Le vaccin antipaludique ne sera pas disponible au Cameroun avant 2023
(L’urgentiste.com)- Les Camerounais devraient encore attendre au moins un an pour faire vacciner leurs enfants contre le paludisme. Selon le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), le « RTS,S », tout premier vaccin antipaludique homologué par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sera disponible au Cameroun « probablement en 2023 ». Ceci, « à cause des préparatifs nécessaires », informe le Dr Dorothy Achu Fosah, Secrétaire Permanent du PNLP. Ce sont notamment, « La définition des zones prioritaires, quantification, mobilisation des ressources, formations, distribution… », liste-t-elle. Et de poursuivre : « Mais avant, nous devons discuter avec les autorités pour mobiliser les financements », précise-t-elle.
En fait, dans les politiques publiques de santé, le Programme élargi de vaccination (PEV) prévoit l’introduction d’un vaccin au moins une année avant. « Le secteur public a besoin de plus de temps pour introduire une nouvelle intervention. Les stratégies à mener en 2022 par le gouvernement sont validées en l’année N-1. Donc, 2021. Ce qui n’est pas encore le cas », explique ce médecin de santé publique. Toutefois, elle se veut toutefois claire : « Ce vaccin n’est pas la solution miracle contre le paludisme. Il sera utilisé avec les autres méthodes de lutte pour optimiser la protection des enfants ». Donc, « Nous n’allons pas abandonner les méthodes actuelles de lutte. Pour plus d’impact nous devons continuer à utiliser les Milda, le TPI ou CPS chez les enfants et le diagnostic précoce et traitement adéquat des cas », poursuit-elle.
Prudence
Dans le milieu médical, l’annonce de ce vaccin est diversement accueillie. Au Cameroun qui enregistre plus de 2500 décès liés au paludisme chez les enfants de moins de 5 ans chaque année selon les chiffres officiels, l’annonce faite par l’OMS le 6 octobre 2021 « est une très bonne nouvelle », a d’emblée déclaré le Dr Dorothy Achu Fosah. En effet, ce vaccin qui agit contre le Plasmodium falciparum transmis par les moustiques est « une arme de plus pour lutter contre la maladie et réduire l’incidence du paludisme », indique-t-elle. Pour une frange, la prudence reste de rigueur. « L’annonce paraît comme une nouvelle prometteuse mais le bémol est qu’il a un taux d’efficacité de 30% », fait savoir le Dr Roger Etoa, médecin de santé publique.
Toutefois, « Si on réduit déjà de 30% la mortalité du paludisme qui a tué 4125 personnes en 2020 au Cameroun, c’est déjà un pas. On va donc continuer d’espérer que ce type de vaccin va continuer à être amélioré, qu’il est sûr et n’aura pas d’effet indésirable important pour pouvoir susciter l’adhésion des populations qui sont déjà majoritairement anti vaccins », poursuit-il. Un cadre au ministère de la Santé publique y voit même une volonté d’« améliorer la politique vaccinale en Afrique afin d’écouler les vaccins contre le Covid-19 ».
Changement des comportements
Selon l’économiste de la Santé Albert Ze, l’éradication du paludisme ne passe pas nécessairement pas par le vaccin et les moustiquaires. « Les pays Européens, le Paraguay, l’Argentine, l’Algérie, le Cap-Vert et bien d’autres ont réussi la lutte contre le paludisme sans aucun vaccin », soutient-il. Car, « le paludisme n’est rien d’autre qu’une maladie de la pauvreté et de la saleté ». La bonne stratégie devrait donc prôner un changement de comportements des populations« comme cela s’est fait en Europe et autres ».
En tout cas, le calendrier vaccinal prévoit 3 à 4 doses du « RTS,S ». Les trois premières sont administrées pendant la première année de vie de l’enfant et un rappel est fait à 15 mois. L’OMS recommande un déploiement massif de ce premier vaccin antipaludique chez les enfants vivant en Afrique subsaharienne et dans les zones à risque. « L’utilisation de ce vaccin en plus des outils existants pour prévenir le paludisme pourrait sauver des dizaines de milliers de jeunes vies chaque année », a déclaré dans un communiqué le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. Sur les starting bloc aussi, « Matrix-M », un vaccin candidat développé par l’Université d’Oxford. Il affichait une efficacité de 77% lors d’essais de phase II. Il pourrait être homologué d’ici 2023.
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