Pour le secrétaire permanent du Programme élargi de vaccination (PEV), il est urgent de mettre en place une loi sur la vaccination au Cameroun.
Quels sont les enjeux et défis de l’introduction de ce vaccin contre le cancer du col de l’utérus au Cameroun en général et dans le PEV de routine en particulier ?
Les enjeux tournent autour de l’incidence du cancer du col de l’utérus au sein de la population camerounaise. Je dois rappeler qu’au Cameroun, on a à peu près 2500 cas chaque année. Près de 90% de ces 2500 cas décèdent et vous comprenez qu’avec cela, nous allons nous ranger du côté de toutes les stratégies qui ont été développées par l’OMS à l’heure actuelle. Notamment, l’appel à l’accélération de la réduction de l’incidence des cancers du col de l’utérus pour environ 4 cas pour 100 mille femmes chaque année et cette stratégie-là tourne autour de la vaccination contre le HPV, la prise en charge correcte des cas de cancer du col de l’utérus et le renforcement du dépistage volontaire des femmes. Le programme vient donc apporter sa modeste contribution à ces stratégies-là qui sont non seulement énoncées au niveau mondial et qui sont mises en œuvre par le gouvernement pour lequel la santé des populations en général et celle des maladies évitables par la vaccination préoccupe. Çà et là, il est rappelé qu’à côté du cancer du col de l’utérus, il y a beaucoup plus d’autres maladies qui sont beaucoup plus meurtrières mais je le réitère en disant : Nous sommes là et allons contribuer justement à réduire une des maladies qui tuent aussi et pour cela il faudra compter avec le Programme élargi de vaccination. Le défi c’est justement de pouvoir améliorer l’acceptabilité de ce vaccin auprès des populations.
De quelles preuves disposez-vous pour attester de la fiabilité et efficacité de ce vaccin ?
Ce vaccin n’est pas un nouveau vaccin. C’est un vaccin qui est utilisé de part le monde depuis plus de 10 ans. Des pays l’ont utilisé et on n’a pas eu l’impression qu’il y avait quelque chose de nouveau. Environ 107 pays actuellement l’utilisent. Ce vaccin a été fabriqué par des laboratoires qui sont connus. Notre système de traçabilité en termes de contrôle qualité de ce vaccin là est connu et nous n’avons pas capturé quelque chose qui peut nous permettre de douter de la fiabilité et de l’efficacité de ce vaccin puisque les chiffres parlent pour eux même. Je me permets de rappeler qu’en 2014 nous avons commencé à vacciner dans ce qu’on va appeler la phase de démonstration de l’acceptabilité et nous avons eu à peu près 65% d’acceptabilité de la 2e dose. Ce qui est quand même indéniable quand on sait que ce pourcentage-là représente quelque chose pour la population, la tranche d’âge. Cette phase de démonstration a eu lieu dans deux Districts de Santé du Cameroun à savoir Edea et Foumban. Donc en termes de traçabilité c’est un vaccin qui est connu, utilisé de part le monde et dont on peut retracer le parcours et nos services contrôle-qualité peuvent en attester.
Quelles stratégies ont été mise sur pied pour contrer les cas de refus et les cas de refus ?
C’est la communication ; apporter la bonne information en temps réel. C’est ce que nous nous efforçons de faire depuis que nous avons planifié cette introduction. Depuis l’année dernière nous aurons dû l’introduire dans le programme mais malheureusement face à certains problèmes logistiques nous n’avons pas pu le faire. Nous avons déployé un plan de communication qui vise à sensibiliser aussi bien au niveau de la proximité la plus proche des communautés à travers nos agents de santé communautaires. Nous avons aussi planifié de faire des rencontres de masse avec les populations pour les sensibiliser davantage. Nous avons planifié des réunions de plaidoyer avec des élites et autorités qui ont voie au chapitre pour pouvoir davantage informer les gens. Nous avons fait des partenariats avec la société civile et les sociétés de médecins, les organisations de la société civile, briefer les médias. Nous avons utilisé les influenceurs web pour passer les messages sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui on peut voir une meilleure lecture de tous ce que nous sommes en train de faire en ce qui concerne cette introduction-là. Apporter la bonne information autour de la maladie et de l’importance de se faire vacciner et de s’en prémunir et nous sommes entrain de continuer à déployer ces activités de sensibilisation pour que le jour dit, nous puissions avoir la masse adhérente la plus importante.
