Lutte contre le choléra. Les stratégies infructueuses du gouvernement ?
(Lurgentiste.com)– Distribution des kits de potabilisation d’eau et désinfection systématique des communautés et des maisons où les cas ont été déclarés. Telle est la stratégie du gouvernement camerounais déclinée à l’Assemblée nationale par le ministre de la Santé publique, pour contrer le choléra et limiter la propagation de la maladie au Cameroun. A ceci, il faut ajouter la surveillance épidémiologique sur toute l’étendue du territoire, les tests de dépistage et la prise en charge gratuite des cas dans les unités de traitement. Le tout résumé en surveillance épidémiologique et celle à base communautaire
C’est-à-dire les activités orientées vers la communauté. « Donc que ce soit l’identification des cas, la désinfection des maisons, la sensibilisation des populations, la prise en charge des cas légers», explique le Dr Daniel Mabongo, épidémiologiste de terrain. Et ce dernier d’expliquer : « Il ya deux types de mesures de contrôle dans une riposte en santé publique. Celles de contrôle immédiates c’est-à-dire les actions que l’on prend en urgence pour préserver le poids de la maladie sur les indicateurs de santé. Ce sont les actions pour limiter de manière immédiate la transmission de la bactérie. Ceci va juste résoudre le problème pendant un temps parce que ces activités sont communautaires ».
Sauf que, c’est cette stratégie du gouvernement utilisée depuis de nombreuses années contre cette maladie diarrhéique, pour des résultats mitigés pour certains, infructueux pour d’autres. D’abord, parce que le choléra est une maladie hydrique dans un contexte où l’eau potable est de moins en moins accessible pour de nombreux camerounais. Ensuite, « L’épidémie est survenue parce qu’il y a des facteurs de risque qui ont été identifiés. Ce sont les problèmes d’assainissement de l’environnement et d’approvisionnement en eau. Tant que ces problèmes ne sont pas résolus, nous auront toujours les épidémies dans certaines zones particulières où ce phénomène est grandissant », martèle un épidémiologiste de terrain.
« Gaspillage d’agent »
Pour lui, les solutions actuelles sont « du gaspillage d’argent ». Ce d’autant plus que « L’un des meilleurs moyens de prévenir cette maladie est l’utilisation de l’eau potable et l’assainissement de l’environnement », insiste Albert Ze, économiste de la Santé. D’où l’importance pour chaque département ministériel, de jouer sa partition comme l’indique le plan national de lutte contre le choléra de 2018, actualisé au Minsanté.
« Ce n’est pas le ministère de la santé qui doit donner l’eau aux populations, faire l’hygiène et l’assainissement. Le choléra n’est pas un problème qui peut être résolu par le ministère de la santé publique. Tant que les autres ne vont pas jouer leurs partitions, nous aurons toujours des périodes sans et avec choléra. Notamment pendant la saison des pluies », regrette notre épidémiologiste précité.
Risque d’endémie
En tout cas, le choléra risque de devenir endémique au Cameroun. En effet, « Si le Cameroun continue à être en épidémie de choléra de manière continue comme c’est le cas, nous risquons d’être déclaré pays endémique au choléra par l’Organisation mondiale de la Santé », insiste l’épidémiologiste de terrain. De manière précise, un pays est déclaré endémique à une maladie lorsque des cas positifs sont enregistrés de manière consécutive durant les cinq dernières années et avec une preuve de transmission locale c’est-à-dire endogène. « Ça veut dire que le seuil épidémique sera différent et il y aura des activités permanentes de contrôle un peu comme avec le paludisme », explique notre source précitée.
C’est que, les épidémies de cette maladie diarrhéique sont devenues récurrentes au pays depuis 2018. La dernière en date déclarée en octobre 2021 est toujours en cours. Soit neuf mois déjà, malgré les stratégies déployées par le gouvernement à travers le ministère de la Santé publique, pouvoir réduire son taux d’incidence, de mortalité et préserver le poids de la maladie sur les indicateurs de santé. Au 28 juin 2022, les statistiques affichaient 9326 cas, 177 décès enregistrés pour 7 régions en épidémie.