Ils réclament d’une part, que cette prime de « technicité agent technique » amputée leur soit intégralement restituée et d’autre part, une revalorisation salariale.
Nouveau rebondissement dans ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire de la réduction des salaires des médecins ». Dans une pétition mise en ligne ce 27 juillet 2020 au soir, « Le Collectif des médecins indignés » a saisi le Président de la République. « Nous sommes stupéfaits par le moment choisi pour nous ponctionner notre salaire qui est l’un des plus faibles comparé aux autres pays africains de même niveau économique », écrivent la centaine de médecins travaillant pour le compte de l’Etat, à l’attention de Paul Biya.
En effet, ces fonctionnaires ont « été consternés par le retrait de 2400 Fcfa» de leur salaire de ce mois de juillet. Ceci, « Sans aucune explication préalable ; alors que nous sommes encore plongés dans la bataille contre la Covid19 dans laquelle plusieurs de nos confrères ont perdu la vie », s’indignent-ils. Pour eux, « Cette soustraction semble incongrue ». Surtout au moment où « partout ailleurs, des professionnels de santé sont acclamés avec revalorisation du salaire ».
Naturellement donc, « Nous nous attendions plutôt compte tenu des efforts consentis pour la lutte, à une revalorisation conséquente de ce salaire pour que les médecins puissent vivre dignement de leur métier et fournir en toute quiétude les soins adéquats aux populations en cette période de crise sanitaire », poursuivent-ils.
Ils réclament ni plus ni moins, « que d’une part, cette prime amputée nous soit intégralement restituée et d’autre part une revalorisation salariale à la hauteur de nos longues années d’étude, de la complexité de notre mission et des efforts parfois surhumains que nous réalisons pour tenir bon face à cette crise sanitaire sans précédent ».
Prime de la discorde
L’affaire fait grand bruit dans le corps médical. En rappel, tout part de la suppression de la prime de « technicité agent technique », code 242, d’un montant de 2400 Fcfa. C’était la seule prime servie aux personnels des corps de la santé avant le décret de février 2002 leur attribuant les 3 primes de santé (prime de santé publique, prime d’astreinte et prime de technicité). Or, le texte de 2002 l’a supprimé pour en créer créer 3 : technicité corps-santé, santé publique, astreinte, dont la somme totale des trois dépasse 40 000 Fcfa.
Dans la mesure où c’était une prime indue, elle ne devait donc plus figurer dans les salaires depuis 2002, d’après certaines sources. « Il y avait un doublon dans les salaires. Si l’État doit appliquer la règle, on devrait faire un redressement à tous les fonctionnaires qui en bénéficiaient », explique Sylvain Nga Onana, président du Syndicat CAP/Santé. « Ce qui est choquant c’est la manière. Aucune communication à ce propos. Le timing de cette décision a été une fois de plus mal choisit », argue un médecin sous anonymat.
Certains affirment que c’est dans le cadre de l’assainissement du fichier solde que cette prime aurait été retirée ce mois. A en croire d’autres, c’est « une erreur humaines » survenue au niveau du fichier solde. Nos tentatives d’entrer en contact avec des responsables au ministère des finances ont été vaines. En tout cas, en attendant l’arbitrage du chef de l’Etat, au 26 juillet, les statiques officielles indiquaient que 763 personnels de santé ont été infectés au coronavirus, pour 17 décès.
LETTRE DU « COLLECTIF DES MEDECINS INDIGNES » A PAUL BIYA
Mr le Président de la République,
Nous médecins fonctionnaires avons découvert avec stupeur une amputation de notre salaire d’une prime de 2400 FCFA. Alors que nous sommes encore plongés dans la bataille contre la Covid19 dans laquelle plusieurs de nos confrères ont perdu la vie, nous sommes stupéfaits par le moment choisi pour nous ponctionner notre salaire qui est l’un des plus faibles comparé aux autres pays africains de même niveau économique.
Excellence, Mr le Président de la République, nous nous attendions plutôt compte tenu des efforts consentis pour la lutte, à une revalorisation conséquente de ce salaire pour que les médecins puissent vivre dignement de leur métier et fournir en toute quiétude les soins adéquats aux populations en cette période de crise sanitaire. Tous les pays du monde ont procédé à une revalorisation pour encourager les professionnels de la santé. Pourquoi le Cameroun s’illustre plutôt par la persécution et la faible considération de ses soldats de la santé ?
Monsieur le Président de la République, vous avez fait de l’humanisation des soins votre cheval de bataille. Cela devrait passer par un traitement bienveillant des agents de la santé en plus du relèvement du plateau technique de nos formations hospitalières.
Nous réclamons en définitive que d’une part, cette prime amputée nous soit intégralement restituée et d’autre part une revalorisation salariale à la hauteur de nos longues années d’étude, de la complexité de notre mission et des efforts parfois surhumains que nous réalisons pour tenir bon face à cette crise sanitaire sans précédent.
Recevez monsieur le Président de la république, notre très haute et déférente considération.