(Lurgentiste.com) –La lutte contre le cancer du sein en Afrique, et particulièrement au Cameroun, se heurte à de sérieuses difficultés. Les diagnostics interviennent souvent trop tard, les équipements médicaux appropriés font cruellement défaut et les campagnes de sensibilisation demeurent insuffisantes. Une situation préoccupante qui se traduit par plus de 80% des patientes consultant à un stade avancé de la maladie, réduisant ainsi considérablement leurs chances de guérison.
Appel à la mobilisation
Les 20 et 21 mars derniers, Yaoundé a accueilli le 3ᵉ congrès de la Société camerounaise de Sénologie et de Pathologies Mammaires. Des experts et professionnels de santé venus de divers pays africains y ont échangé sur les défis spécifiques au contexte africain. Les discussions ont porté sur l’amélioration du dépistage, la facilitation de l’accès aux traitements et la recherche de mécanismes de financement innovants pour rendre les soins plus accessibles.
Le Pr Louis Richard Ndjock, Secrétaire général du ministère de la Santé publique, a insisté sur la nécessité d’une action concertée. “La lutte contre le cancer du sein exige un engagement collectif et des mesures concrètes pour inverser la tendance de cette maladie dévastatrice. Seule une coopération internationale nous permettra de développer des stratégies efficaces”, a-t-il déclaré. Le Dr Mouelle Michel, chirurgien oncologue, a pour sa part plaidé pour un plus grand engagement de l’État dans le dépistage.
Situation épidémiologique alarmante
Les chiffres présentés lors du congrès soulignent l’ampleur du défi. Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes camerounaises, touchant environ trois femmes sur dix. Il représente à lui seul 27% des cancers féminins et constitue la première cause de mortalité par cancer dans le pays. Les spécialistes ont également noté une augmentation inquiétante du nombre de cas, avec un quasi-doublement des nouveaux diagnostics en trente ans.
L’espoir vient notamment de la création prochaine d’Instituts du cancer dans les régions du Centre et du Nord. Ces structures offriront une prise en charge complète, depuis le diagnostic jusqu’aux différents traitements. Le Pr Louis Richard Njock a souligné que ces instituts permettraient de réduire significativement la mortalité et de diminuer les coûteuses évacuations sanitaires vers l’étranger.
Organisé sous le thème “Cancer du sein en Afrique subsaharienne : de grands défis pour de faibles ressources”, ce congrès a permis d’identifier plusieurs axes prioritaires. Le renforcement des capacités de dépistage, l’amélioration de la formation des professionnels de santé et la recherche de solutions de financement durables figurent parmi les mesures urgentes à mettre en œuvre pour inverser la tendance actuelle.