« Tout candidat qui veut améliorer l’état de la santé camerounaise va travailler à lutter contre les disparités entre les régions Grand-Nord et le reste du Cameroun »

Olive Atangana
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Suite et fin de l’analyse de l’un de nos spécialistes de santé publique des programmes de santé des candidats à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 avec une fleur pour le Grand-Nord…

Dans le Grand-Nord, les indicateurs de santé du Cameroun sont tirés par le bas pour certaines maladies comme la mortalité maternelle et infantile et par le retard pris dans ces régions. Donc les candidats se présentant pour cette élection générale n’ont pas fait une proposition qui est ciblée sur les problèmes du Grand-Nord. Tout candidat, tout responsable de l’administration qui veut améliorer l’état de santé de la santé camerounaise va travailler à lutter contre les disparités entre les régions dites du Grand-Nord et le reste du Cameroun. Mais les problèmes du Grand-Nord sont surtout accentués dans la santé maternelle et infantile avec un lien direct avec la sous-scolarisation de la jeune fille dans le Grand-Nord. Le phénomène des mariages précoces n’est pas aussi étranger à ces scores. Une approche volontariste des discriminations positives de la jeune fille envers les services d’éducation et de santé pourrait être réclamé par les populations du Grand-Nord. Ce serait d’abord de reconnaitre que la population du Grand-Nord surtout la femme, a un problème et de lui donner un accès gratuit sur toute problématique de santé. Il faut enlever la barrière à l’accès. Ça coutera ce que ça coutera mais nous aurons un bénéfice. Nous allons augmenter la survie de la mère et de l’enfant dans ces régions.

Discrimination positive comme le Chèque santé

Le chèque c’est vrai, est une discrimination positive. Mais est-ce qu’une femme qui n’accouche pas n’a pas aussi droit aux soins de santé. Une femme qui a besoin d’accoucher c’est aussi la santé de la reproduction. Pourquoi on ne donnerait pas les deux millions de Fcfa à une autre femme pour aller au Chracerh se faire aussi implanter des enfants. Il ne faut pas voir la pièce d’un seul côté. C’est comme si on donne une prime à celles qui font des enfants et celles qui n’ont pas la possibilité d’en faire on les met où? Donc, ce n’est qu’un seul volet et c’est le volet le plus spectaculaire. Parce que c’est tellement dramatique qu’une femme décède parce qu’elle va accoucher. On a investi là c’est bien mais qu’est ce qui tue les femmes? Ce sont les hémorragies et qui dit hémorragies dit banque de sang. Je ne suis pas sûr que la transfusion sanguine soit aussi accessible dans les endroits où on a donné le chèque. Ça veut dire qu’elle arrive, elle ne dépense pas mais elle sera victime d’un plateau technique inexistant et des conditions de transport qui sont calamiteuses. Donc le développement et en tout, la santé est un domaine qui est le résultats des interactions du développement en général. L’amélioration de la santé des populations ne se trouve pas au ministère de la santé mais au ministère des Finances et de l’Économie. Il faut que les camerounais soient plus riches et qu’au niveau du gouvernement, qu’on fasse des politiques qui sont équitables pour tous. Si on dit que la santé est un droit à tout le monde. Donc, diminuer le nombre de pauvre, faire des politiques équitables sinon nous ne sommes que dans des mesurettes qui sont juste un peu visibles.

Propositions réalistes et faisables ?

Tout est possible sur la terre. Il suffit d’abord d’avoir la volonté. La proportion des personnes qui sont malades n’est pas aussi élevé qu’on le penserait. Si nous voulons que notre Cameroun soit émergent, il faudrait déjà que nous pensons au vieillissement de la population ça veut dire une augmentation du nombre de personnes âgées qui sont susceptible d’avoir besoin des soins élevé. On pense aussi qu’en 2030, on aurait mis le VIH derrière nous mais pour le moment nous en sommes encore en plein et les nouvelles infections ne sont qu’augmenter. Donc la question de santé est évoquée à mon sens de manière marginale. Le Cameroun dépense beaucoup pour la santé mais il dépense mal à cause de la corruption qui rend les investissements plus chers. Les statistiques de la BM montrent qu’après le Nigéria, le Cameroun est le 2è pays ou le patient paye le plus de sa poche. Il faut que les camerounais sachent que c’est eux qui élisent le président et c’est eux qui fixent les priorités. C’est l’actualité qui dirige l’esprit de ceux qui veulent nos suffrages. C’est bien beau de se focaliser sur les femmes enceintes et les bébés mais que dites-vous des 15 000 camerounais qui sont atteints de Cancer? Une femme qui doit donner naissance et elle décède inflige moins de souffrance à sa communauté en dehors de sa perte et de celle de son enfant que quelqu’un qui a un cancer pendant une année. Il va ruiner en une année, les finances de toute sa famille. Il va entrainer des souffrances psychologiques aux gens. Il faut qu’on arrête de focaliser sur les femmes enceintes. Les femmes ont des problèmes de santé parce qu’elles n’ont pas aussi de pouvoir économique et elles n’ont pas le pouvoir de décider aussi de ce qu’elles font de leur corps. C’est pour cela qu’elles sont vulnérables. Donnez-leur de l’argent et une femme va réfléchir qu’accoucher va réduire mon nombre d’années de productivité et elle va faire la planification familiale. Aucun candidat n’a parlé de la politique de la population parce qu’il faut un contrôle des naissances. Vous pouvez avoir la croissance mais si c’est annulé par une croissance démographique plus forte, il y a un problème. Le discours de Monsieur Emmanuel Macron peut choquer mais malheureusement c’est la vérité. Le Ghana veut entrer dans un contrôle de naissance plus stricte et limiter à trois enfants par femme. Il faut qu’on arrête de penser la Santé et le Cameroun dans l’urgence des élections. De tous ces candidats il y a qu’un seul qui a la vision du Cameroun. C’est le candidat Paul Biya qui dit qu’en 2035, son pays doit être émergeant. C’est ça la vision et tout découle d’une vision. Mais un pays ne peut pas être émergeant s’il n’y a pas de système de santé performant, si la population ne vit pas, s’il y’a pas une main d’œuvre pour travailler. Les autres font une liste de mesures et on ne sait pas dans qu’elle vision ça s’inscrit. Il n’y a pas de honte à dire qu’on va tous à l’émergence mais la vitesse peut changer. Ça dépend de la vitesse mais ça peut aussi dépendre du comment. Donc, ils doivent d’abord se prononcer sur la vision, le Cameroun qu’ils veulent. Ils ne l’ont pas dit.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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