Maroua. Comprendre la nouvelle grogne des insuffisants rénaux

Usés par trois mois de calvaire, ils s’insurgent contre les promesses non tenues par le staff administratif de l’hôpital régional de Maroua.

A Maroua, les insuffisants rénaux ont à nouveau exprimé leur ras-le-bol le 13 janvier 2021. Un mois et demi après la première grogne du 30 novembre 2020, ces malades sont toujours privés de séances de dialyse à Maroua. C’est que, la situation s’est empirée dans ce centre de dialyse. A ce jour, aucune machine sur les 8 dont dispose ce centre n’est fonctionnelle. Pourtant en novembre dernier, au moins trois de ces équipements étaient encore opérationnels. Les dialysés de l’Extrême-Nord s’insurgent surtout contre les promesses non tenues par le staff dirigeant de l’hôpital régional de Maroua.

En effet, au cours de la manifestation du 30 novembre, les responsables de cet l’hôpital avaient donné le délai d’une semaine pour réparer les machines en panne. Dans la foulée, on avait aussi annoncé l’acquisition de nouvelles machines. « Presque rien n’a été fait. Nous ne pouvons toujours pas faire nos séances de soins à Maroua. Nous sommes obligés d’aller à Garoua depuis près de trois mois », indique dans les colonnes du journal L’œil du Sahel, Frangin Clément, porte-parole des patients.

De lui, l’on apprend qu’une équipe de techniciens était venue travailler pour la salle d’eau. Mais, elle « est partie sans qu’il n’y ait une solution ».D’où la colère des patients, qui n’ont pas manqué d’exprimer leurs revendications. Morceaux choisis: « Nous voulons la réouverture de notre centre d’hémodialyse » : « Le centre d’hémodialyse de Maroua est un mouroir à ciel ouvert » ; « Nous avons assez souffert du calvaire du voyage Maroua-Garoua »

Saturation à Garoua

En attendant que les choses s’arrangent au centre de Maroua, la quarantaine de malades soumis à l’hémodialyse est désormais référé au centre de Garoua, dans la région voisine du Nord. Mais cet afflux de patients sature le service. Conséquence : alors que la durée normale d’une séance de dialyse est de 4 heures, le nombre de malades qui attendent a obligé les responsables de l’hôpital régional de Garoua à réduire ce passage à 3 heures et parfois moins. De plus, « Les machines tournent 24/24 et ce n’est pas facile », explique Bouba Brahim, président de l’association des malades d’insuffisance rénale de l’Extrême-Nord.

La situation est d’autant plus préoccupante qu’« à Garoua, il ne reste que 5 machines, les autres étant en panne », informe ce dernier. Hier, le ministre de la Santé a tenu à préciser que « le service de liaison entre Maroua et Garoua où les patients sont référés, est assuré par nous à travers des ambulances affrétées en aller et retour à zéro FCFA ». Dans la même sortie, Manaouda Malachie qui informe que le Centre de Maroua « fait l’objet d’une réhabilitation et devrait normalement être opérationnel », se garde d’avancer une date précise pour la résolution du problème.

Pour mémoire, le 9 décembre 2020, le Minsanté avait affirmé devant la représentation nationale, que l’activité devait reprendre le 12 décembre au Centre de Maroua. « Nous nous sommes rendu compte qu’il y a un appareil défectueux au Centre d’hémodialyse de Maroua et nous avons commandé. Il pourrait arriver d’ici un jour ou deux jours », déclarait-il devant les députés réunis en séminaire d’information des parlementaires sur la politique de développement des infrastructures de santé à l’Assemblée nationale.

« Bamenda a à peine fait une semaine, ils ont eu des machines ».

Selon le directeur de l’hôpital régional de Maroua, le retard observé dans la remise en service des machines est dû à des problèmes techniques. « Nous ne sommes pas responsables de la technique. Depuis un mois, nous sommes en train de tout renouveler. Il fallait tout réinitialiser », explique le Dr Gérard Fetse Tama. Et donc, « Donnez-nous encore un peu de temps. Nous avons bon espoir que d’ici la fin de la semaine que tout sera revenu à la normale », plaide-t-il.

Sauf que du temps, ces patients déjà usés par les voyages entre Maroua et Garoua pour leurs séances, les tracasseries et dépenses qui en découlent, n’en ont pas. « Nous avons perdu deux d’entre nous et vous nous demandez toujours de patienter. Bamenda a à peine fait une semaine, ils ont eu des machines. Et on nous nargue en nous montrant ça à la télévision. C’est ce qui nous a même révoltés », fulminent les malades.

Le fournisseur au banc des accusés

Pour essayer d’apaiser les esprits surchauffés, le Dr Fetse Tama a initié une séance de travail mercredi avec les représentants des malades. « L’on apprendra de cette rencontre que l’hôpital a passé une commande de nouvelles machines dont le virement de plus de 100 millions de FCFA a été effectué auprès du fournisseur depuis près d’un an. Le fournisseur, à en croire les responsables de l’hôpital, a promis de livrer lesdites machines d’ici la fin du mois », rapporte le journal L’œil du Sahel.

En rappel, le centre d’hémodialyse de Maroua est opérationnel depuis mars 2012. Il aura coûté la somme de 660 millions de Fcfa. Les machines ont pris de l’âge et devaient être remplacées depuis un an.

 

 

 

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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