Cameroun. Comment le Coronavirus a sauvé les soins de santé mentale

Olive Atangana
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Dans leur document de position dans The Lancet Psychiatry, Carmen Moreno et ses collègues ont relevé la panoplie de services de soins de santé mentale dans le plan de riposte nationale.

La revue scientifique The Lancet Psychiatry pense que le Cameroun « peut servir d’exemple pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire », dans les soins de santé mentale apporté aux populations durant cette épidémie de coronavirus. Particulièrement vulnérable aux problèmes de santé mentale liés à ce virus en raison des défis d’un système de soins de santé faible, d’une main-d’œuvre insuffisante en matière de santé mentale, d’un financement insuffisant pour payer les soins de santé, du manque d’accès aux médicaments de santé mentale et de la complexité accrue des crises humanitaires en cours, le pays de pays de Paul Biya a pourtant su tirer son épingle du jeu.

En effet, dans leur document de position publié dans la revue, Carmen Moreno et ses collègues notent que le ministère de la santé publique (Minsanté) a pris des mesures pragmatiques pour s’assurer que la santé mentale fait partie d’une approche de base des systèmes de santé. Par exemple, au fur et à mesure que l’épidémie évoluait au Cameroun, le Minsanté a requis les services du personnel de santé mentale en l’intégrant dans le plan de riposte. C’est ainsi qu’on a pu les retrouver dans les deux aéroports internationaux à l’avant-garde de la gestion des voyageurs qui devaient être mis en quarantaine pendant 14 jours à leur arrivée, dans les auberges où ces voyageurs étaient logés et des sites d’isolement où des cas positifs avec un Covid-19 léger ont été admis.

Protocole de santé mentale intégré

Une équipe de psychologues du Centre d’opérations de santé publique (PHEOC) a participé à tous les niveaux, y compris la prestation des résultats de laboratoire COVID-19 et le suivi des contacts et cas positifs dans la communauté. Par ailleurs, une sous-unité de soins psychologiques au sein du Système de gestion des incidents a été créée en avril 2020, d’abord au niveau central à Yaoundé, puis dans les dix régions du pays.

« Depuis lors, les agents de santé impliqués dans l’intervention nationale ont reçu des séances d’information et une formation d’une équipe de psychiatres sur les premiers soins psychologiques, la confidentialité et les directives et procédures de gestion du stress élaborées par les psychiatres et l’Unité de recherche opérationnelle du PHEOC ». Un protocole de santé mentale a été intégré. Grace à celui-ci, le personnel de santé mentale a été progressivement intégré dans les équipes d’enquête dans neuf régions sur dix du pays.

Au moment où le pays est actuellement dans la troisième phase de la pandémie, The Lancet Psychiatry se satisfait de ce que la santé mentale est intégrée dans toutes les régions et tous les aspects de la réponse, y compris le counseling avant et après le test, l’engagement communautaire et la prise en charge des patients en isolement ou à l’hôpital.

43 00 personnes touchées par les services de counseling

« Le PHEOC veille à ce que ces services atteignent les groupes à risque, y compris les fournisseurs de soins de santé et les personnes exposées ainsi que la population en général. Le personnel infirmier et les travailleurs non-soignants reçoivent également des services de counseling pré-test et post-test ».  Dans l’ensemble, au Cameroun, entre le 3 mai et le 31 juillet 2020, le nombre de personnes atteintes de ces services était de 22 919 personnes pour le counseling pré-test, 21 009 pour le counseling post-test, 20 880 pour l’interprétation des résultats de laboratoire COVID-19, 14 261 pour la psychoéducation, 4437 pour le soutien psychologique et 249 pour les séances de relaxation.

2365 autres personnes ont été identifiées pour un soutien psychologique à distance par l’intermédiaire du centre d’appels et 388 ont été identifiées pour obtenir un soutien psychologique dans les centres de traitement. Après avoir reçu des résultats positifs, 193 personnes ont reçu du soutien en communiquant avec des psychologues par SMS et 586 en communiquant via WhatsApp.

Partenariat multiforme

Pour parvenir à ces résultats et renforcer la réponse nationale, le Cameroun s’est entouré de partenaires. D’abord, le Minsanté a établit un numéro vert, en collaboration avec la Croix-Rouge camerounaise pour un soutien psychologique. Lequel sera maintenu après la pandémie. Ensuite, un partenariat a été établi entre l’Agence allemande de coopération internationale et iDocta Africa au Cameroun, afin d’apporter un soutien médical et psychologique à distance aux communautés vulnérables, y compris les personnes âgées et les personnes ayant des comorbidités.

Enfin, le Fonds des Nations Unies pour la population et Uni-Psy et Bien-Être ont mis en place un soutien psychologique pour les femmes enceintes et allaitantes, y compris leurs familles, ainsi que les soignantes. « Au Cameroun, les principales parties prenantes commencent à comprendre l’importance de s’attaquer aux problèmes de santé mentale pendant la pandémie de COVIDE-19. Bien que des défis subsistent, le ministère de la Santé s’est engagé à réduire le fardeau de la maladie mentale, et nous reconnaissons que ces efforts devraient aller au-delà de la COVID-19 ».

 

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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