Le suicide, ce mal tabou au Cameroun

admin
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(Lurgentiste.com)– C’est l’histoire tragique d’Adai, résidente à Maroua. « Ça fait deux ans j’ai failli me suicider. J’en ai parlé à ma mère mais elle ne m’a pas pris au sérieux », a-t-elle déclaré sur les ondes de RFI dans l’émission Priorité santé sur la prévention du suicide. Elle a confié avoir des idées dépressives et suicidaires. Les causes de cette envie de se suicider c’est qu’elle a été victime de « multiples viols dans la famille » par ses grand-frères notamment, quand elle avait entre six à sept ans et « au manque d’attention». Plus grave, « Tout le monde était au courant. Ils ont dit que j’étais responsable. J’en ai parlé au médecin qui m’a dit d’oublier ; que c’est ce qui se passe dans de nombreuses familles », a poursuivi Adai.

Le cas de cette jeune dame n’est pas un cas isolé au Cameroun qui a passé sous cape, la 20e journée mondiale de prévention au suicide le 10 septembre 2022.  L’on a encore en mémoire cette tentative de suicide d’une candidate malheureuse au baccalauréat session 2022, en avalant une bouteille de pétrole et ces deux suicides après des échecs aux examens cette année. Très souvent, les appels à l’aide comme ceux d’Adai ne sont pas entendus. Le constat fait état de ce que la société accorde moins d’importance à la souffrance psychologique et aux idées suicidaires, alors même que les statistiques sanitaires mondiales 2019 révèlent que « le taux de suicide au Cameroun est passé de 4,9 en 2012 à 12,2 pour 100 000 habitants en 2016 et 19,5 pour 100 000 habitant. Soit 17,1 pour les hommes contre 7,4 pour les femmes ».

Conséquence, « la tendance suicidaire est en nette augmentation », alerte Didier Demassosso, psychologue clinicien. En effet, les conflits comme ceux dans le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et à l’Extrême-Nord, les catastrophes, la violence, la maltraitance ou un deuil ; la pandémie de Covid-19 sont associés et augmentent les comportements suicidaires. D’ailleurs, une personne se suicide toutes les 40 secondes selon l’Organisation mondiale de la Santé.

Voilà pourquoi, « Nous ne pouvons pas – et ne devons pas – ignorer le suicide », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS dans un communiqué en juin 2021. Ce d’autant plus que « Chaque suicide est une tragédie ». Les professionnels de la santé mentale disent donc que leur rôle est d’attirer l’attention des pouvoirs publics pour qu’une attention particulière soit accordée à cette problématique.

Pour rappel, le suicide est un acte qui consiste à se donner délibérément la mort. Les causes sont multiples, allant de l’accumulation des frustrations à l’autodestruction, en passant par la dépression, l’accumulation du stress dans la vie. Les signaux qui doivent alerter varient en fonction de l’âge. « Chez l’enfant, c’est un enfant qui se laisse malmener, peut verbaliser son envie de suicide, automutilation, désinvestissement scolaire, retrait social, refus de s’alimenter, etc », indique le Dr Laure Menguene, psychiatre.

Chez l’adolescent, les signes et symptômes sont les mêmes que chez l’enfant « mais avec plus de troubles de comportement au-devant : agressivité, violence, consommation de drogues, conduites antisociales, les tentatives de suicides, etc… ». D’après elle, cette symptomatologie est retrouvée également chez l’adulte. Mais, « avec un désinvestissement socio professionnel, des conduites de départ comme donner des choses qui lui sont chères ». Chez les personnes âgées, le refus de s’alimenter, de prendre ses médicaments, le verbaliser, doit alerter.

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