Minsanté. La nouvelle percée des « nordistes » au sein de l’administration centrale

Les fonctionnaires issus de cette aire géographique sont de plus en plus nombreux à occuper des postes stratégiques dans son organigramme.

Les fils du Grand-Nord n’ont jamais été aussi bien servis en nombre de postes stratégiques au ministère de la Santé publique (Minsanté). Les nominations décrétées le 14 mai 2019 par le Premier ministre, Dion Ngute, consacrent la promotion de quatre fonctionnaires originaires de cette partie du Cameroun, qui intègrent désormais l’administration centrale de ce département ministériel. Les nouveaux promus sont d’ailleurs installés depuis hier, 16 mai 2019.

D’abord, le Dr Fanne Mahamat, épouse Ousman. A 48 ans, cette spécialiste de santé publique, native du Logone et Chari à Kousseri dans la région de l’Extrême-Nord, a été propulsée à la direction de la Promotion de la santé (DPS). Une reconnaissance du travail abattu sous son magistère à la délégation régionale de la Santé publique pour l’Extrême-Nord.

Le Dr Vandi Deli, un autre ressortissant du Septentrion, n’a pas manqué le train des nominations du 14 mai. Le jeune docteur en pharmacie de 38 ans est le nouveau boss de la Direction de la Pharmacie, du médicament et des Laboratoires. L’heureux promu est expert du financement basé sur la performance (PBF). Il est par ailleurs le point focal de l’OMS au Cameroun, pour l’approche préqualification et expert en matière d’évaluation des dossiers des demandes d’autorisation de mise sur le marché des médicaments.

Toujours au sein du dispositif central du Minsanté, Manaouda Malachie va dorénavant s’appuyer sur Diaby Ousmane. Ce cadre contractuel d’administration, précédemment sous-directeur du Budget au ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee), a été nommé chef de la division des Etudes et des projets. A l’Inspection générale des services pharmaceutiques et des Laboratoires, un autre « nordiste » prend du galon : Salihou Sadou. Il est le nouvel occupant du fauteuil d’Inspecteur n°2.

Sons discordants

Dans les coulisses du Minsanté, ces promotions sont diversement appréciées. Là où certains cadres saluent cette percée des ressortissants des trois régions septentrionales, d’autres voix critiquent ces choix du ministre. Pour cette frange sceptique de fonctionnaires, « aucun impact n’est à espérer sur la santé déficiente du Septentrion », argue un spécialiste de santé publique. Selon lui, « le ministre devrait plutôt affecter davantage de personnel dans les formations sanitaires du Septentrion, renforcer leurs budgets et mieux les superviser ».

Aux bons soins du Grand-Nord

Autant le dire, les nominations du 14 mai dernier confortent la forte représentativité du Septentrion au niveau décisionnel du Minsanté. Car, en sus du ministre Manaouda Malachie, lui-même fils de l’Extrême-Nord, le poste de secrétaire d’Etat en charge des Epidémies et Pandémies est occupé par l’inamovible Alim Hayatou. Cet originaire du Nord et non moins cacique du RDPC, y trône depuis 24 bonnes années. Quoi qu’un peu effacé, celui qui fait également office de Lamido de Garoua est présenté comme un des barons du gouvernement qu’il a intégré un soir du 19 septembre 1996. Agé de 73 ans, cet inspecteur principal de Trésor, a d’ailleurs fait l’essentiel de sa carrière administrative au sein dudit ministère.

Inspecteur générale (IG) du Minsanté, Emmanuel Maina Djouldé est un natif de l’Adamaoua. L’ancien chef de la division de la Coopération (DCOOP) au sein du même ministère, est un érudit de l’approche PBF, le financement basé sur la performance, mis sur pied dans certaines régions dont le Nord, l’Extrême-Nord et l’Adamaoua.  Il a ainsi cédé son fauteuil en septembre 2017, au Dr Hamadou Ba, un cardiologue tout aussi ressortissant du Grand-Nord.

Mais le tableau est loin d’être complet. Car, il n’est pas exclu d’y voir d’autres arrivées, étant entendu que d’autres nominations sont dans le pipe. Notamment, celles très attendues des délégués régionaux. Quoi qu’il en soit, à la lumière du dernier remaniement de Paul Biya (36 ans au pouvoir) et de ces nominations de Dion Ngute, il apparaît clairement que la santé des Camerounais est désormais aux bons soins Grand-Nord.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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5 réponses

  1. François BMG dit :

    Cet article révèle avec certitude, une graine de journaliste politique dans le style de son auteur. Rare de trouver au Cameroun, dans un article qui traite de la santé, au même endroit, avec rythme et concision, les portraits, la géopolitique administrative, l’analyse, un brin de reportage…et des intertitres suggestifs. Bravo Olive Atangana!

    • Il y’a bien de la politique en santé tu sais…Lool.
      Venant d’un esprit brillant comme toi, j’en suis toute émue et galvanisée. Merci infiniment. Autant pour l’intérêt que pour les conseils et encouragements dans l’optique d’une amélioration constante et permanente de ce rendu qui ne me vaut pas que des amis…Merci…

  2. Mohamadou Kabir Adamou dit :

    Le site fantastique. J’ai adoré.

    • Merci infiniment M. Mohamadou. Ce compliment est une invite à faire davantage pour offrir une information de qualité, originale à nos lecteurs. Merci encore. J’espère pouvoir compter sur vous pour des suggestions et informations…

  1. 5 octobre 2020

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