Grand-Nord. Pourquoi la région du Nord est la plus infectée au Coronavirus

 En deux mois, elle a notifié 122 cas confirmés, 11 décès et 22 personnels de santé touchés.

Entre le 18 avril et le 18 juin 2020, la région du Nord a officiellement enregistré 122 cas confirmés de Coronavirus, 11 décès et 22 personnels de santé infectés. La cartographie des Districts de Santé en épidémie publié par le Rapport de Situation (Sitrep) Covid-19 du 19 juin du ministère de la Santé publique (Minsanté) et la dernière situation épidémiologique de la région communiquée par nos sources à la délégation régionale de la Santé publique pour le Nord (Drsp-N) révèlent que ce sont les Districts de santé de Garoua 1er, Garoua 2ème, Ngong et Pitoa qui comptent le plus grand nombre de malade. Soit 115 au total, le plus grand nombre se retrouvant dans le centre urbain de la ville de Garoua.

Les localités de Tcholliré et Rey-Bouba dans le département du Mayo-Rey, Figuil dans le département du Mayo-Louti et Lagdo dans le département de la Bénoué comptait à la date de samedi 13 juin 2020, un cas de malade chacun. Un membre du staff médical en charge de la surveillance de la pandémie dans la région confiait d’ailleurs ce jour-là  qu’un cas a aussi été enregistré à Guider. Ces statistiques font de la région du Nord, la plus infectée au virus mortel, dans le Grand-Nord.

Un nombre élevé de contaminations par rapport à l’Adamaoua (31 cas confirmés, 1 décès et 2 personnels de santé touchés) et l’Extrême-Nord (89 cas confirmés, 5 décès et 5 personnels de santé infectés) que l’on peut imputer à la « très faible application et respect des mesures barrières par la population», analyse un épidémiologiste. En effet, « Le problème ici ce ne sont pas les efforts du gouvernement ou la capacité des autorités sanitaires à pouvoir contrôler la situation. C’est surtout l’attitude des populations », indexe à son tour, notre source du staff médical.

Risque de catastrophe

En fait, « On se croirait dans un monde où tout va très bien. Les populations ne respectent pas les mesures barrières et continuent de mener leur vie au mépris des règles élémentaires qui pourraient permettre de réduire les risques de contagion », poursuit ce dernier. Déjà le 21 mai 2020, lors de la prière de clôture du Tafsir, Oumarou Abdoulaye c’était déjà indigné de voir la foule massée aux abords de la mosquée du lamidat.

Plus grave, les trois quarts ne possédaient pas masques de protection et ne respectaient pas la distanciation sociale. « Et c’était ainsi pendant tout au long du jeune. Dans nos mosquées, des gens se sont mélangés sans se soucier de quoi que ce soit », regrette ce fidèle musulman. Suffisant donc pour conclure que « Si la situation se poursuit ainsi, on court vers une catastrophe ». Un avis que partage Oumarou Abdoulaye.  « Quand vous regardez comment les gens vivent dans nos communautés ici, on craint le pire », dit-il.

Echec de la sensibilisation ?

Dans les rues de Garoua donc, le constat fait état d’une certaine insouciance et de l’incivisme des populations. Par exemple, le port du masque n’est pas systématique, tout comme les mesures d’hygiènes ne sont pas appliquées. « Depuis deux semaines, les gens ont relâché le respect des mesures. Dans les débits de boisson, ils n’en font qu’à leur tête», s’indigne une étudiante en communication de la ville.

Seulement, certains ont tôt fait d’indexer le peu d’implication des autorités administratives. «Dans les autres régions, nous avons vu les préfets et gouverneurs sur le terrain et au front. Mais ici, ce n’est pas le cas. Les chefs traditionnels et religieux jouent leur partition mais tel n’est pas le cas avec l’autorité administrative », regrette un usager. Une autre source voit en cet incivisme « un échec de la sensibilisation pour l’engagement communautaire ».

Voilà pourquoi Oumarou Abdoulaye « souhaite que le lamido instruise aux imans et leaders religieux d’entamer une véritable croisade contre le Covid-19 à Garoua ». En tout cas, « Pour l’instant, de manière très concrète, la situation est sous contrôle». Raison pour laquelle les autorités sanitaires de la région notent une régression du taux de contaminations.

 

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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