Pourquoi les avocats décèdent plus de Covid-19 au Cameroun
Entre le début de l’épidémie et le 9 juin 2020, quatre avocats sont déjà décédés. Soit plus de 10% des décès de coronavirus dans tout le pays.
Au 9 juin 2020, le Cameroun enregistrait officiellement 215 décès liés au Coronavirus. La profession d’avocat est celle au sein de laquelle l’on dénombrait la grande majorité de ces décès. « Depuis le début de la pandémie à coronavirus au Cameroun, quatre avocats sont déjà décédés à la date du 9 juin 2020 », note le Dr Roger Etoa, médecin de santé publique. Constat fait au terme d’une étude préliminaire à l’issue de laquelle il est parvenu à la conclusion que l’avocat appartient à une profession à fort risque de décès de Covid-19.
« C’est la profession où on enregistre une telle mortalité. C’est plus de 10% des décès de coronavirus dans tout le pays », précise celui qui est par ailleurs le président du Remedic. Selon lui, quatre grandes causes peuvent expliquer cette situation. D’abord, l’avocat est membre d’une « catégorie professionnelle élitiste, aux revenus financiers importants ». Aussi, peu d’avocats exercent une activité physique, et « il est extrêmement rare de voir un avocat sans voiture ou exécutant des tâches physiques », poursuit le Dr Etoa. La conséquence est la prévalence élevée de comorbidité au sein de la profession (diabète, hypertension artérielle, etc.).
Tranche d’âge à risque et environnement de travail
Troisième facteur et pas des moindre, la tranche d’âge. En effet, le Dr Roger Etoa analyse que les avocats sont très représentés dans la tranche d’âge à risque de décès. « Les personnes qui décèdent de Covid-19 ont majoritairement un âge supérieur à 40 ans, voire 50 ans », fait savoir ce dernier. Or la pyramide des âges des avocats est dominée par des individus relevant de cette tranche.
Le médecin de Santé publique soutient en définitive que l’environnement de travail des hommes en robes noires est propice à la contamination. Ce d’autant plus que les bureaux et salles d’audience des tribunaux sont exigus et mal aérés. Bien plus, les avocats partagent les mêmes mobiliers de travail (bancs d’audience, tables de bureau, poignets de portes). À cela s’ajoutent la rareté ou l’absence des programmes de désinfection des salles d’audience et bureaux des avocats et la quasi-impossibilité de recourir au télétravail ou au travail alterné.