Coronavirus en Afrique. La liberté de la presse infectée

Olive Atangana
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 Reporters sans frontières (RSF) déplore une multiplication des actes d’intimidation, d’agression et de censure visant les journalistes et médias du continent qui couvrent la crise sanitaire en cours.

Les médias critiques exclus de la communication gouvernementale contre le coronavirus au Cameroun. En effet, les informations relatives au dispositif de riposte mis en place par les autorités sont désormais réservées à une poignée de médias et journalistes. Ce sont les médias à capitaux publics principalement (Crtv Radio et TV, Cameroon Tribune), Vison 4, Canal2 International et Spectrum TV.

Une situation qui n’a pas échappé à Reporter Sans frontières (RSF) qui relève que « les autorités ont exclu de la communication gouvernementale plusieurs médias privés critiques très populaires ».  En conclusion, les autorités ont décidé de limiter l’accès à une poignée de médias, « presque tous contrôlés ou proches du pouvoir ».

En effet, dans un rapport publié le 27 mars dernier, le responsable du bureau Afrique de RSF dresse un état des lieux guère reluisant des du traitement réservé aux journalistes et médias qui couvre cette crise sanitaire en cours. « Agressions, intimidations, arrestations de journalistes, censure et exclusion de médias critiques », sont autant d’abus subi par ceux-ci dans la lutte contre le Coronavirus et dressée par Arnaud Froger.

Pressions et représailles

A en croire ce dernier, la stratégie des gouvernants des pays d’Afrique est toute simple : s’en prendre aux professionnels de l’information dans l’exercice de leurs fonctions. Ce qui passe notamment par des intimidations, tentatives d’empêcher les journalistes de faire leur travail, censures et le contrôle de l’information par les autorités desdits pays.

Au Sénégal par exemple, une équipe de télévision de Touba TV a reçu plusieurs coups de matraques de la part d’un policier alors qu’elle disposait d’une autorisation préfectorale pour couvrir le confinement. Au Nigeria, plusieurs journalistes de la chaîne TVC, embarqués avec les forces de l’ordre qui procédaient à des fermetures de lieux publics, ont été malmenés et leurs téléphones dérobés par les membres d’une église de Lagos. « S’en prendre aux professionnels de l’information est sans doute l’un des pires moyens de lutter efficacement contre la propagation du virus », prévient le chef du bureau Afrique de RSF.

Les pressions policières et judiciaires ont aussi fait leur nid dans ces abus des autorités africaines. Pour avoir révélé deux cas de coronavirus à la prison d’Abidjan dans une enquête dont les conclusions ont été démenties par l’administration pénitentiaire, deux journalistes ivoiriens ont été condamnés à 5 millions de Fcfa d’amende chacun pour « diffusion de fausses nouvelles ». Au Mali et au Congo, un journaliste de L’indépendant et une équipe de la DRTV ont été brièvement arrêtés à la suite de reportages sur l’épidémie.

L’information pour une poignée de journalistes

RSF note également qu’au Nigeria et au Liberia, les autorités ont décidé de limiter l’accès à la présidence à une poignée de médias, « presque tous contrôlés ou proches du pouvoir ». Et à Madagascar, les programmes de libre antenne dans lesquels des auditeurs sont susceptibles d’intervenir et d’exprimer leur opinion sur la pandémie et sa gestion sont désormais interdits. « La liberté de la presse ne doit pas être une victime collatérale de cette épidémie mondiale », estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.

En Afrique, la quasi-totalité des 55 Etats membres de l’Union africaine sont désormais touchés par la pandémie du Coronavirus.  Malheureusement, l’étau se resserre « dangereusement » sur les journalistes du continent. Voilà pourquoi RSF demande aux autorités de ne pas se tromper de combat en garantissant la liberté de l’information, plus que jamais essentielle durant cette période. « Nous exhortons les autorités des pays concernés à ne pas se tromper de combat en garantissant aux journalistes la possibilité d’exercer librement leur métier sans crainte de représailles à l’heure où leur mission d’information auprès du public est plus que jamais essentielle ».

Car, « La stratégie qui consiste à s’attaquer à la liberté de l’information peut avoir des conséquences particulièrement graves en ce moment », conclu Arnaud Froger. Et ce dernier de rappeler aux Etas Africains que si les journalistes et médias de la Chine avaient pu effectuer librement leur travail, des milliers de vies auraient sans doute pu être épargnées et l’épidémie ne serait peut-être pas devenue une pandémie mondiale.

 

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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