Dr Laure Menguene : « C’est un phénomène plus fréquent qu’on ne l’imagine »

Prévenir le suicide reste l’un des challenges à relever pour réduire le nombre de décès liés à cette pratique. La psychiatre donne des prescriptions à ce sujet.

Quelle est l’ampleur de la situation au Cameroun ?

Difficile de mesurer l’ampleur du suicide au Cameroun. A la Sous-Direction de la santé mentale, nous n’avons pas encore fait une étude qui nous montre l’ampleur de cette problématique. Néanmoins, ce qu’on sait, c’est qu’on a de plus en plus de morts inexpliquées et des tentatives de suicide ; des cas de suicide confirmés aussi. Ce qui nous fait penser que c’est un phénomène plus fréquent qu’on ne l’imagine.

Comment reconnaitre les signaux d’alerte ?

Les signaux sont fonction de l’âge. Chez l’enfant, c’est un enfant qui se laisse malmener, peut verbaliser son envie de suicide, automutilation, désinvestissement scolaire, retrait social, refus de s’alimenter, etc. Chez l’adolescent, on retrouve les mêmes signes et symptômes que chez l’enfant mais avec plus de troubles de comportement au-devant : agressivité, violence, consommation de drogues, conduites antisociales, les tentatives de suicides etc… Cette symptomatologie est retrouvée également chez l’adulte avec un désinvestissement socio professionnel, des conduites de départ comme donner des choses qui lui sont chères… Chez les personnes âgées, le refus de s’alimenter, de prendre ses médicaments, le verbaliser, etc…

Comment prévenir le suicide ?

C’est avant tout parler de la prévention du mal être. Le suicide est un problème de santé mentale. Il faudrait mettre l’amour au centre de notre existence : amour qui veut simplement dire bonne communication, bonne interaction, solidarité, prendre soin de soi et des autres à tous les niveaux de la société. Si chacun dans la place qu’il occupe dans la société, faisait de l’amour une priorité, il y aurait moins de suicide. La prévention veut aussi dire la prévention des problèmes et des maladies mentales, leur détection précoce dans les formations sanitaires et en communauté. Ceci suppose une bonne sensibilisation et une capacitation du personnel soignant dans la prise en charge des maladies mentales comme la dépression, le trouble bipolaire, la schizophrénie etc… La prévention du suicide c’est également accorder plus de financement à la santé mentale. Plus précisément, la promotion du bien-être et pourquoi pas un programme de lutte contre le suicide. La prévention c’est aussi savoir gérer les situations stressantes du quotidien, savoir qu’on peut avoir recours à un personnel spécialisé en santé mentale. Enfin, la prévention du suicide c’est L’ AMOUR, l’AMOUR et encore l’AMOUR au quotidien et pour tous, quelques soient nos différences, nos appartenances.

 

 

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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