Covid-19. La courbe de contaminations ralentit au Cameroun

Olive Atangana
5 Min Read

La courbe des contaminations liées au Covid-19 en hausse observée il y a quelques semaines décélère. C’est du moins ce qu’affirment les autorités sanitaires camerounaises, à l’issue du conseil de cabinet tenu hier à Yaoundé. « Nous avons eu moins de cas positifs ces derniers jours ; moins de personnes en détresse respiratoire qui recherchent des soins et donc, des cas sévères et des cas graves. Et nous avons eu moins de décès», confirme Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique.

Ce dernier en veut aussi pour preuve, le fait que le pays soit passé de 80 à 40 décès environ par semaine. « La semaine dernière nous avions 77 décès. La semaine d’après on avait 88 et cette semaine nous avons environ 40 décès », précise l’autorité tutélaire de la santé au Cameroun. Une situation due à une grande prise de conscience communautaire. « Nous notons au cours de ces derniers jours que les populations commencent à comprendre et à percevoir la nécessité d’observer les mesures barrières et de porter les masques. Cela a un impact direct sur la situation épidémiologique globalement », explique le Minsanté.

Sauf que pour un médecin de santé publique, ce n’est pas le nombre de morts qui est important mais leur identité. En effet, « Ceux qui meurent sont ceux dont on a le plus besoin. On a des médecins, des capitaines d’industrie et des hommes politiques influents qui sont morts de Covid-19. C’est énorme pour un pays comme le nôtre. Si 10 hommes politiques sont morts en 3 mois au Cameroun, 6 le sont du Covid-19. Et c’est l’élite de notre pays qui est ainsi décimée », soutient ce dernier.

Chiffres en baisse ?

Officiellement, au 31 mars, le pays comptait 57 337 cas positifs confirmés et 851 décès. Ceci, contre 53 920 cas positifs et 779 décès au 24 mars, d’après le rapport de situation du ministère de la Santé publique. Soit seulement 3 417 malades et 72 décès enregistrés une semaine. Or, entre le 18 et le 24 mars, le pays a enregistré 11 251 malades positifs et 58 décès en une semaine aussi (42 669 malades et 721 personnes décédées le 18 mars). Toujours selon les derniers chiffres officiels du 31 mars, le Cameroun affiche désormais un taux de létalité de 1,4% (contre 1,5% les deux dernières semaines), celui d’occupation des lits à 13,5% (contre 14 et 16% les deux dernières semaines).

Cependant, « Ces chiffres sont à relativiser parce que 50% des malades ne vont pas à l’hôpital. Si nous avons 50 mille cas en réalité nous en avons 100 mille », prévient un médecin en service à l’administration centrale. Par ailleurs, le pays fait face depuis plusieurs semaines à une pénurie de tests PCR et TDR, même si les officiels ont essayé de le démentir. « Il n’y a pas que les kits qui manquent. Même les consommables (réactifs de laboratoire pour faire le test et une technique avancée, plus sensible utilisée quand on veut un diagnostic précoce : Ndlr) de la PCR sont en rupture », confirme un médecin en service au Centre national des urgences de santé publique (Cousp).

Communication mesurée

De plus, le constat fait état de ce que le partage des données ne se fait plus en temps réel. Par exemple, la constance des rapports de situation (Sitrep) du Minsanté est devenues aléatoire, avec des données qui manquent dans les régions tel que cela a été le cas pour les tests de dépistage du 17 mars. « Le ministère de la santé publique a l’obligation d’être transparent. Il est difficile de croire à cette baisse au moment où en France on assiste à un regain de ces contaminations, les hôpitaux sont saturés et les écoles sont ferméess, avec une 3e vague plus meurtrière», avance ce le médecin. Perplexe.

Pour ce dernier, c’est « un message dangereux » à la veille de la fête de Paques quand on sait que c’est la plus grande fête chrétienne dans les différentes confessions religieuses et qu’elle draine un important nombre de personnes dans les célébrations qui commencent le jeudi saint (messe de la Sainte saine, célébration de la passion du Christ et veillée pascale). « Il faut être responsable » mais surtout, avoir « une communication juste et mesurée », préconise-t-il.

Share This Article
Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
Leave a comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *