Covid-19. 37 % des personnels de santé sont réticents à la vaccination au Cameroun

La révélation est contenue dans une récente étude menée par le Programme élargi de vaccination (PEV). Cette enquête du bras séculier de l’Etat en matière de vaccination, portant sur l’acceptabilité du vaccin contre le Covid-19, a été réalisée auprès d’un échantillon de 1236 personnels de santé au Cameroun. De ce document dont L’œil du Sahel a obtenu copie, il ressort que le traitement immunitaire préventif rencontre des réticences même auprès des blouses blanches. L’étude menée du 1er au 6 mars 2021 dans des formations sanitaires et des communautés des 10 régions du pays révèle que 8% des personnels de santé (médecins généralistes, médecins spécialistes, infirmiers et autres) interrogés sont indécis.

Pis, 37,6% de ces professionnels n’ont pas l’intention de prendre le vaccin anti-covid-19. En d’autres termes, ils ne sont pas favorables à la vaccination. Les villes de Douala et Yaoundé, et les régions du Centre et de l’Adamaoua concentrent le plus grand nombre des personnels sanitaires réticents au traitement vaccinal. De plus, 54,3% des personnes consultées doutent de l’efficacité de ce vaccin et de sa fiabilité. C’est d’ailleurs la principale raison avancée pour justifier ces réticences. Ils déplorent le caractère « récent » du vaccin (39,7%). Un tiers n’a pas donné de raison à ce choix. Aussi, 60% d’entre eux estiment que la vaccination ne devrait pas être obligatoire.

L’on note également une disparité régionale de l’acceptation chez les personnels de santé. Il est de 92,5% dans le Nord-Ouest et seulement 37% le sont à Douala. Toutefois, « Ceux qui se considèrent comme vulnérables à la Covid-19 sont enclins à accepter la vaccination », rapporte l’étude. 54,5% affirment vouloir se vacciner « si un vaccin efficace et de qualité était disponible ». Soit un peu plus d’un personnel de santé sur deux, précise l’enquête. Cette intention vaccinale est de 38,6% dans la tranche d’âge des 21 à 49 ans contre 41,2% chez les personnes âgées de 50 ans et plus. Le taux d’acceptation est de 63,2% chez les hommes et de 48% chez les femmes.

Au sein de la population générale où l’enquête a aussi été menée, une personne sur deux n’est pas favorable à l’introduction d’un vaccin contre le Covid-19 au Cameroun. Soit 50,7%. « De même, les personnes interrogées sont plus réfractaires à recommander le vaccin à un membre de leur famille ou une connaissance ». Les régions du Littoral (sans Douala) et l’Ouest sont les plus réfractaires à la vaccination « avec des taux d’acceptation inférieurs à 30% ».

12155 vaccinés en 3 semaines

Le Cameroun administre les vaccins Sinopharm et AstraZeneca à ses populations cible depuis le 12 avril 2021, date du lancement de sa campagne de vaccination. Au 6 mai, 39 mille 971 personnes avaient déjà été vaccinées, selon le ministre de la Santé publique. Soit, 23 mille 882 avec Sinopharm et 16 mille 089 avec AstraZeneca. Parmi ces personnes vaccinées, 12 mille 155 sont des personnels de santé. Soit 31%, d’après les chiffres du PEV. Au 04 mai 2021, 2212 blouses blanches avaient déjà été injectées à l’Extrême-Nord. Dans la région du Centre, les statistiques du 2 mai dernier étaient à 2145 personnels de santé vaccinés. Soit 23% de l’effectif total du personnel sanitaire en service dans cette région.

D’après le rapport de la situation de déploiement de la vaccination du 2 avril, le nombre de personnels de santé vaccinés était très faible dans certaines régions. Notamment dans l’Adamaoua (69), au Sud (7), à l’Est (126), au Nord (90) et à l’Extrême-Nord (284). Au sein de l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC), cette absence d’engouement des personnels de santé est jugée préoccupante. « J’ai dit aux enfants, vaccinez-vous. Il s’agit de se protéger et de protéger les patients. Nous devons donner l’exemple », plaide le Dr Guy Sandjon, président de l’ONMC.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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