Grève dans les hôpitaux publics. Les syndicalistes veulent bloquer les morgues
C’est l’une des décision prise à l’issue de la réunion d’évaluation tenue le 7 février dernier à Yaoundé.
Première semaine mitigée pour les grévistes des hôpitaux publics du Cameroun. Le constat fait état de ce que la grève entamée le 3 février 2020 a été timidement suivie par les personnels médico-sanitaires des établissements hospitaliers. Après deux premiers jours d’ambiance festive faite de chants et de danse au rythme des balafons (au Centre hospitalier et universitaire de Yaoundé les 4 et 5 février notamment), le service a repris. « Nous voulons une continuité du service malgré tout », justifie Sylvain Nga Onana. En fait, le service minimum était de rigueur. Quelques services, notamment les maternités, les urgences, les blocs opératoires et la réanimation, continuent néanmoins de fonctionner plus ou moins normalement.
A l’issue de la réunion d’évaluation de la première semaine de grève tenue le 7 février dernier, des recommandations ont été formulées. Ce sont entre autres, la suspension de la grève pour cette semaine du 10 au 16 février. « Réactivation le 17 si rien n’est fait », précise Sylvain Nga Onana. La grève aura ainsi désormais lieu le lundi, jeudi et vendredi avec blocus des morgues dès le jeudi. « C’est l’une des stratégies votées lors de la réunion du 7 février. Peut-être que nos solutions viendront de ces actions », fait savoir le président du Syndicat national des personnels des établissements et entreprises du secteur de la santé du Cameroun (Cap/santé), une des parties signataires du mot d’ordre de grève.
En rappel, ces personnels de santé réclament des solutions aux problèmes de pénurie de personnels dans les formations sanitaires publiques « qui entraînent un surpoids de travail pour ceux encore en activité » ; aux problèmes de quotes-parts et d’assurance maladie ; au non-respect des textes qui régissent les hôpitaux par les responsables des formations sanitaires. Des revendications toutes portées à l’attention du ministre de la Santé publique. Lequel, «Après le mot d’ordre de grève, a écrit aux présidents de syndicats pour les inviter à une concertation d’ici la première quinzaine du mois d’avril parce qu’il y a des élections », renseigne Sylvain Nga Onana.
Esquisse de solution
Une doléance à laquelle les syndicats ont opposé une fin de non-recevoir, estimant que le gouvernement fait du « Dilatoire » et a décidé de reléguer au second plan leurs préoccupations, pourtant frappées du sceau de l’urgence. Ce d’autant plus que « Ce sont des problèmes qui datent et non d’aujourd’hui. Et nous nous avons l’impression que c’est une fuite en avant », accuse le Président de Cap/Santé.
Coté ministère, des esquisses de solutions semblent pointer à l’horizon. « J’ai prévu dans le budget 2020 une enveloppe subséquente pour les maisons d’astreinte des médecins et des personnels de santé ; j’ai coupé des ordres de mission de mes collaborateurs des services centraux pour mettre dans le matériel médical parce que je me dis qu’il ne sert à rien que nous fassions des missions alors que les médecins n’ont pas de matériel pour travailler. Mon objectif c’est de me focaliser sur ce qui devrait nous permettre de mieux soigner nos compatriotes », a déclaré le ministre de la Santé publique le 29 novembre 2019 à Yaoundé.
C’était au cours de ces échanges avec les personnels de Santé à l’occasion de l’Assemblée générale de l’Ordre national des médecins du Cameroun. « En ce qui concerne les conditions de vie et de travail, j’y suis assez attaché. Les visites inopinées que je fais me permettent de voir dans quelles conditions nos collaborateurs travaillent et comment nos compatriotes sont soignés », a expliqué Manaouda Malachie.