Les premières doses du vaccin anti Covid-19 seront injectées dès ce mois d’avril 2021. Pour lancer cette vaccination, le pays a bénéficié d’un don de la Chine. Il s’agit de 200 mille doses du vaccin Sinopharm. Si les opérations logistiques se passent sans heurts, confie une source au ministère de la Santé publique (Minsanté), ce premier lot partira de la Chine le 10 avril et sera officiellement réceptionné au Cameroun 24 heures plus tard. D’ailleurs, à Yaoundé, trois sites ont déjà été identifiés pour les opérations de vaccination : le Palais des Sports, celui des Palais des Congrès et le Musée national.
« Nous allons également mettre sur pied des centres de vaccination pour que les vaccins soient disponibles dans les 190 districts de santé. Nous les distribuerons dans les centres de santé », précise le Dr Tchokfe Shalom Ndoula, secrétaire permanent du Groupe technique Central (GTC) du Programme Elargi de vaccination (PEV). Une logistique est d’ores et déjà mise en place pour réceptionner ces doses de vaccin jusqu’à sa distribution, informe-t-on au PEV.
Les vaccins seront stockés dans les magasins dudit Programme et des équipes sont en train d’être formées en ligne à ce propos. Le déploiement dans les différentes villes se fera de manière progressive. D’abord dans les grandes métropoles des capitales régionales (Yaoundé et Douala notamment). A noter qu’à ces vaccins chinois, pourront s’ajouter d’ici le mois de mai 2021, ceux du mécanisme Covax de l’Organisation de la Santé (OMS) dont notamment AstraZeneca (devenu Vaxzevria), et ceux issus des accords bilatéraux comme Spoutnik V.
Mais, il faut préciser qu’il y a une tension de stock sur le plan international. En effet, il est difficile d’avoir des doses de vaccins disponibles car les pays développés ont commandé d’importants stocks de vaccins pour leurs populations, au détriment des pays pauvres. Ils ont en réalité acheté 86% des doses produites à ce jour. De plus, « L’actualité sur le vaccin change tout le temps », tel que le regrette une source proche du dossier au Minsanté.
Sureté et efficacité
Quoi qu’il en soit, d’après le Groupe stratégique consultatif d’experts (SAGE) sur la vaccination de l’OMS, les vaccins Sinopharm et Sinovac ont « démontré leur sûreté et leur bonne efficacité contre le Covid-19 lorsque le malade présente des symptômes ». Sinopharm serait ainsi efficace à 79%. En tout cas, la vaccination est « La seule approche permettant de contrôler cette pandémie qui n’épargne aucun pays et détruit le contexte socio-économique des pays riches et surtout des pays à ressources limitées comme le nôtre », souligne le professeur émérite en pédiatrie Tétanye Ekoe.
Par conséquent, « Il est incontestable que face à l’hécatombe qui menace les populations la vaccination est actuellement le moyen le plus approprié pour réduire l’incidence des cas sévères et la mortalité des personnes non vaccinées surtout quand elles sont âgées, ou atteintes de comorbidités comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité ou d’autres affections favorisant la virulence du covid-19 », précise celui qui est par ailleurs doyen honoraire de la Faculté de médecine de l’Université de Yaoundé I.
Outre le Cameroun, 12 pays africains ont déjà reçu le vaccin chinois. Ce sont la Mauritanie, le Congo-Brazzaville, l’Egypte, le Gabon, la Guinée, la Guinée équatoriale, le Maroc, le Mozambique, le Niger, le Sénégal, les Seychelles et le Zimbabwe. Le Niger est celui qui en a reçu la plus grosse quantité, avec 400 000 doses.
Vaccination « ciblée, volontaire et non obligatoire »
Au Cameroun, cette vaccination se veut « ciblée, volontaire et non obligatoire ». Elle sera d’abord destinée entre autres, aux personnels de santé, personnes de plus de 50 ans avec comorbidités (HTA, affections cardiaques, diabète, insuffisance respiratoire chronique, insuffisance rénale chronique, cancers, obésité (IMC>30), drépanocytose…) ; aux personnes vulnérables, enseignants et groupes spéciaux. En rappel, selon les derniers chiffres officiels du 1er avril, le Cameroun compte déjà 57 337 cas positifs confirmés et 851 décès. Ceci, contre 53 920 cas positifs et 779 décès au 24 mars, d’après le rapport de situation du Minsanté.
Soit seulement 3 417 malades et 72 décès enregistrés en une semaine. Toujours selon les derniers chiffres officiels, le pays affiche désormais un taux de létalité de 1,4% (contre 1,5% les deux dernières semaines), celui d’occupation des lits à 13,5% (contre 14 et 16% les deux dernières semaines). « Nous avons eu moins de cas positifs ces derniers jours ; moins de personnes en détresse respiratoire qui recherchent des soins et donc, des cas sévères et des cas graves. Et nous avons eu moins de décès », confirme Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique.