Innovation. Le Cameroun homologue 5 traitements de Covid-19 à base de plantes naturelles
CoroCur, Adsak Covid, Elixir Covid, Palubek’s et Soudicov plus. Tels sont les cinq traitements à base de plantes naturelles homologués par la Commission nationale du médicament du ministère de la Santé publique au Cameroun à l’issue de sa session tenue du 17 au 19 mai 2021. Ils viennent de recevoir une autorisation de mise sur le marché (AMM) d’une durée de trois ans par l’autorité tutélaire de la santé au Cameroun. Ils ont respectivement été mis au point par le Dr Euloge Yiagnigni Mfopou, cardiologue, Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, Christine Bekono et les établissements Bobbo Soudi et Frères. Dans une correspondance datée du 8 juillet 2021, Manaouda Malachie informe à chacun des responsables de ces produits qu’ils ont été retenus comme « adjuvant au traitement du Covid-19 ».
En d’autres termes, ils viennent en appui au protocole de soins basé sur l’association hydroxychloroquine-azithromycine administré aux malades de Covid-19 depuis le début de l’épidémie au Cameroun le 6 mars 2020. Dans le détail, CoroCur est une poudre sèche de Thymus vulgaris de 50gn flacon de 60ml. « Le principe actif se retrouve uniquement dans une plante. C’est ce principe actif qui est immuno-modulateur et qui est antiviral », a déclaré le Dr Yiagnigni. Pour ce dernier qui dit avoir soigné 1500 personnes, l’efficacité de son produit et sa bonne tolérance ont été démontré. « Cela veut dire que le produit marche et n’a pratiquement aucun effet indésirable », a-t-il déclaré.
Adsak Covid lui, est une variété d’Aloe vera tandis que Elixir Covid a pour principal élément le Trichilia emetica, communément appelé « Mafura ». Il s’agit d’un arbre de la savane présent dans les zones septentrionales, notamment dans les régions de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua, très prisé en pharmacopée traditionnelle, expliquait Mgr Kleda lors d’une conférence de presse à Douala en fin janvier 2021. L’archevêque avait alors affirmé avoir soigné plus de 10 000 patients grâce à ces deux solutions thérapeutiques. Elles sont d’ailleurs exportées désormais.
Palubek’s quant à lui est une poudre sèche contenu dans des sachet de 18g. C’est un antipaludéen mis au point par le naturopathe Junior Christian Bekono Meyong, qui n’aura pas malheureusement vécu pour voir l’aboutissement de ce processus d’homologation. Car, décédé en fin d’année dernière après un accident domestique à son domicile à Mbalmayo. Néanmoins, avant sa mort, le lauréat du prix de la pharmacopée traditionnelle du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (Minresi) pour la lutte contre la Covid-19 avait mis sur le marché « Immunibek’s ». Une décoction de plantes traditionnelles pouvant être administrée à titre préventif et curatif en association avec Palubek’s.
Soudicov Plus est à la fois un antibiotique, un antipaludéen et un anti-inflammatoire et peut-être pris à titre préventif et curative contre le Covid-19. Il est contenu dans un flacon de 100ml. « À base des plantes qui ont des vertus thérapeutiques, surtout dans le traitement efficace de l’angine, du paludisme, etc., j’ai expérimenté en y ajoutant d’autres plantes pour obtenir le résultat de ce que j’ai nommé Soudicov Plus », a déclaré son promoteur, Modibbo Bobbo Soudi, imam de la mosquée centrale n°2 de Douala, dans une correspondance adressée le 20 mai 2020 au ministre de la Santé publique (Minsanté). Et « Depuis la sortie de ce produit, plusieurs personnes testées auparavant positives du Covid-19 ont pris ce remède et (…) ont retrouvé leur santé, notamment à Douala, Yaoundé, Garoua, Maroua, Guider et Foumban », affirme ce dernier.
A noter que ces médicaments seront vendus dans les points de vente agréés sur « prescription médicale » en accompagnement du traitement principal, apprend-on. « Le pas amorcé avec l’homologation récente de [ces] cinq produits adjuvants est encourageant et dénote de la volonté du gouvernement de trouver des solutions locales » à la lutte contre le Covid-19, affirme Manaouda Malachie.
En rappel, dans son discours à la nation le 19 mai 2020, le président de la République Paul Biya, avait donné son onction à la pharmacopée en encourageant « tous les efforts visant à mettre au point un traitement endogène du Covid-19 ». C’est dans ce sillage que lors de la réunion hebdomadaire de suivi de la stratégie gouvernementale de riposte contre la pandémie de Covid-19 tenue le 18 mars dernier, il a été recommandé l’admission dans les formations sanitaires sous leur forme initiale des médicaments issus de la médecine traditionnelle à la demande du patient.