(Lurgentiste.com)- 40 personnels de santé ont été affectés au Centre hospitalier régional (CHR) de Garoua le 16 novembre 2021. La décision de Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique (Minsanté) portant affectation de ces personnels détaille les 11 catégories concernées. Il s’agit précisément de : trois médecins spécialistes (un cardiologue, un gynécologue obstétricien et un radiologue), huit médecins généralistes, deux pharmaciens, deux chirurgiens-dentistes, six infirmiers spécialistes, cinq infirmiers ; trois sages-femmes ; un ingénieur des travaux bio-médicaux ; trois techniciens médicaux-sanitaires ; cinq aides-soignantes généralistes et un agent des techniques médicosanitaires. Cette liste est complétée par un administrateur de la santé publique affecté lui, dans la décision du 23 novembre.
Si l’élite de la ville dans son ensemble s’est satisfaite « de la qualité du personnel mis à la disposition de ce centre », elle souhaite par-dessus tout « qu’il soit amélioré en nombre afin de répondre aux défis qu’impose le fonctionnement de cet ouvrage », plaide le Dr Ismaïla Mohamadou, le maire de la ville. D’ailleurs, tous les acteurs du secteur de la santé autant du niveau central que des services déconcentrés s’accordent à dire que cette ressource humaine affectée au sein de cette formation sanitaire de 2e catégorie bâtie sur une superficie de 5 ha est insuffisante pour un hôpital de cette envergure.
Sempiternel déficit
« Les normes en vigueur préconisent un effectif minimum de 800 personnels pour les Centres hospitaliers régionaux, avec au moins une cinquantaine de médecins spécialistes. Seul l’hôpital Laquintinie de Douala et celui Central de Yaoundé se rapprochent de cette norme. Il leur faut du personnel en effet», reconnait une source en service à l’administration centrale du ministère de la Santé publique. Mais d’après elle, pour l’heure, le ministère n’est pas en mesure d’accéder à cette demande.
Et pour cause, « Nous n’avons pas encore assez de ressources humaines », indique-t-elle. C’est un déficit général dans le système de santé camerounais. « Un plaidoyer est fait auprès du chef de l’Etat pour un recrutement spécial des personnels. Cela peut résorber le gap de 57 mille personnels en santé dont notre système de santé a besoin. Nous sommes à plus de 40 000 dont 55% sont des personnels en situation précaire », explique notre source précitée.
Besoin de 2000 spécialistes
Le gap actuel est plus accentué au niveau des spécialistes. « Il faut former au moins 2000 médecins spécialistes chaque année pour résorber ce déficit. A l’horizon 2030, nous aurons besoin de 10 000 médecins spécialistes au bas mot », affirme-t-on au Minsanté. Et de manière générale, il faut au Cameroun 57 mille personnels en plus pour être dans les normes préconisées par l’OMS, explique notre source. Pour le cas du CHRG, d’après certains directeurs d’hôpitaux contactés, « il lui sera difficile de fonctionner sans personnels. Il lui manque pleins d’autres spécialités », soutient l’un d’eux. Selon un autre, « Pour que les CHR soient disponibles, il fallait 60 000 personnels supplémentaires que nous n’avons pas ».
Justificatif
Si le ministre de la Santé publique reconnait que le déficit est réel et qu’il faut aller « Peut-être même au-delà de 800 », Manaouda Malachie affirme que ce déficit « n’est pas une inquiétude à avoir en ce moment parce que nous sommes conscients de ce que nous devons envoyer encore du personnel au Centre hospitalier régional de Garoua ». D’après ses explications sur le plateau de l’émission « Actualités Hebdo » avec nos confrères de la Crtv télé, l’autorité tutélaire de la santé a expliqué que « La quarantaine de personnel aujourd’hui c’est simplement pour un démarrage ».
Ce d’autant plus que « Ce n’est pas pour tous les services qui sont ouvert en ce moment. Il y a un ensemble de services comme l’imagerie, le laboratoire, la morgue, la gynécologie, la néonatalogie. Voilà les services qui sont en train de travailler », poursuit le Minsanté. D’après lui, « Il ne faudrait pas commencer à mettre le maximum de personnes et ne pas avoir tout de suite d’abord les patients ». Le CHR va pouvoir être totalement opérationnel dans 6 mois, a-t-il conclu.