Accidents routiers. L’état de santé des conducteurs responsable de 24% de décès

Soit entre 150 et 320 personnes tuées chaque année pour des raisons médicales liées au conducteur.

Les secteurs de la santé et du Transports veulent désormais prendre en compte le « facteur santé » dans la nouvelle orientation de la politique de sécurité routière. Ceci, parce que l’état de santé des conducteurs automobile est un enjeu important de ladite sécurité routière. En fait, les études ont révélé que le facteur humain constitue la cause la plus importante d’accident de la circulation routière. Soit 70% de taux d’implication.

Et de ce chiffre, « l’état de santé des conducteurs représente à elle seule entre 11 et 24% des causes d’accidents mortels, Soit en valeur absolue entre 150 et 320 personnes tuées chaque année pour des raisons médicales liées au conducteur », tel que le souligne Mbamome Nkendong Divine, directeur du transport routier au ministère des Transports (Mintransports) dans un exposé rendu public au mois de juin 2019.

Dans ledit exposé intitulé « Impact de l’état de santé des conducteurs dans la survenance des accidents de la circulation routière », il est précisé que la combinaison des trois facteurs maladie, alcool et drogues entraîne chez le conducteur d’importants problèmes d’aptitude à la conduite automobile. Ils représentent 62% des causes d’accidents de la circulation routière ; soit en valeur absolue 750 morts chaque année sur nos routes en moyenne.

Dispositif médical ignoré

Pourtant, le Cameroun a un dispositif médical actuel constitué du certificat médical. « Mais dont la délivrance ne cadre pas avec les exigences en matière de visite médicale d’aptitude à la conduite automobile conformément aux dispositions du Code CEMAC », regrette le directeur. Les contrôles d’alcoolémie occasionnels effectués lors des campagnes de sensibilisation, des contrôles routiers et des descentes inopinées sont aussi à mettre à l’actif de ce dispositif médical.

Mais seulement, « A ce jour il est établi que les visites médicales telles qu’elles sont faites dans nos hôpitaux ne répondent pas aux besoins en matière de sécurité routière », peut-on lire dans l’étude du Mintransports.  Pour en attester de cette triste réalité, l’expert de ce ministère convoque une étude menée au Cameroun par l’ONG CARE HELP. Elle a testé 1117 conducteurs professionnels, parmi lesquels 1046 étaient déficients visuels graves, soit 93%.

Maladies à risque et contre-indication

Cet état de santé préoccupant des conducteurs routiers l’est davantage rendu par des maladies à risques dont ils souffrent. Ce sont par exemples, celles cardio-vasculaires comme l’hypertension artérielle. D’après l’étude, non stabilisée, elle peut entraîner des troubles du rythme cardiaque, des arrêts cardiaques, des pertes de connaissances du conducteur.

Les maladies métaboliques comme le diabète, qui est une contre-indication pour les conducteurs qui ont une glycémie déséquilibrée, ou qui ont déjà des complications oculaires ou des membres inférieurs, particulièrement pour les conducteurs professionnels.  L’épilepsie classée dans les maladies neurologiques est une contre-indication à la conduite automobile.  Le risque est la survenue d’une crise au volant, les feux de croisement constituant les facteurs déclencheurs de crises d’épilepsie.

Normes de conduite

Le Mintransports est formel. « Le patient diabétique doit prendre sa glycémie toutes les deux heures lorsqu’il conduit, éviter de prendre son traitement juste avant de prendre le volant mais bien avant. Le risque c’est une hypoglycémie ». Et donc, le glucomètre dans la boite à pharmacie devrait être obligatoire pour tous les conducteurs souffrant de diabète. Pour celui souffrant d’épilepsie, « il conviendrait à la suite d’un examen approfondi, de délivrer le permis de conduire au cas par cas selon des critères médicaux ».

Et à l’étude de conclure que : « L’impact de l’état de santé des conducteurs automobile dans la survenance des accidents de la circulation routière est très important et pas suffisamment pris en compte en matière de prévention et de sécurité routières au Cameroun. Une évaluation régulière et de meilleure qualité de la santé des conducteurs pourrait faire réduire de 50% le nombre de morts sur nos routes ».

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *