Covidgate. Madeleine Tchuente tente de se défendre après le flop de la production de l’azithromycine
(Lurgentiste.com)– « Je n’ai ni reçu, ni stocké, ni géré un franc Covid ». Tels sont les propos de Madeleine Tchuente, ministre de Recherche Scientifique et de l’Innovation (Minresi), face à Jean Bruno Tagne cette semaine. Dans une interview qu’elle lui a accordée pour le compte de la webtélé Naja Tv, le Minresi se défend des accusations portées contre elle à propos du « Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus » pour l’exercice 2020. « Je n’ai même pas donné un marché Covid à quelqu’un. J’ai été très étonnée d’être à la une des journaux alors que le ministre des Finances a pris la peine de dire que le Minresi est à 0 % d’ordonnancement, ce qui veut dire en français facile que le Minresi n’a rien reçu », poursuit-elle.
Certes, le rapport d’exécution 2020 réalisé par la Chambre des Comptes de la Cour suprême montre que le Minresi n’a pas consommé le budget d’un montant de 6,1 milliards FCFA qui lui était destiné. Mais, celui rendu public en juin 2021 épingle bel et bien Madeleine Tchuente pour « faute de gestion ». C’est que, ce document révèle qu’au 31 décembre 2020, un montant total de 657 088 524 FCFA de dépenses a été exécuté au Minresi, pour la production de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine. Ceci, via l’Institut de recherches et d’études des plantes médicinales (IMPM).
Mais en lieu et place, cet argent a plutôt servi à importer de l’Inde 5 millions de comprimés d’hydroxychloroquine et 500 000 comprimés d’azithromycine. Or, Madeleine Tchuente avait proposé et obtenu du chef de l’Etat Paul le 9 avril 2020, la production sur place de ces médicaments. L’activité avait alors été budgétisée à 4 milliards de Fcfa. Pour la Chambre des comptes, ceci est une faute grave. D’abord, parce qu’il « convient de rappeler que cet achat de médicaments est contraire à la règlementation en vigueur, qui confie l’acquisition des médicaments à la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables essentiels (Cename) ».
Plus grave, les médicaments importés n’ont pas été distribués à date. Comme si ça ne suffisait pas, l’IMPM a présenté comme la fabrication du Cameroun, 5 millions de comprimés d’hydroxychloroquine et 5 millions d’Azythromycine et a procédé à leur reconditionnement dans des emballages. Et ce n’est pas tout. « Sur les 70 millions Fcfa débloqués dans le budget d’investissement de l’IMPM pour la rénovation du site devant servir à la production de ces médicaments, 17 387 629 Fcfa ont été utilisés pur des dépenses éloignées de l’objet (…) Les pièces justificatives des dépenses y relatives ont permis de relever d’une part que l’IMPM a contracté avec une entreprise non existante et donc fictive, et une entreprise inactive », relève le rapport.