Paludisme. 843 millions de F pour l’achat des moustiquaires de nouvelle génération au Cameroun

(Lurgentiste.com)- Le budget dédié à l’achat des moustiquaires de nouvelle génération pour le Cameroun s’élève à 843 millions de francs, en 2023. Soit 1,4 million de dollars. Ces fonds seront mis à la disposition du Cameroun par les Etats-Unis, pour contribuer à la lutte contre cette maladie. Concrètement, ils seront remis aux partenaires de mise en œuvre des projets de l’Initiative du Président des Etats-Unis contre le paludisme (PMI). C’est « Généralement une organisation locale ou internationale ou la société civile », indique une source proche du dossier à USAID.

D’elle, l’on apprend que l’achat de ces moustiquaires de nouvelle génération se fera à travers un partenaire de mise en œuvre des projets de PMI, « en occurrence GHSC-PSM ». C’est un programme dont l’objectif est d’assurer un approvisionnement ininterrompu en produits de santé à l’appui des initiatives de santé publique financées par le gouvernement des États-Unis dans le monde entier. Ces moustiquaires sont destinées aux régions du Nord et de l’Extrême Nord en raison de ce que ce « sont les régions que le PMI a choisi d’appuyer à cause du fardeau très élevé du paludisme dans ces régions par rapport à d’autres », explique notre source.

En fait, le choix porté sur cette catégorie de moustiquaires tient lieu de ce qu’elles ont la particularité d’être imprégnées avec deux insecticides : le chlorfenapyr et alpha-cyperméthrine. Ce qui les rend plus efficaces contre les vecteurs résistants. « Ces moustiquaires sont nettement plus efficaces. Nous nous sommes appuyés sur des études de cas des moustiques camerounais qui ont été mis en contact avec ces moustiquaires et nous avons vu qu’elles sont nettement plus efficaces à les tuer. Je pense qu’il faut faire confiance à cette méthode parce qu’elle a fait ses preuves », explique le Pr Charles Wondji, directeur exécutif du CRID.

Comportement de piqûre modifié

Dans la lutte actuelle contre le paludisme, elles ont donc été choisies pour contrer la résistance des moustiques aux insecticides. Ce d’autant plus que le suivi mené par VectorLink a récemment donné lieu à des résultats montrant qu’il y a un changement dans le comportement de piqûre des moustiques anophèles.  Il a ainsi été relevé que l’anophèle femelle (An. Gambiae s.l.), qui transmet le paludisme, a modifié son comportement de piqûre de 18h00 à 6h00 pour piquer désormais de 18h00 à 10h00.

Les Etats-Unis recommandent ainsi de procéder à une pulvérisation d’insecticide à effet rémanent, à l’intérieur des domiciles. Ceci vise à prévenir les piqûres de moustiques tôt le matin, lorsque l’on n’est pas sous la moustiquaire. Mais, « Dormir sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide chaque nuit reste la meilleure stratégie », soutient donc ce partenaire financier. En effet, « C’est vraiment un outil à utiliser », ajoute le Pr Charles Wondji, directeur exécutif du CRID. Surtout qu’« On a montré par des études évidentes que sur la réduction de la mortalité, l’utilisation des moustiquaires a contribué pour près de 70% », poursuit-il.

Faible taux de possession

Sauf qu’au Cameroun, le taux d’utilisation des moustiquaires demeure faible. Seulement 68% des personnes disposant de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (Milda) les utilisent effectivement dans les régions ayant déjà bénéficié de la campagne nationale de distribution en cours, regrette le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). « Il y a des challenges et nous les reconnaissons. C’est d’abord l’utilisation même de ces moustiquaires par les populations », avoue le Pr Wondji.

Ajoutées à ceci, « l’éducation, la communication afin que les populations comprennent l’utilité de ces moustiquaires. Elle est importante parce que c’est le principal outil de lutte que nous avons présentement », poursuit-il. A noter que près de 17 millions de Milda sont en distribution au pays dans le cadre de la 4e campagne nationale gratuite de distribution.

Le paludisme reste l’une des principales causes de mortalité et de morbidité au Cameroun. En 2022 par exemple, de chiffres officiels, plus de 3 millions de cas ont été rapportés par les formations sanitaires du pays ; soit 29,6% de toutes les consultations. « La meilleure façon de lutter contre le paludisme est donc de combiner les stratégies », soutiennent les Etats-Unis.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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