Les comprenez-vous ?
Nous comprenons ces cas de refus. Vous savez quand on touche à la jeune fille dans nos contrées dans toute société c’est quand une tranche d’âge de la population qui est assez sensible. Nous comprenons et nous sommes aussi sensibles parce que nous sommes tous parents et autour de nous, nous avons chacun une fille ou une nièce et nous sommes préoccupés par sa santé. C’est pourquoi nous qui sommes éclairés devons faire en sorte que ceux qui ne savent pas, qui ne peuvent pas comprendre quels sont les enjeux de cette introduction puissent être au courant et bien entendu, nous continuons à apporter la bonne information aux populations. Et nous espérons pouvoir les convaincre comme nous avons l’habitude de le faire aussi bien pour tous les autres vaccins du programme. Je rappelle que nous vaccinons contre 14 maladies et c’est quand même quelque chose de considérables. Nous ne sommes pas à notre première introduction. Nous savons quelles sont les difficultés auxquelles nous allons faire face et avec beaucoup d’énergie et d’engament nous espérons pouvoir y arriver.
Que doit faire un agent vaccinateur ou personnel de santé face à un cas de refus ?
Quand nous menons nos activités de vaccination, nous demandons toujours le consentement des parents même si elle n’est pas formelle. Généralement quand nous faisons face à un cas de refus nous sommes parfois obligés d’essayer encore de convaincre et d’apporter la bonne information. Lorsque nous faisons face à un refus catégorique en général nous ne continuons pas à vacciner. Nous revenons beaucoup plus tard. Parfois ça marche. Rarement ça ne marche pas parce que vous savez, le sentiment anti vaccin existe dans notre société et tant qu’il n’y a pas une loi-cadre sur la vaccination au Cameroun nous allons continuer à faire face à ce type de problème. Mais nous travaillons pour continuer à sensibiliser, à apporter la bonne information, à expliquer et ce n’est pas une anecdote de dire que nous réussissons encore à convaincre beaucoup et les gens sont au courant qu’il faut se protéger et que les maladies existent et qu’il faut se protéger contre ces maladies.
La vidéo devenue virale sur les Réseaux sociaux au sujet d’un cas de refus vendredi dernier n’est-elle pas de nature à faire échouer l’adhésion des populations à la vaccination en générale et au vaccin contre le cancer du col de l’utérus en particulier ?
C’est un incident que nous considérons comme marginal parce qu’en situation de stress il est compliqué pour un individu avec tout ce qu’il y a comme rumeur autour de la vaccination de pouvoir se contrôler. Mais nous pensons que l’incident est clos et que cela ne doit pas normalement faire perdre confiance aux populations. Certes nous sommes à l’ère des réseaux sociaux et tout petit incident peut faire l’objet de quelque chose d’assez sensible et d’assez étendu. Mais cela ne va pas nous arrêter. Si on doit faire le point avec ceux qui sont contre la vaccination et nos supporters je pense que nous avons plus de supporteurs que ceux qui refusent la vaccination. Néanmoins notre objectif est d’avoir 100% de nos populations. Le gouvernement camerounais qui a pour mission de protéger ses populations se doit de se donne les moyens et les gens doivent comprendre que la vaccination n’est pas une affaire de quelques personnes. C’est toute la société qui doit s’y mettre et vivement qu’on puisse mettre en place une loi sur la vaccination comme cela se fait dans d’autres pays.