(Lurgentiste.com)- Depuis le 18 octobre dernier, l’un des protocoles de traitement contre l’hépatite virale C est désormais gratuit au Cameroun. Il s’agit notamment de celui basé sur la combinaison de Sofosbuvir/Daclatasvir, boîte de 28 comprimés de 400/60 mg, qui auparavant coûtait auparavant mille (100 000) Fcfa par mois. L’information a été rendue publique par le ministère de la Santé publique (Minsanté). Officiellement, cette décision fait suite au mois national de lutte contre les hépatites virales et vise à renforcer l’accès aux médicaments pour la prise en charge de cette catégorie d’hépatite.
Mais en réalité, elle a été prise parce « Le taux de mise sous traitement est beaucoup trop bas », confie une source proche du dossier au Minsanté. Ce taux de mise sous traitement était de 9,3% seulement au premier semestre 2023. Soit 316 malades sur les 3213 dépistés positifs. « Ce qui est très faible », déplore notre source médicale au impliquée dans le dispositif de lutte. Ce d’autant plus qu’il doit être de 100% en principe. En 2022, ce taux était de 17,1%. Soit 1055 cas sur les 6 177 déclarés positifs. L’incidence globale était de 2,2 nouveaux cas pour 10 000 habitants.
Péremption
Bien plus, « Beaucoup de médicament se périment aussi », poursuit-elle. En effet, dans le message porté adressé aux responsables des Centre de traitements agrées (CTA) et Centres de dispensation (CD) contre les hépatites virales daté du même 18 octobre, Manaouda Malachie, le ministre de la santé publique laisse transparaitre cet état de chose. Il leur indique qu’il a entrepris de rendre ce protocole gratuit « dans l’optique de faciliter l’écoulement des stocks des médicaments anti-hépatiques mis à disposition dans le cadre de la subvention du traitement antiviral ». Et l’autorité tutélaire de la santé de les encourager « à initier préférentiellement ce protocole chez les patients ».
Aux yeux d’un médecin en service au Minsanté ayant une maitrise du dossier, « Le message public est purement politique. Celui envoyés au CTA donne la vraie raison de cette gratuité ». Pour lui, il ne fait l’ombre d’aucun doute que « C’est pour écouler les stocks en voie de péremption » que la mesure dite présidentielle a été prise. Difficile d’obtenir la quantité de stock actuelle auprès de nos sources. « Mais nous devons encore affiner pour voir ceux qui ont l’habitude de se périmer en stock», fait savoir l’une d’elles. A en croire celle-ci, « ce que l’on soupçonne sur le faible taux de mise sous traitement c’est l’existence d’un réseau parallèle ».
D’où cette mesure et la multiplication des stratégies pour inciter les personnes à se mettre sous traitement. « La question c’est que se passera-t-il après écoulement du stock actuel ? Le Cameroun sera-t-il en mesure de conserver cette mesure de gratuité pour un médicament aussi cher ? ». L’on se souvient qu’en mai dernier, le risque de péremption de ces médicaments a poussé ce même département ministériel au mois de mai dernier, à prendre une décision portant réduction de 50 %, du Sofosbuvir/Ledispavir 400/90 Cp B/28, un autre protocole de traitement.
Applicabilité
Il est ainsi passé de 50 000 FCFA à 25 000 FCFA. C’était la 2e réduction des coûts en l’espace d’un an. Manaouda Malachie, le ministre de la Santé, avait justifié cette décision par le souci de « rendre plus accessibles les médicaments de prise en charge » de cette maladie or en réalité, elle visait à écouler ce stock des médicaments menacés de péremption. « Ce sont des protocoles qui coûtent chers, s’il n’y avait pas de politique de subvention ». En fait, il coûte 100 000 Fcfa par mois. Ce fait un total de 300 000 Fcfa pour les trois mois de traitement requis.
Quoi qu’il en soit, pour cette fois, « C’est l’Etat qui va supporter les coûts », indique notre source au Minsanté. Selon elle, les CTA des 10 régions du pays vont « passer des commandes auprès du Minsanté via la DLMEP et viendront récupérer leur stock après », indique notre source proche du dossier. Les personnes atteintes de cette maladie sont invitées à se rapprocher du CTA et du centres de dispensation pour la prise en charge des hépatites virales au Cameroun plus proche pour bénéficier de cette mesure.
Le personnel de santé impliqué dans la lutte contre cette maladie est invité à s’assurer que le plus grand nombre de patient bénéficie de cette mesure. Cette gratuité de la prise en charge prend effet une fois les examens préliminaires terminés. Si la personne est éligible au traitement, il est pris en charge sans aucun frais supplémentaire, précise notre source.
Au Cameroun, trois protocoles de traitement antiviral contre l’hépatite virale C d’une durée de 12 semaines sont subventionnés par l’Etat. Ce sont le Sofosbuvir/Daclatasvir, boîte de 28 comprimés de 400/60 mg ; le Sofosbuvir/Velpatasvir 400/60 et le Sofosbuvir/Ledispavir 400/90 Cp B/28. Le prix des deux derniers est respectivement de 100 000 Fcfa et 50 000 Fcfa par mois.
A noter que cette « mesure spéciale du chef de l’Etat » marque une avancée majeure dans la lutte contre cette catégorie d’hépatite C au pays. Lequel a pris l’engagement d’éliminer les hépatites virales B et C en 2030. Pour rappel, le taux de prévalence de l’hépatite C est de 1,3%.