Maroua. Les insuffisants rénaux crient leur colère après plus d’un mois sans soins médicaux

Olive Atangana
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Mme Ndjile: "Si rien n'est fait nous allons tous mourir"

A l’origine, une panne des machines d’hémodialyse. 20 d’entre eux ont déjà trouvé la mort, d’après certains.

« Nous voulons des réponses à nos préoccupations » ; « 20 morts en un mois. Trop c’est trop » ; « 45 vies en danger de mort au centre d’hémodialyse de Maroua ». Voilà des morceaux choisis de messages brandit le 30 novembre 2020 par les malades d’insuffisance rénale du Centre d’hémodialyse de Maroua. Ils sont allés crier leur détresse à la direction de l’hôpital régional de Maroua (HRM), après plus d’un mois sans soins, à cause d’une panne des machines. En effet, sur les 8 machines dont dispose ce Centre qui est opérationnel depuis 2012, seules 3 sont fonctionnelles, pour 45 personnes.

Conséquence, 20 malades ont perdu la vie au bout d’un mois, tel que l’informe dans les colonnes du journal L’œil du Sahel, Jean-Blaise Hamadou, un patient. « Nous allons tous mourir si rien n’est fait », alerte Mme Ndjile, une patiente. Surtout que depuis un mois, « aucune attention n’a été accordée à ce problème », fulmine Josue Tsemeye, patient. Plus grave à leurs yeux, aucune communication n’est faite aussi bien par les responsables du centre que par l’administration de l’hôpital, dénoncent ces patients.

Or, L’administration de l’hôpital, indique que le processus de remise en état des machines est enclenché. La réparation de ces machines devrait commencer ce mercredi 2 décembre. « Les choses s’arrangent. Tout va se remettre dans l’ordre », rassure au journal régional, le Dr Gérard Fetse Tsama, directeur de l’HRM. Seulement, « On ne va pas se contenter de tout va rentrer dans l’ordre. On veut des résultats. Nous sommes déjà constitués et prêts à exiger les soins auxquels on a droit », argue Frangin Clément, représentant des patients.

En fait, c’est cette année que les générateurs devraient être changés et tous les équipements renouvelés. « Mais avec l’avènement de la pandémie ça a dû prendre un peu de retard », explique le Dr Fetse. Et le directeur de l’HRM de préciser : « La maintenance quant à elle se passe quotidiennement. Nous avons eu un problème avec la salle d’eau, il y a des techniciens qui sont venus poser le diagnostic. Ils ont essayé de remettre en service les équipements qui ne marchaient pas. Ayant posé le diagnostic, on a fait une commande des pièces et le technicien est revenu au Cameroun depuis samedi (28 novembre, Ndlr), parce que les pièces ne se trouvent pas ici. Ils sont revenus avec les pièces et les travaux sont supposés reprendre d’ici 24 à 48 heures ».

Solutions Palliatives

Entre temps, ces sont obligés de parcourir plus de 200 kilomètres de route pour se rendre au Centre d’hémodialyse de Garoua. « Nous savons qu’ils sont en train de suivre leurs traitements à Garoua et nous travaillons en collaboration avec Garoua. D’ailleurs nous avons déployé à Garoua les kits pour la prise en charge de ces malades », informe le Dr Gérard Fetse. Sauf que cette alternative « coûte énormément cher pour beaucoup de personnes, qui même sur place ici à Maroua n’arrivent pas à se faire une séance par semaine. C’est très coûteux », dit Frangin Clément.

De plus, dans cette ville, le traitement constitue une véritable épreuve de nerfs. « Tu peux aller à l’hôpital à 6 heures du matin, mais c’est à 8 heures parfois 10 heures du soir qu’on te reçoit. La priorité étant accordée aux malades du centre. Il faut parfois passer la nuit à l’hôpital, à même le sol pour ceux qui n’ont pas des connaissances », relate le représentant des patients.

Et ce n’est pas tout. « Pour une séance censée durer 4 heures, on ne vous accorde que 2 heures », poursuit ce dernier. Ce qui fait qu’à Garoua, « Il y a des malades qui sont dans le coma », soutient Mme Ndjile. Voilà pourquoi « Nous voudrions que l’État nous écoute et que le problème soit résolu de manière permanente. Nous avons besoin des soins comme tous les autres camerounais », plaide Frangin Clément.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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