«Il faut qu’on arrête de penser la Santé et le Cameroun dans l’urgence des élections»

Un spécialiste de Santé publique analyse les programmes de santé des différents candidats à l’élection présidentielle.

« Les politiques anciennes n’ont jamais mis la santé au-devant des besoins des populations alors que c’est elle le premier besoin des populations. Maintenant, les soins de santé dans les investissements publics, il y a un investissement qui est dirigé vers les bâtiments qui n’ont soigné jamais personne. La lutte contre les trois grandes maladies est financée à 80% par les bailleurs de fonds. La vaccination est aussi subventionnée à un très grand pourcentage. On ne peut pas dire qu’il y a une volonté politique de prendre cette affaire de santé au plus haut niveau. La santé n’a jamais été mis à l’agenda des dirigeants du Cameroun. Être nommé ministre de la Santé au Cameroun est perçu par certains comme une affectation disciplinaire et si on veut parler des régions du Nord, tant qu’affecter un médecin à Mayo-Baleo, à Kalfou et autres ne sera pas considéré comme une affectation disciplinaire, alors on n’aura rien résolu puisque vous pouvez mettre tout l’argent mais s’il n’y a pas le personnel compétent qui est là, il y a un problème. Il faut aussi discriminer positivement ceux qui acceptent de travailler dans les conditions qui sont quand même difficile si on compare à la moyenne de la nation. Autant on fait le chèque santé, autant il faut tripler le salaire de celui qui va à Kolofata.

 …C’est l’actualité qui dirige l’esprit de ceux qui veulent nos suffrages. Mais maintenant, que dites-vous des 15 000 camerounais qui sont atteints de Cancer? Une femme qui doit donner naissance et elle décède inflige moins de souffrance à sa communauté en dehors de sa perte et de celle de son enfant que quelqu’un qui a un cancer pendant une année. Il va ruiner en une année, les finances de toute sa famille. Il va entrainer des souffrances psychologiques aux gens. Donc il faut qu’on arrête de focaliser sur les femmes enceintes. Les femmes ont des problèmes de santé parce qu’elles n’ont pas aussi de pouvoir économique et elles n’ont pas le pouvoir de décider aussi de ce qu’elles font de leur corps et c’est pour cela qu’elles sont vulnérables. Donnez-leur de l’argent et une femme va réfléchir qu’accoucher va réduire mon nombre d’années de productivité et elle va faire la planification familiale et aucun candidat n’a parlé de la politique de la population parce qu’il faut un contrôle des naissances. Parce que vous pouvez avoir la croissance mais si c’est annulé par une croissance démographique plus forte, il y a un problème. Donc le discours de Monsieur Emmanuel Macron peut choquer mais malheureusement c’est la vérité. Le Ghana veut entrer dans un contrôle de naissance plus stricte et limiter à trois enfants par femme. Il faut qu’on arrête de penser la Santé et le Cameroun dans l’urgence des élections. De tous ces candidats, il y a qu’un seul qui a la vision du Cameroun. C’est le candidat Paul Biya qui dit qu’en 2035, son pays doit être émergeant. C’est ça la vision et tout découle d’une vision. Mais un pays ne peut pas être émergeant s’il n’y a pas de système de santé performant, si la population ne vit pas, s’il y a pas une main d’œuvre pour travailler. Les autres font une liste de mesures et on ne sait pas dans qu’elle vision ça s’inscrit. Il n’y a pas de honte à dire qu’on va tous à l’émergence mais la vitesse peut changer. Ça dépend de la vitesse mais ça peut aussi dépendre du comment. Donc ils doivent d’abord se prononcer sur la vision, le Cameroun qu’ils veulent. Ils ne l’ont pas dit ».

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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