CAN 2021/Covid-19. Le Pass sanitaire en mauvaise passe

(L’urgentiste.com)- Le Pass sanitaire fait partie des fausses notes qui ont émaillé la couverture sanitaire de la CAN TotalEnergies au Cameroun. De sources concordantes, ce document a fait l’objet de trafic autour des stades. Des personnes non vaccinées et n’ayant pas subi des tests covid, affirment s’être procurées ce Pass en déboursant des sommes comprises entre 500 et 2000 FCFA pendant certains matchs à Yaoundé. Pour le match opposant le Cameroun au Comores par exemple, le Pass sanitaire a été purement et simplement offert aux supporters. « Quand vous arriviez à la hauteur de l’une des dames, elle vous disait : “Ton nom”. Si c’est Atangana, vous le lui communiquez et elle écrivait. Puis, elle coupait le Pass, vous le remettait et disait : “Au suivant”. Et c’était ainsi avec tout le monde qui en voulait », relate Angeline, enseignante dans un collège privé à Yaoundé.

Au Centre national des opérations des urgences de santé publique de Yaoundé (CCOUSP), chargé de la délivrance de ce Pass, les responsables contactés confirment que cette pratique a bel et bien eu lieu. Le Pr Yap Boum, chef Section des Opérations au CCOUSP affirme qu’il était en effet vendu « en fonction des matchs et des personnes que nous avons interpellées ». Cet épidémiologiste reconnaît d’ailleurs que le Pass sanitaire « a été mis à l’épreuve durant cette compétition ».

Aussi, « Son acceptation et notamment la vaccination qui en faisait partie, a entraîné de grosses difficultés dans son implémentation », poursuit ce dernier. Et ce n’est pas tout. « Les arrivées tardives des populations au stade sans Pass sanitaire ont également été un challenge majeur pour son contrôle. Nos équipes ont d’ailleurs été vandalisées au stade d’Olembe par des badauds pressés qui voulaient le Pass sanitaire sans toutefois être dépistés », regrette le Pr Yap Boum.

Complicité des personnels de santé

D’après nos sources, la surveillance effectuée sur les différents sites dont les abords des stades, a permis d’appréhender des personnes vendant le Pass sanitaire et de faux résultats de tests de laboratoires. Des investigations approfondies révèlent que des personnels de santé étaient impliqués « de manière directe et indirecte dans cette activité », fait savoir le Pr Yap Boum. « La procédure est en cours et est suivie afin que de tels actes ne puissent plus se reproduire », poursuit le Chef section des opérations.

Dans sa circulaire du 7 janvier 2022 relative à la délivrance des carnets et certificats de vaccination contre le Covid-19, Manaouda Malachie avait annoncé que des investigations sont en cours par des services expérimentés « afin de traquer » ces « responsables de santé en perte d’éthique et de déontologie professionnelle ».

En tout cas, le Pr Yap Boum soutient que cette vente du Pass sanitaire « ne peut remettre en cause tout notre dispositif ». Pour lui, « le plus important est d’apprécier la proportion de Pass sanitaire qui ont été screenés et validés dans près de 95 % des cas. Les 5 % restants mettent en évidence la capacité de notre dispositif à se surveiller et surtout à s’améliorer pour les événements à venir ». En rappel, d’un commun accord avec la Confédération africaine de Football (CAF), le gouvernement Cameroun a institué le Pass sanitaire comme condition d’accès à tous les sites dédiés à la CAN TotalEnergies 2021.

C’est-à-dire tous les stades, les Fan zones et les hôtels retenus pour la compétition. Il fallait donc franchir cinq étapes. D’abord s’enregistrer en ligne sur la plateforme Mamalpro pour obtenir le Pass sanitaire en se faisant vacciner ; avoir un test PCR négatif de moins de 48h ou Test TDR antigénique de moins de 24h avant chaque match et se présenter à l’entrée du stade muni de son Pass sanitaire imprimé (avec un code QR scannable) pour y être admis.

Lire aussi :

http://lurgentiste.com/pr-yap-boum-un-pass-sanitaire-qui-est-vendu-quel-que-soit-le-prix-na-aucune-valeur/

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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