Cameroun. Une nouvelle vie pour les ex-sœurs siamoises

Dernière visite de contrôle avant le retour au pays natal
Laurelle Ngali et ses filles, désormais jumelles seront de retour au pays ce 21 janvier 2020.
A 19h demain 21 janvier 2020, Laurelle Ngali et ses filles fouleront à nouveau le sol camerounais. Leur pays natal. Ceci, après plus de deux mois à Lyon en France. Un retour qui marque donc le début d’une nouvelle vie pour Bissie et Eyenga mais aussi et surtout, la fin d’un long parcours médical des deux sœurs siamoises nées reliées par l’abdomen avec une partie du foie en commun. Après une hospitalisation d’un an à l’hôpital gynéco-Obstétrique et Pédiatre de Ngousso (Hgopy), elles se sont envolées pour Lyon le 31 octobre 2019. Elles devaient y subir une opération de séparation menée durant cinq heures par les experts du service de chirurgie pédiatrique de l’hôpital Femme-Mère-Enfant de Lyon. Laquelle a en effet eu lieu le 13 novembre 2019, pendant plus de cinq heures et avait mobilisé une vingtaine de personnes. C’est à l’issue de celle-ci, une réussite, que Bissie et Eyenga sont devenues jumelles. Elles se portent à présent à merveille, après une convalescence et une visite médicale de contrôle.
Laurelle Ngali et ses filles sont ainsi de retour au Cameroun dès ce 20 janvier, où une nouvelle vie les attend. « La première chose c’est qu’elles vont être réadmise dans notre service à l’hôpital gynéco-obstétrique parce que c’est de là qu’elles sont parties et on pense qu’elles doivent revenir au point de départ. Nous allons prendre en compte les éléments récents du dossier médical. Avec eux, nous allons pouvoir établir un lien pour organiser le suivi médical de ces enfants », explique le Pr Mouafo Tambo Faustin, chirurgien pédiatre à Hgopy. Sur le plan de leur suivi médical, tout semble avoir été réglé au détail près. « Le Cameroun regorge de compétences suffisantes en termes de qualité et de quantité pour pouvoir assurer ce suivi-là. On n’a pas de doute là-dessus, elles ne courent aucun risque sur le plan de leur santé», poursuit celui qui a par ailleurs opéré ces fillettes à Lyon.
Pour Bissie qui a été opérée du cœur le 6 décembre 2019 par exemple, « Nous disposons ici de la Société camerounaise de cardiologie avec un certains nombres de cardiologues qui peuvent être des éléments de référence pour pouvoir prendre en charge des problèmes qui seraient liés à la cardiopathie qui a été opérée », rassure le Pr Mouafo Tambo Faustin. Concernant Eyenga qui n’a pas de cardiopathie, « les choses sont un peu plus aisées. Nous sommes des chirurgiens pédiatriques et nous avons nos collègues qui s’occupent de la gastro-entérologie et qui pourraient éventuellement être consultés s’il y avait quelque chose. Mais on n’a pas de doute là-dessus, elles ne courent aucun risque sur le plan de leur santé », indique le chirurgien pédiatre.
Réinsertion socio-professionnelle
Laurelle Ngali est une jeune maman de 19 ans, sous-scolarisée et sans emploi. « Je pense que c’est la question qu’il va falloir envisager maintenant. Ça doit se faire avec elle. Il va falloir qu’elle nous dise ce qu’elle veut faire. Est-ce que c’est l’école qu’elle veut poursuivre, ou l’apprentissage d’un métier. Il me semble que c’est vers cette voix que nous allons nous tourner puisqu’elle a déjà des enfants et forcement il y a des charges», fait savoir le Coordonnateur général du Cycle des Etudes de spécialisation. Il reconnait ainsi qu’« Il faudra outiller la mère qui certainement a besoin de soutien parce qu’avec deux enfants si elle ne travaille pas, elle peut avoir des difficultés. Mais tout ceci n’est pas plus compliqué que ce que nous avons déjà fait. J’ai confiance aux autorités de notre pays. On ne peut pas s’investir ainsi et par la suite, laisser d’autres volets importants que vous évoquez. Certainement qu’il y a une solution ».
Pour l’instant, « Nous devons nous réjouir. Faisons la fête du retour de ces enfants dans notre pays par principe. Elles pourraient repartir en France parce que c’est un élan de solidarité qui n’a laissé personne indifférent », dixit Pr Mouafo. Avant ce retour au pays natal, Laurelle et ses filles ont passé ensemble les fêtes de fin d’année dans leur famille d’accueil, dans le Val-de-Saône.