Cameroun. Près de 3% de la population souffre de bégaiement

La 23e journée mondiale de trouble de l’élocution se célèbre ce 22 octobre sous le thème : « Voyage des mots, développer sa résilience et apprendre à rebondir ».

Au Cameroun, le bégaiement touche environ 3% de la population, à en croire l’Association Voix-Paroles-Bégaiement du Cameroun (Avopabec). Soit 2% de plus qu’en 2018 ou 1% de la population en souffrait, soit 4% d’enfants et 1% d’adolescents et d’adultes. La 23e journée mondiale de cette pathologie se célèbre ce 22 octobre sous le thème : « Voyage des mots, développer sa résilience et apprendre à rebondir ». Le bégaiement est un trouble de l’élocution qui se qui se caractérise par l’interruption, la répétition ou l’hésitation à prononcer un mot.

D’après les professionnels et orthophonistes, le bégaiement est un handicap qui a une répercussion sur le plan scolaire, professionnel et sur la vie sociale. « Certains individus qui vont commencer à présenter ce caractère vont s’isoler. Ce sont des gens qui ne vont pas prendre la parole en public parce qu’ils seront observés », précise Maoma Souhe Djon, orthophoniste au Centre Orchidée Home Douala. Or, « Plus vous cachez et tentez d’éviter le bégaiement, plus vous bégayez et vous enfoncez dans un cercle vicieux », prévient le Dr Jacoh Soh, Orthophoniste et Président de l’Avopabec.

Tabou et fatalité

D’après ce dernier, « le bégaiement ne constitue plus un tabou ni une fatalité. Il est possible de trouver des solutions. Il faut aussi qu’on arrête de penser que le bégaiement est un phénomène mystérieux ». Et de poursuivre : « Il ne l’est que si l’on oublie de considérer que l’acte de parole présente des aspects multiples : Biologique puisqu’on parle avec son corps ; psychologique puisqu’on parle avec son esprit ; linguistique c’est-à-dire on parle conformément aux lois du langage et sociologique c’est-à-dire qu’on parle pour communiquer avec les autres ».

Facteurs de propagation

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « Le bégaiement n’est plus considéré comme une pathologie mais un trouble de langage ». Entre temps, un ensemble de facteurs concourent à la propagation du bégaiement et participent même parfois à le rendre chronique. Ce sont ceux favorisants (c’est-à-dire on peut avoir le retard de parole, le climat familial tendu, un problème qui vient du système nerveux central), déclenchants (déménagement, changement d’école, séparation ou tout traumatisme affectif). « Parfois les réactions du sujet à son entourage et à ces difficultés viennent alors fixer son trouble », précise le Dr Soh.

Les facteurs psychologiques peuvent aussi parfois entrer en jeu, tout comme ceux liés à l’environnement. « Tous ces troubles sont à la base du bégaiement chez ces personnes », poursuit l’orthophoniste. De manière générale, la cause de cette pathologie est généralement émotive. Aussi, les professionnels font savoir que le bégaiement peut être héréditaire. 10% parce que les facteurs génétiques En effet, dans une famille où vous avez un parent qui a bégayé, il y a une forte probabilité de retrouver des bègues parmi la descendance, même après deux générations. Et cette probabilité héréditaire est de 10%, indique l’orthophoniste.

Traitement et astuces

Le bégaiement reste une manifestation complexe. Il peut apparaître et évoluer de façon différente selon les cas. Mais, on peut guérir de ce trouble. Un bégaiement qui est constaté le plus tôt et pris en charge peut trouver des solutions à 90% aussitôt que l’enfant est accompagné sur le plan de la rééducation orthophonique. « Aujourd’hui, on a des thérapies conventionnelles que nous mettons en avant. Travailler d’abord les pastilles au niveau de l’articulation parce que pour travailler le bégaiement, il faut que la personne articule très bien ; passer à l’acte respiratoire c’est-à-dire travailler le diaphragme pour permettre au niveau de respiration phonatoire inspiration-expiration. Enfin, travailler au niveau de la tonicité pour permettre à cette personne d’avoir une parole fluide », explique le Dr Jacob Soh.

Et cet orthophoniste de donner des astuces pour mieux venir à bout de son bégaiement. « Si vous êtes étudiant, efforcez-vous de participer aux discussions en classe ou en groupe. Avant d’intervenir, dites-vous : si je bégaye, alors je réagirai. Evitez de vous en inquiéter avant de prendre la parole. Vos opinions doivent être entendues : prenez la décision d’exprimer vos opinions et vos idées sans faire de substitutions pour éviter de bégayer », conseille celui qui est par ailleurs bègue.

D’après lui, le constat fait état de ce que pendant plusieurs années, les personnes qui bégaient ont essayé de ne pas bégayer ou tenté de cacher leur bégaiement lorsqu’il se manifestait. « Vous devez cesser de camoufler votre bégaiement car une telle attitude ne fait ne fait qu’amplifier le problème. Plus vous cachez et plus vous vous tentez d’éviter le bégaiement, plus vous bégayez et plus vous vous enfoncez dans un cercle vicieux ».

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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1 réponse

  1. 23 octobre 2020

    […] Au Cameroun, a-t-on conscience que le bégaiement soit un handicap ? […]

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