Mada/Extrême-Nord. Le seul hôpital de la zone ferme ses portes
(Lurgentiste.com)- Coup dur pour les populations de Mada dans la région de l’Extrême-Nord. Son l’hôpital privé helvétique, seule formation sanitaire de la zone, a provisoirement cessé ses activités. D’après nos confrères de L’œil du Sahel, la demande est venue de son organe dirigeant, le comité de l’Association Helvétique de Mada présidé par Pietro Antonini, après une attaque de la secte terroriste Boko Haram le samedi 2 juillet 2022.
De sources locales au journal, l’attaque est survenue aux environs de 4h30. Les assaillants habillés en noir sont arrivés à bord des motocyclettes. Ils ont fait irruption à l’hôpital et ont immédiatement ouvert le feu, tuant le gardien de cette formation sanitaire. A ce bilan, s’ajoutent une voiture et une motocyclette brûlées. Ils ont néanmoins épargné les autres services de cet hôpital, de même que les malades qui étaient en salle d’hospitalisation.
«Quand ils sont arrivés à l’hôpital, ils ont défoncé l’entrée et ont ouvert le feu. Quand on analyse le déroulé de l’attaque, il n’y a aucun doute que les assaillants ont minutieusement préparé leur coup», confie à nos confrères, un personnel de cet hôpital. D’après les informations internes au journal, près d’une dizaine de militaires étaient de garde à l’hôpital. Ne faisant pas le poids devant les terroristes venus en grand nombre, les soldats ont préféré opérer un repli.
L’hôpital de Mada, est l’un de mieux équipé et l’unique dans cette zone à pouvoir pratiquer par exemple des opérations de chirurgie de guerre. Les patients affluent généralement du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigeria. Les factures sont réglées par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui, grâce à un partenariat avec l’hôpital, assure des soins gratuits pour toutes les personnes prises en charge pour des blessures de guerre.
Il a été créé en 1975 par le Dr Giuseppe Maggi, un médecin suisse qui a passé l’essentiel de sa vie et de sa carrière au Cameroun jusqu’à sa mort en 1988. Cette structure sanitaire compte 150 lits et a consulté en 2021, près de 10 000 patients pour 3100 hospitalisations. Bien que provisoire, il est certain que cette fermeture va donc affecter l’accès aux soins de santé à de millier de personnes.
A noter que ce n’est pas la première fois qu’un hôpital de cette région est attaquée. Il y a un an, celui de Tourou, non loin de la frontière avec le Nigeria, avait été incendié par Boko Haram sans faire de victimes. Dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où l’armée et les séparatistes se livrent une guerre sans merci depuis cinq ans, les hôpitaux sont régulièrement la cible des attaques terroristes.