Plus de 3000 nouveaux cas confirmés de coronavirus en 25 jours contre 1731 en 55 jours
L’assouplissement des mesures restrictives, à l’origine de l’explosion du nombre de nouveaux cas.
Le Cameroun connait une explosion des contaminations liés au coronavirus. En effet, on est passé de 1755 au cours des 55 jours précédents la pandémie, à 3215 en 25 jours. Ainsi, du 1er 25 mai, le Cameroun a enregistré une hausse de plus de 3000 nouveaux cas. Ce qui porte désormais à 5044, le nombre de malades officiellement déclarés. Bien plus, du 20 au 25 mai, les autorités sanitaires ont notifié 1488 cas.
A l’exception du 17 mai, date à laquelle l’on a notifié 51 cas, le nombre de patients et de décès est de plus en plus croissant. C’est que, la situation épidémiologique présentée dans les Sitrep et déférents point de presse du ministère de la Santé publique fait état de pas moins de 110 cas par jour. Mais le nombre de nouveaux cas a été atteint le 21 mai dernier, avec 528 nouveaux cas confirmés et huit décès, en seulement 24 heures.
« C’est une augmentation suffisamment inquiétante », a déclaré le Pr Eugène Sobngwi le 19 mai dernier, sur un plateau spécial à la télévision nationale. Ce dernier, par ailleurs directeur médical à hospitalité Central de Yaoundé se base lui, sur la période du 2 au 18 mai. Au cours de celle-ci, le Cameroun est passé de 2000 à 3000 personnes infectées. Pareil pour le nombre de décès qui est passé de 61 à 150. (Voir tableau récapitulatif).
Plus grave. « Les cas confirmés que nous avons ne que la face visible de l’iceberg. En dessous, qu’est ce qui est caché ? Les cas en communauté qui ne sont pas traités ou qui vont être diagnostiqués tardivement », a prévenu le 24 mai dernier, le Vice-Président du Comité scientifique des Urgences de Santé publique. Les populations doivent donc savoir que « Nous nous attendons à avoir beaucoup plus de cas sévères, de cas symptomatiques », a également indiqué le Pr Sobngwi, sur le plateau de Scènes de presse à la CRTV.
Assouplissement « suicidaire »
Cette explosion de nouveaux cas fait suite à l’assouplissement le 30 avril dernier, des mesures restrictives éditées par le gouvernement le 17 mars et renouvelées. Selon le Pr Yap Boum, épidémiologiste, cet assouplissement « a eu un impact sur la capacité des populations à pouvoir respecter les gestes barrières ». C’était ce matin, sur la chaîne de télévision internationale France 24. Pour le Vice-président du Conseil Scientifique de Santé publique, « On récolte ce qu’on a semé. L’indiscipline va produire la hausse des cas. Tout comme l’incohérence, l’insistance ».
Car, avec l’assouplissement des mesures, « La population a interprété cela comme une victoire du Cameroun sur la Covid-19. Cette compréhension comme une victoire sur la maladie est entrain de produire ses effets ». En outre, selon les autorités, le Cameroun est passé à la phase de contaminations communautaires, ce qui favorise la flambée de la maladie. En effet, cette deuxième phase est propice à la transmission de la maladie car, les personnes ayant été en contact avec des malades multiplient les rencontres avec des personnes saines.
Mais, certains épidémiologistes notent une évolution naturelle de l’épidémie, selon son modèle de transmission au Cameroun. « Avec des capacités de testing du pays plus fortes, on atteindra la barre de 500 000 cas », prédit d’ores et déjà un médecin. Selon certaines modélisations, 1600 personnes vont infecter 3000 qui à leur tour, vont infecter 6000. Ceux-ci infectent 12 000. « N’oubliez pas qu’il est prévu 4 millions de cas au Cameroun », rappelle un médecin.
Pressions et affluence
« Aujourd’hui, les hôpitaux vivent une pression extrême en raison de la croissance de nouveaux cas confirmés de Covid-19 », dit le Pr Sobngwi. Inquiet. Ce d’autant plus que cette pression concerne les formes graves et sévères de la maladie. Cette affluence est à la fois liée à la croissance du nombre de cas, « mais aussi au diagnostic tardif, à la prise en charge tardive, à la réaction tardive, à la sollicitation tardive du système de santé », énumère ce dernier. L’air grave.
« Phase compliquée de la pandémie »
Il y a quelques semaines, les autorités sanitaires étaient formelles : « Nous maîtrisons l’épidémie », affirmaient-elles. Mais dans un tweet hier 25 mai, le ministre de la Santé publique, a annoncé qu’« Il est important de noter que nous entrons dans une phase compliquée de la pandémie ». En d’autres termes, une phase complexe, avec une accélération de la transmission du virus et donc, une multiplication des nouveaux cas testés positifs. Aussi, « les modélisations qui ont été faites montrent que le pic interviendrait en début juin ou à la mi juin », précise le Pr Yap Boum, par ailleurs Directeur d’Epicentre Afrique (Médecins sans frontières).
Et ce dernier d’expliquer : « A partir de ce moment, ce qu’il faut faire en urgence c’est de de nous assurer que nous avons les capacités non seulement dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala ou Bafoussam mais également dans les districts parce que ce sont les premiers points de chutes de nos malades ». Voilà pourquoi « Dans ces hôpitaux, il faudrait qu’on ait des possibilités de trillages et surtout de protection de nos personnels de santé et qu’ils puissent rediriger vers les centres de prises en charges, ceux qui en ont véritablement besoin », argumente l’épidémiologiste.
L’un des challenges aujourd’hui, est de freiner les nouvelles contaminations. Cependant, « Il va falloir mettre à contribution toute la pyramide sanitaire pour faire face à l’afflux des nouveaux cas de manière à endiguer l’épidémie. C’est pourquoi il faut un sursaut et on ne va pas attendre patiemment. Il va falloir impulser le sursaut », conclu le Pr Eugène Sobngwi.
Tableau récapitulatif (Du 1er au 25 mai 2020)
Jours (mai) | 1er- au 04 | 05 au 08 | 09 au 11 | 12 au 14 | 15 au 17 | 18 au 20 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 |
Nvx cas | 201 | 70 | 419 | 338 | 424 | 275 | 204 | 528 | 112 | 197 | 293 | 154 |
Décès | / | / | / | / | / | / | 06 | 08 | 03 | / | 06 | 06 |
Guéries | / | / | / | / | / | / | 28 | 27 | 14 | / | 43 | 52 |
Sources : Sitrep et Points de presse du Minsanté.