Paludisme. Un 2e vaccin approuvé pour faire face à la disponibilité limitée du premier

Olive Atangana
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(Lurgentiste.com)– Le R21/Matrix-M. Tel est le nom du deuxième vaccin antipaludique que vient d’approuver l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), après le vaccin RTS,S recommandé en 2021. Dans son communiqué rendu public ce 2 octobre, l’organisation onusienne affirme que ce nouveau vaccin est « sûr et efficace ».  Sa recommandation a été faite suite aux conseils formulés par le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE) et par le Groupe consultatif sur la politique de lutte contre le paludisme (MPAG) de l’OMS.

Approuvée par le Directeur général à l’issue de sa réunion semestrielle ordinaire qui s’est déroulée du 25 au 29 septembre, cette recommandation tient surtout lieu de ce que « La demande de vaccins antipaludiques est sans précédent » et que « la disponibilité du RTS, S est limitée ». En effet, « La demande de vaccins RTS, S dépasse de loin l’offre », a reconnu le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. Par conséquent, « Ce deuxième vaccin est un outil supplémentaire essentiel pour protéger plus d’enfants plus rapidement et pour tendre vers notre vision d’un avenir sans paludisme », a-t-il ajouté.

Combler l’écart

L’OMS se réjouit donc de ce que l’ajout du R21 à la liste des vaccins pour prévenir le paludisme chez l’enfant qu’elle recommande, devrait se traduire par une offre suffisante de vaccins au profit de tous les enfants vivant dans des zones où cette maladie constitue un risque pour la santé publique.  « Ce deuxième vaccin permet réellement de combler l’énorme écart entre l’offre et la demande », a précisé la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

De fait, « Disponibles à l’échelle voulue et largement administrés, ces deux vaccins peuvent aider à consolider les efforts de lutte antipaludique et sauver des centaines de milliers d’enfants en Afrique qui autrement seraient emportés par cette maladie mortelle », poursuit-elle. Les prochaines étapes comprennent l’achèvement de la préqualification du R21 par l’OMS. Ce qui permettrait l’achat du vaccin au niveau international pour un déploiement plus large. Il devrait être disponible pour les pays à la mi-2024.

Deux vaccins, taux d’efficacité similaire

L’OMS se montre rassurante en ces « deux vaccins ont montré qu’ils étaient sûrs et efficaces dans la prévention du paludisme chez les enfants ». Ils présentent tous les deux un même taux d’efficacité qui est d’environ 75 %. Néanmoins, il faut souligner que la vaccination seule ne suffira pas pour éradiquer le paludisme. C’est que, d’ici à 2026, la demande en vaccins contre le paludisme pourrait atteindre jusqu’à 60 millions de doses par an, et jusqu’à 100 millions de doses d’ici à 2030, selon l’Alliance du vaccin (Gavi).

D’ailleurs, au mois de juillet dernier, l’OMS, Gavi et l’Unicef avaient annoncé que « face à la forte demande que suscite le tout premier vaccin antipaludique, douze pays d’Afrique se verront attribuer au total 18 millions de doses de RTS, S/AS01 pour la période 2023-2025 ». D’ores et déjà, au moins 28 pays d’Afrique dont le Cameroun prévoient d’introduire un vaccin antipaludique recommandé par l’OMS dans le cadre de leurs programmes nationaux de vaccination.

Au Cameroun, c’est e 2024 que le vaccin contre le paludisme va officiellement être introduit dans le Programme élargi de vaccination (Pev), pour un déploiement dans les 42 districts de santé qui enregistrent le plus grand nombre de décès, pour un début, apprend-on. A cet effet, la livraison de 1,6 millions de doses est prévue en décembre 2023, selon le ministère de la Santé publique.

En rappel, plus de trois millions de cas de paludisme ont été enregistrés en 2022 au pays d’après les chiffres du Programme national de lutte contre le paludisme, pour 2 481 décès, dont principalement des enfants de moins de 5 ans. A noter que le paludisme est une maladie provoquée par des parasites et transmise par les moustiques.

 

Bon à savoir

Le vaccin antipaludique R21 a cinq principales caractéristiques. D’abord, une efficacité élevée lorsque le vaccin est administré juste avant la haute saison. D

ans les zones où la transmission du paludisme saisonnier se transmet pour l’essentiel quatre ou cinq mois par an, il a été démontré que le vaccin R21 permettait de réduire de 75 % le nombre de cas symptomatiques au cours des 12 mois suivant l’administration d’une série de trois doses. Une quatrième dose administrée un an après la troisième permet de maintenir l’efficacité du vaccin. Cette efficacité élevée est similaire à celle démontrée lors de l’administration saisonnière du RTS, S.

Ensuite, une bonne efficacité lorsque le vaccin est administré selon un calendrier basé sur l’âge. Le vaccin a montré qu’elle est de 66% au cours des 12 mois suivant l’administration des trois premières doses. Une quatrième dose administrée un an après la troisième permet de maintenir l’efficacité du vaccin. Viennent en outre le fort impact ; le rapport coût-efficacité et la similitude des vaccins R21 et RTS, S. Enfin, l’innocuité. Les essais cliniques ont montré que le vaccin R21 était sûr. Comme pour les autres nouveaux vaccins, la surveillance de l’innocuité se poursuivra.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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