à huit par l’OMS. Mais seulement, elles doivent être de bonne qualité et faite par un personnel qualifié. Le Cameroun souffre du manque de personnel approprié pour pouvoir prendre en charge les prématurés et d’un déficit de formations sanitaires appropriées. Et pour ne rien arranger, il existe un nombre insuffisant et criard de couveuses pouvant augmenter les chances de survie des prématurés, même si le personnel médical essaie de palier à ce problème. « Nous savons que c’est difficile d’avoir des couveuses partout. Lorsqu’elles existent même, elles ont besoin d’énergie électrique pour fonctionner », regrette une infirmière spécialiste de la santé de la reproduction.

Voilà sans doute pourquoi durant ce mois, la priorité a été mise au recyclage et à la certification des professionnels de la santé en soin de santé. Il leur en effet été recommandé entre autres, d’appliquer les méthodes essentielles pour la survie du nouveau-né et du prématuré ; d’expliquer les bienfaits du suivi pré et post natal de la mère et du nouveau-né. Mais la prise en charge des prématurés demeure un réel casse-tête pour tous.

Le casse-tête de la prise en charge

Le coût de prise en charge des prématurés reste élevé au Cameroun. Il est estimé d’après le ministère de la Santé publique, entre 600 000 Fcfa et 1 000 000 Fcfa. Une somme qui n’est pas à la bourse de tous les parents. A ceci, s’ajoute l’épineux problème de la disponibilité des structures de prise en charge qui aggrave le problème non seulement de cette prématurité, mais aussi et surtout, de la mortalité des nouveau-nés. Mais des solutions existent.

Il a été par exemple été mis sur pied un réseau électronique de périnatalité avec des pédiatres qui sont des administrateurs d’un groupe et la plupart des structures sanitaires de la ville de Yaoundé qui ont des équipements tels que les couveuses, de l’oxygène et bien d’autres, ont été recensés ; les contacts ont été partagés et chaque fois qu’il y a un cas, le message est envoyé dans un groupe WhatsApp. Lequel signale le cas de prématurité, ses caractéristiques.

Et ce message est lancé dans le réseau à l’attention de tous et une structure qui a la capacité d’accueillir ce prématuré se signale afin qu’il soit orienté rapidement vers un centre approprié. Fort heureusement, la méthode Kangourou est en train d’être expérimentée dans les formations sanitaires du pays. Mais elle nécessite une importante vulgarisation au sein de la communauté.

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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