(L’urgentiste.com)- Nouveau rebondissement au sein de l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC). Le 19 avril prochain, ses membres vont se réunir au Palais des Congrès de Yaoundé, en Assemblée générale Extraordinaire (AGE). « Un seul point sera inscrit à l’ordre du jour : Examen et adoption du Code de déontologie et du règlement intérieur », précise le communiqué signé ce 21 mars du Secrétaire général et dont L’urgentiste.com a eu copie. Selon des indiscrétions, cette AGE pourrait se tenir pendant un ou plusieurs jours. Les participants devront respecter toutes les mesures de protection contre le Covid-19. C’est-à-dire : test de dépistage négatif datant de 48 h, port obligatoire du masque et vaccination contre le virus mortel.
Cette convocation d’une AGE est consécutive à une correspondance du ministre de la Santé publique (Minsanté) adressée le 11 mars 2022, au Dr Guy Sandjon, président de l’ONMC. Dans cette lettre qui intervenait après une série de consultations avec les parties en dissensions au sein de cette institution, Manaouda Malachie lui demandait de « (…) convoquer une Assemblée générale Extraordinaire dès réception de la présente lettre ». Le document précisait même ce sur quoi devait porter l’ordre du jour.
Pour des membres du Syndicat national des médecins du Cameroun (Symec), cela supposait le 11 mars. Ces derniers s’impatientaient d’ores et déjà du « silence du président Sandjon » et l’accusaient même d’avoir « rejeté la demande du Minsanté de convoquer depuis le 11 mars une assemblée générale extraordinaire », avance l’un d’eux. Surtout qu’à cette AGE qu’il fallait tenir avant le 22 mars, « on aurait aussi discuté d’une prorogation du mandat du conseil », avance cette source.
Mise sous tutelle
En effet, au-delà de cette AGE, la fin du mandat du bureau actuel ce 22 mars préoccupe une partie du landerneau médical camerounais. Et pour cause, dès demain 23 mars, « la mise sous tutelle de l’Ordre est presque un acquis », soutient un syndicaliste. C’est-à-dire que « Le Minsanté devient le garant du fonctionnement de l’Ordre ». À ce titre, « il peut proroger le mandat du conseil à titre exceptionnel et réduire au minimum les prérogatives du conseil pendant la période de prorogation. De ce fait, certains services ne seront pas disponibles pendant cette période. Ceux qui en souffriront seront les médecins », explique la source syndicale précitée.
Cette frange de l’opinion convoque l’article 20, alinéa 3 de la loi de 1990 relative à l’exercice et à l’organisation de la profession de médecins au Cameroun. « L’Ordre est doté de la personnalité juridique. Son siège est fixé à Yaoundé. Il est placé sous la tutelle de l’autorité responsable des services de la santé publique », dit l’article. Pour certains médecins contactés, ceci est improbable. « L’ordre est une institution qui ne peut en aucun cas être mise sous tutelle de son autorité administrative », motive un cacique de l’Ordre, médecin de santé publique.
Manipulation ?
À en croire un autre hiérarque en service au Minsanté, « C’est de la manipulation. L’Ordre ne peut pas être mis sous tutelle. Ça n’existe pas. Il n’y a pas de base légale pour cela », argumente-t-il. Faux, rétorque le camp du Symec. Un proche de son ex-président, le Dr Bassong, brandit l’article 32 du décret d’application de la loi de 1990. Lequel stipule : « Lorsque pour une cause autre que celle prévue à l’article 9 alinéa (3) du présent décret, des organes de l’Ordre sont défaillants ou se trouvent dans l’empêchement de siéger ou de fonctionner, le ministre de la Santé publique peut prendre toutes les mesures conservatoires, de nature à faire cesser la défaillance, à rétablir le bon fonctionnement des organes en cause ou, à assurer une saine application de la loi N 90-036 du 10 août 1990 précitée et ses textes d’application ».
Sauf que pour les soutiens du bureau sortant, « Si défaillance, le ministère convoque une AG, peut même prendre toute décision du style prolongation du mandat pour régulariser la situation » motive notre cacique. En d’autres termes, au sein de l’équipe Sandjon, la mise sous tutelle n’est ni envisageable, ni possible. Par conséquent, « Le bureau qui a été élu il y a quatre ans va rester en poste et sera aux affaires jusqu’à ce qu’un nouveau bureau soit élu », argue l’un des membres. Or, selon l’article 28 alinéa 1 de la loi de 1990 et que nous avons consulté, « La qualité de membre du Conseil de l’Ordre cesse en fin de mandat ». Donc ce soir à minuit. En tout cas, il faut trouver le meilleur compromis possible pour la bonne marche et le bien de l’Ordre. Une tâche pour laquelle le président Sandjon semble attacher du prix ! Affaire à suivre.
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