Médicaments/Cameroun. Africure subit un redressement fiscal d’un milliard de FCFA

Olive Atangana
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(Lurgentiste.com)- Nouveau coup dur pour Africure Pharmaceuticals Cameroon (APC). L’entreprise de production des médicaments basée à Douala vient de subir un redressement fiscal estimé à un milliard de FCFA, révèlent nos confrères d’Investir au Cameroun. Contacté, le Dr Prosper Hiag, le Président du Conseil d’Administration (PCA), confirme l’information et ne cache pas sa désolation.  « Investir a parlé d’une asphyxie. Ce n’est pas une vue de l’esprit. C’est une réalité. Ce qu’on nous réclame c’est plus de 10% de notre chiffre d’affaires », a-t-il indiqué.

Non sans cacher que l’entreprise est dans la tourmente. Ce d’autant plus que les conséquences immédiates de ce redressement ne se sont pas faite attendre. « Nos comptes sont bloqués. Nous ne pouvons pas importer la matière première indispensable à la production, nous ne pouvons pas payer nos fournisseurs », liste le PCA. De lui, l’on apprend qu’Africure a déjà payé 15% de ce milliard que lui réclame l’Etat. Soit 150 millions de Fcfa. « Si l’Etat maintien ce montant, nous allons fermer», affirme ce dernier. Dépité. Des démarches ont déjà été entreprise auprès de la DGI et de d’autres ministères pour trouver une solution.

En fait, ce redressement étalé sur trois exercices est relatif au droit d’accises sur les emballages non retournables, institué dans la loi de finances 2018. Son article 142-9 stipule qu’il est appliqué un droit d’accises spécifique de 5 FCFA par unité d’emballage non retournable. « Mais notre compréhension était qu’il fallait payer 5 FCFA par boite de médicaments et avons payé régulièrement de 2019 à 2021. Mais à notre grande surprise, le fisc nous a dit que ce n’est pas ça et qu’il faut payer par plaquette et sur trois exercices, cela fait 1 milliard de FCFA », a confié le PCA à nos confrères.

Taxe non favorable

A ses yeux, cette taxe n’est pas favorable à l’industrie pharmaceutique. C’est également ce que pensent certains pharmaciens contactés. « L’Etat a créé des droits d’assises supplémentaires sur les médicaments. Or en tant qu’industriel, l’Etat ne doit pas le faire. Cette taxe peut même encore s’appliquer sur les exportateurs mais pas sur les industriels. C’est à se demander si l’Etat veut vraiment aider l’industrie pharmaceutique locale à décoller », s’insurge une source au sein de l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun (ONPC).

A sa suite, le Dr Prosper Hiag, par ailleurs ancien Président de l’ONPC estime qu’« On ne peut pas développer l’industrie locale en autorisant une centaine d’exportateurs de médicaments ». En d’autres termes, l’État ne fait donc pas assez pour soutenir les industriels locaux. Au sein de la corporation, notre source à l’ONPC indique qu’ils sont solidaires d’Africure Pharmaceuticals. « Nous sommes au courant de cette situation et nous plaidons pour un arrangement. C’est quand même la première industrie pharmaceutique locale au pays. Et ce qu’on lui demande de payer ne concerne que les emballages. Si au moins ces emballages étaient recyclables. C’est vraiment dommage», regrette-t-elle.

 

Incendie et impayés de 400 millions

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ceci met davantage à mal l’entreprise, déjà durement éprouvée par un incendie au sein de son unité de production de médicaments le 5 février 2023. Ce qui a endommagé l’un des deux blocs de production. Conséquence, un seul bloc fonctionne actuellement. Le PCA estime à un milliard de FCFA le coût de cet incident. Depuis lors, ses partenaires indiens et lui s’activent pour relancer la production. Entre temps, la reprise du fonctionnement optimal de l’usine en est projetée au mois de décembre prochain.

Au ministère de la Santé publique (Minsanté), nos sources proches du dossier confient que le sujet préoccupe. « Il y a eu plusieurs réunions à ce propos auxquelles nous avons pris part. Les responsables d’Africure avaient plusieurs doléances à soumettre à l’Etat comme les exonérations de certaines taxes. Par exemple sur les appareils importés », indique l’une d’elle. Pour ne rien arrangé, l’entreprise fait face à des impayés de la part de l’Etat.

En effet, Africure Pharmaceuticals Cameroon réclame des impayés de 400 millions de FCFA à la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables médicaux essentiels (Cename), après la livraison des médicaments essentiels aux hôpitaux publics. Malheureusement, depuis 2019, « l’État peine à payer ses factures auprès de notre entreprise, et cela réduit notre marge de manœuvre auprès de nos fournisseurs », s’est plaint le PCA auprès de nos confrères.

A noter que l’unité de production de cette entreprise a été inaugurée le 21 février 2018 par le Premier ministre, Philemon Yang. Elle a coûté environ 5 milliards de FCFA. La production a démarré en 2019 avec en moyenne 200 millions de comprimés, gélules, sirop secs, fabriqués par an. Ce qui représentait 20% de la production annuelle de l’usine estimée à un milliard de comprimés à en croire le Dr Hiag. L’usine a même augmenté le nombre de références passant de 15 au démarrage à une soixantaine à ce jour.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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