Couverture santé universelle. La phase « Une » va coûter 90 milliards de F

(Lurgentiste.com)- 90 milliards de Fcfa. Tel est le montant que va coûter le déploiement de la phase « Une » de la Couverture santé universelle (CSU) au Cameroun. L’information est contenue dans le document de mise en œuvre de ce projet du ministère de la Santé publique (Minsanté), dont nous avons eu copie. D’après celui-ci, les sources de financements seront les partenaires techniques et financiers à hauteur de 48 milliards de F (soit 54%) et l’Etat du Cameroun pour 42 milliards de F (soit 46%).

Malheureusement, le document ne précise pas concrètement à quoi vont servir les 90 milliards de Fcfa. D’ores et déjà, une frange de l’opinion publique pense que l’Etat va mettre des moyens conséquents dans des programmes qui sont déjà subventionnés. « C’est inconcevable qu’autant d’argent soit une fois de plus dilapidé pour une simple extension des programmes foireux déjà existants. Que finance-t-on dans cette duperie ? Pourquoi le ministre ne communique pas de façon claire sur les activités aboutissant à un tel montant ? », critique Albert Zé, économiste de la Santé.

Pour un haut cadre en service à l’Organisation mondiale de la Santé, l’Etat va juste procéder à des doublons dans la mesure où les programmes concernés sont déjà subventionnés. « Cette gratuité dont ils parlent existe déjà. On ne peut pas enrôler des personnes qui l’ont déjà été. C’est une escroquerie et les populations doivent le savoir », critique à son tour.  Même au Minsanté, certains hauts responsables pensent que « c’est le casse du siècle ».

Face aux députés en décembre 2022, ce dernier avait indiqué que les taxes, les contributions sociales, l’apport du secteur informel et le financement innovant constitueront aussi des sources de financement de ce projet de manière globale. « Nous allons faire la CSU de nos moyens », soutient le Minsanté. Selon l’une de nos sources proches du dossier au Minsanté, cette première phase dont le lancement a eu lieu ce 12 avril dans la région de l’Est va durer « Le temps de la promulgation de la loi ».

« Paquet d’interventions »

Son objectif principal est d’augmenter l’accès et l’utilisation des services couverts à travers la levée des barrières financières et l’amélioration de la qualité des soins au Cameroun. L’Etat veut ainsi réduire le paiement direct lié à l’utilisation des services de santé couverts par les cibles d’ici 2025. Cette phase « Une » servira à tester les fonctions assurantielles, le système d’enrôlement et de gestion ; à proposer des solutions opérationnelles avant l’aboutissement de la loi sur la CSU.

La consolidation du paquet d’interventions de santé financées par l’Etat et les partenaires (VIH, TB, paludisme, maladies tropicales négligées, insuffisance rénale) n’est pas en reste. Des programmes spécifiquement dédiés à la vaccination ou aux maladies, à l’instar du paludisme chez l’enfant, l’insuffisance rénale, le VIH-sida, les hépatites, etc., vont définir le panier de base de soins pour cette phase « Une ». « Au fur et à mesure, nous pourrons étendre le panier de soins à d’autres pathologies », a déclaré Manaouda Malachie lors de la conférence annuelle des responsables des services centraux et déconcentrés du Minsanté en février dernier.

6 millions de personnes concernées

Les soins et services couverts concernés ici englobent la vaccination, la nutrition et les interventions de santé communautaire. Concrètement, sont bénéficiaires pour l’instant, les femmes enceintes dans cinq régions (Adamaoua, Extrême-Nord, Nord, Sud, Est) et leurs nouveau-nés jusqu’à 42 jours ; les enfants de moins de 5 ans souffrant du paludisme grave et simple ; les personnes souffrant de certaines pathologies comme le VIH, l’onchocercose et l’insuffisance rénale.

Les enrôlements se feront dans les 5000 formations sanitaires identifiées pour participer à cette opération. Mais aussi, dans les mairies, chefferies, structures partenaires et dans un poste mobile auprès des agents enrôleurs. Cette étape devra toucher 6 millions de personnes sur l’ensemble du territoire. « Cette assiette va aller s’élargissant au fil du temps pour au final prendre en compte toute la population », précise le Minsanté.

Toutefois, le mécanisme de financement de la CSU de manière générale n’a pas encore été défini. C’est-à-dire : Quels sont les montants de cotisations ? Quel est le niveau de plafonnement de l’utilisation des services ? Qu’en est-il du médicament? Meme l’entité qui va collecter les fonds n’est pas encore déterminé dans la mesure où l’entreprise choisie (Sucam) a été écartée de cette première phase. Rappelons qu’à travers ce projet, il est question de réduire à l’horizon 2030, le taux de paiement direct des ménages dans les dépenses totales de santé et procurer aux populations des soins de qualité à moindre coût.

Phase pilote CSU. Manaouda Malachie écarte Sucam après la mort de Mohamadou Dabo

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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